Un député macroniste sur les taxes : «Emmanuel Macron s'est trompé en allant trop vite»
Le député LREM Patrick Vignal assure comprendre la colère des Gilets jaunes et critique l'action gouvernementale. Après l'élue Sonia Krimi, Patrick Vignal va certainement recevoir les foudres de la macronie, peu encline aux positions divergentes.
Nouvelle dissension au sein de La République en marche (LREM) : «Franchement, ces gilets jaunes, je m’en réjouis presque !» Ce cri est bel et bien l’œuvre du député LREM Patrick Vignal, interviewé dans Marianne le 29 novembre. L'élu de l'Hérault n'a pas épargné les orientations prises par Emmanuel Macron et le gouvernement sur la hausse des taxes sur les carburants et le traitement politique du conflit qui les oppose aux Gilets jaunes : «On ne doit pas traiter de vilains ceux qui roulent au diesel et ne peuvent pas se payer une voiture électrique. La société ne doit pas être bâtie sur la réciprocité des mépris : pauvres contre riches, classes moyennes contre classes populaires, centres-bourgs contre métropoles... Ce n’est pas ça, la démocratie.»
Patrick Vignal appelle ainsi Emmanuel Macron à se remettre en question. «Je pense qu’il s’est trompé en allant trop vite», dit-il avec une franchise presque étonnante quand la presse était plutôt habituée, depuis près de 18 mois, à voir des députés macronistes le doigt sur la couture du pantalon.
«Il faut que le président annonce une trêve dans la hausse des taxes sur les carburants et du prix du gaz, repoussons-la à mars», conseille-t-il d'ailleurs en affirmant que la transition écologique, «ce n’est pas possible sans transition sociale». Patrick Vignal veut aussi casser l'image qui colle à la peau de la majorité présidentielle, celle d'une élite déconnectée et présomptueuse. «L’arrogance et la suffisance, ça suffit», précise-t-il.
Une déclaration qui rappelle quelques piques de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb qui avertissait le gouvernement, en septembre par exemple : «Les provinciaux, et j'en suis, ont déjà une tendance naturelle à considérer que les Parisiens ont la grosse tête et les snobent, or des expressions comme la nouvelle grammaire de la politique ou la start-up nation, ils ne s'y reconnaissent pas…»
Estimant comprendre le mouvement des Gilets jaunes, Patrick Vignal insiste : «Ce mouvement traduit la fronde des déclassés et des oubliés, ainsi que la France de l’abstention.»
Une sortie médiatique qui risque de déplaire fortement à La République en marche, attachée à la discipline. Dernièrement, la députée LREM Sonia Krimi, pour avoir enfilé le Gilet jaune, s'était vue recadrer par le nouveau patron des députés marcheurs Gilles Le Gendre, l'incitant à quitter le groupe LREM.
Patrick Vignal, qui atteste aimer sa famille LREM, ne craint pas d'éventuelles sanctions de son parti : «S’ils veulent me virer, ils me vireront, ce n’est pas un souci.»
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