Avenir de Bachar el-Assad : «Pas d’alternative» à la «transition politique», pour Jean-Yves Le Drian
La France n'envisage pas la reconstruction de la Syrie sans «transition politique» – sans départ de Bachar el-Assad, faut-il visiblement comprendre. Une position déjà défendue par Paris, qui ne brille cependant pas par sa constance sur la question.
Dans une interview accordée au Monde le 21 septembre, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est une nouvelle fois exprimé sur la reconstruction de la Syrie et l'avenir politique du pays. Après s'être évertué à démontrer le rôle joué par Paris dans la résolution du conflit, le chef de la diplomatie a repris un refrain dont la musique est désormais bien connue.
Interrogé sur «le maintien d’Assad au pouvoir», le membre du gouvernement français a répondu : «Une transition politique est nécessaire. C’est l’évidence après plus de sept années de guerre en Syrie», laissant entendre qu'il envisageait un futur sans l'actuel président syrien. Une position qui n'est certes pas nouvelle – bien qu'elle ait souvent fluctué ces derniers mois – et à laquelle Paris semble vouloir s'accrocher : «Il n’y a pas d’alternative.»
Dans cette optique, Jean-Yves Le Drian espère rallier à sa position le principal allié du gouvernement syrien. «C’est aussi l’intérêt de la Russie. Elle est consciente que gagner militairement une guerre sans pouvoir ni construire la paix ni assurer la reconstruction d’un pays dévasté, cela ressemble à une défaite», a soutenu le ministre, semblant donc écarter l'idée que Bachar el-Assad puisse être un rouage essentiel dans la résolution du conflit.
En septembre 2017, à l'occasion d'une visite à Moscou, Jean-Yves Le Drian avait pourtant jugé possible d'entamer «la mise en œuvre du processus politique sans préalable». Ou pour être plus clair : «C'est-à-dire sans le préalable du départ de Bachar el-Assad.»
En tout état de cause, le chef de la diplomatie est bien conscient qu'il faudra s'entendre avec Moscou sur ce dossier. Et, pour conserver des rapports cordiaux avec la Russie, le chef de la diplomatie française l'a d'ailleurs appelé à ne pas «s'ingérer dans [les] affaires» de la France, dans son interview au Monde du 21 septembre. Une requête que Paris, pourtant, ne semble guère avoir l'intention d'appliquer vis-à-vis de Damas.