Tous des «faussaires» ? Griveaux charge l’opposition à LREM en vue des européennes
Dans une interview, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux estime que «Mélenchon, Le Pen, Wauquiez et Faure sont des faussaires de la politique». Pour La République en marche, le monde politique se réduit-il à La République en marche ?
Le nouveau monde a une drôle de vision de la démocratie. Interrogé le 25 octobre par Le Figaro, le secrétaire d'Etat et porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux s'en prend à toutes les oppositions à La République en marche (LREM).
Il juge d'abord que celles-ci ne sont pas «au rendez-vous de l'histoire». «De Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, en passant par Laurent Wauquiez et Olivier Faure, aucun n'a accepté le résultat des urnes», étaie-t-il, avant de se lâcher : «Ils veulent tous revenir au monde d'avant. Ce sont des faussaires de la politique. Des rentiers qui sont prêts à voter contre ce qu'ils ont toujours défendu. Leur problème, c'est la sincérité.»
Quelle est donc, selon lui, la première opposition à LREM ? Le porte-parole préfère mettre tout le monde dans un même sac : «Les conservateurs. Et ils sont de gauche comme de droite.»
Benjamin Griveaux n'explique toutefois pas ce qu'il entend par «conservateur». Sur le plan économique, les privatisations à tout-va de la SNCF, d'Aéroports de Paris ou de la Française des jeux, sur le modèle des politiques appliquées il y a plus d'une décennie outre-Manche, sont-elles si novatrices ? L'obsession de la réduction de la dette et des dépenses publiques, en adéquation avec le dogme austéritaire de l'Union européenne, annonce-t-elle le nouveau monde... ou rappelle-t-elle furieusement l'ancien ?
Pour les élections européennes du 26 mai 201, Benjamin Griveaux case sans surprise Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Marine Le Pen (Rassemblement national) dans un amalgame «populiste», sans non plus réellement définir ce qu'il entend par populiste. «Ces deux mouvements populistes n'ont rien à envier aux mouvements extrémistes européens», argumente-t-il. Depuis plusieurs mois, les macronistes souhaitaient en effet que la bataille aux européennes repose sur un clivage ultra-simplifié, quitte à défendre l'existence d'un gloubi-boulga où extrémistes, conservateurs et populistes deviennent synonymes. Tous partageant le point commun de critiquer la politique d'Emmanuel Macron.
Benjamin Griveaux partage néanmoins la vision de nombre d'opposants à LREM : il concède que l'élection qui approche est «la plus importante depuis que l'on élit un Parlement européen». Les européennes seront de fait un indicateur pour le pouvoir. Si le score n'est pas bon pour LREM, Benjamin Griveaux et le gouvernement accepteront-ils le verdict des urnes ?
Bastien Gouly