Les médias sont-ils pro-euthanasie ? Konbini interviewe une lobbyiste (sans le préciser)
Le journaliste Hugo Clément a interviewé une femme ayant choisi de mourir en 2020 bien qu'en parfaite santé. Seul souci : celle-ci est en fait... une ancienne lobbyiste pro-euthanasie bien que simplement présentée comme une citoyenne «courageuse».
Interview d'une ancienne actrice porno victime de harcèlement, rencontre avec les mouvements pour l'avortement en Irlande et en Italie, entretien avec un curé progressiste, pro-avortement et bénissant les couples homosexuels... Le journaliste Hugo Clément, spécialisé dans les sujets sociétaux dans l'air du temps, part pour le site d'actualité Konbini News en reportage un peu partout dans le monde afin d'interroger «les gens qui méritent d'être dans la lumière».
Seul souci : l'exercice journalistique vire parfois à la promotion déguisée. En la matière, la dernière production du jeune journaliste, en date du 25 août, pose particulièrement problème. C'est ce qu'a décelé Damien Le Guay, ancien membre du conseil scientifique de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs, dans une tribune publiée par le Figaro Vox.
Dans sa dernière vidéo, Hugo Clément s'entretient en effet avec une femme ayant décidé de recourir au suicide assisté, sans jamais mentionner le fait que celle-ci est en réalité une lobbyiste pro-euthanasie. Un élément qui ne serait pourtant pas superflu au vu du sujet.
«Bonjour, je m'appelle Jacqueline, j'ai 74 ans et j'ai décidé en janvier 2020 de mettre fin à mes jours», explique en effet cette personne présentée comme une citoyenne lambda. Seule particularité : elle n'est ni malade, ni malheureuse. Pourquoi avoir choisi de mourir ? «Parce qu'il faut bien choisir une date», assure-t-elle. Or, derrière cette démarche présentée comme personnelle, tout semble indiquer un acte militant...
Une opération de lobbying en faveur du suicide assisté relayée par des médias complaisants
Cette femme, à qui le succès de la vidéo d'Hugo Clément a donné une telle visibilité que plusieurs médias se sont empressés de l'interroger, est en réalité la vice-présidente de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), «le plus actif lobby militant en faveur de l'euthanasie», explique Damien Le Guay. Aucun journaliste n'a donc jugé utile de faire simple mention du passé militant de Jacqueline, dont le geste n'a donc rien d'anodin ou de purement personnel.
«Il ne s'agit donc pas d'une "nouvelle" venue de nulle part mais, bel et bien, d'une opération de lobbying en faveur du suicide assisté relayée par des médias complaisants», déplore-t-il. «L'ADMD, pour faire avancer sa cause, met en scène régulièrement des cas particuliers et les médias dominants, acquis à la cause, s'en font l'écho», ajoute-t-il encore.
Regrettant de manière plus générale que, dans le cadre du débat sur l'euthanasie, les voix s'y opposant soient bien moins audibles que celles qui promeuvent sa légalisation, Damien Le Guay estime que l'exemple de Konbini News est une illustration parmi d'autres. D'autant que la militante interrogée par Hugo Clément est loin d'être l'une des plus modérées. «Elle va même jusqu'à considérer (a-t-elle dit dans un débat avec moi) qu'il faudrait pratiquer à grande échelle l'euthanasie dans les EHPAD», écrit-il encore dans sa tribune.
De manière plus générale, ce sujet éminemment délicat requiert selon lui un débat honnête et équilibré : «Il y a là une situation qui devrait attirer l'attention du CSA tant les entorses à l'équité journalistique sont constantes, répétées, flagrantes», constate Damien Le Guay.