Prévu le 8 ou le 9 octobre, le remaniement gouvernemental s’annonce plus important que prévu. Alors qu’elle devait se limiter au remplacement du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, l’opération délicate pilotée par Edouard Philippe et Emmanuel Macron concernerait d'autres portefeuilles ministériels. La faute à un exécutif particulièrement affaibli par l’affaire Benalla et les démissions successives de plusieurs ministres.
Avant Gérard Collomb, Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, avait décidé le 28 août de quitter le navire gouvernemental, dénonçant les «lobbies dans les cercles du pouvoir». Une allusion, à la présence de Thierry Coste, dirigeant de la société Lobbying et Stratégies, lors d'une réunion sur la chasse à l'Elysée. Autre départ du gouvernement qui a particulièrement perturbé la rentrée de l’exécutif, celui du ministre des Sports Laure Flessel. L’ancienne championne olympique a quitté le gouvernement pour «raisons personnelles». Selon Mediapart, néanmoins, la démission de la ministre serait en réalité liée à des démêlés fiscaux. Une série de défections qui, de l’aveu même du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand doit contraindre l’exécutif à impulser un «nouveau souffle» … qui tarde se faire sentir.
Mais pour le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux, la prise de décision tardive de l'exécutif est amplement justifiée. «J’assume totalement ce temps long, parce que nommer un ministre de l’Intérieur, ça n’est pas une petite fonction dans l’appareil d’Etat […] Depuis le premier jour, dans ce gouvernement, on prend des gens compétents. Pas parce qu'ils ont telle étiquette politique, pas parce qu'ils vous ont soutenu à un congrès obscur il y a quinze ans, pas parce qu'au fond il serait votre inféodé», a-t-il justifié ce 7 octobre sur France Inter.
Françoise Nyssen et Muriel Penicaud sur la sellette ?
Si le remplacement de l’ex-locataire de la place Beauvau monopolise l’attention médiatique, celui de plusieurs autres ministres, dans le collimateur de la justice, serait également à l'ordre du jour. Parmi eux figure Françoise Nyssen : l’actuelle ministre de la Culture est visée depuis le 23 août dernier par une enquête judiciaire pour déterminer si les travaux d'agrandissement du siège d'Actes Sud, la maison d'édition qu’elle a dirigée, respectent le code de l'urbanisme. Dans le cadre de l’enquête, une équipe de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) était venue le 29 août dernier effectuer des «constatations» dans les locaux.
Autre personnalité du gouvernement fragilisée par une enquête judiciaire : la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Après avoir été entendue par les juges le 22 mai dans le cadre d'une enquête sur le déplacement controversé qu'elle avait organisé au profit du chef de l’Etat, alors candidat à la présidentielle, elle avait été placée sous le statut de témoin assisté. Si elle avait évité une mise en examen dans cette enquête pour «favoritisme et recel de favoritisme», l’affaire avait agité la classe politique et placé le gouvernement dans une position particulièrement inconfortable.