En étudiant l'identité de EU DisinfoLab, l'organisation à l'origine d'une étude largement relayée par les médias sur l'affaire Benalla, «Les ressorts d'un hyperactivisme sur Twitter», Olivier Berruyer, l'animateur du site Les Crises, spécialisé dans l'économie et la géopolitique, a découvert que cette officine qui se présente comme une ONG avait été financée à hauteur de 125 000 dollars par Twitter en janvier 2018. Ceci après que le réseau social a décidé d'arrêter la diffusion de publicité venant de RT et Sputnik deux mois plus tôt. Le Kremlin, par le biais de son porte-parole Dmitri Peskov, avait alors regretté que Twitter «devienne de facto victime de préjudices profonds envers les médias russes».
Mais ce n'est pas tout. On apprend également, dans l'étude de EU Disinfolab, que Twitter les a financés avec l'argent de... RT, comme l'explique Olivier Berruyer dans cet entretien accordé à RT France le 9 août. Fin juillet, l'organisation EU Disinfolab avait pointé l'activité de «réseaux russophiles» dans la portée de l'affaire Benalla sur Twitter.
Dans la rubrique FAQ à la fin de son étude, EU DisinfoLab donne elle-même cette information sur son financement, comme on peut le constater dans cette capture d'écran.
Le lien indiqué sous cette explication renvoie en effet vers un communiqué de Twitter datant du 26 octobre 2017 au moment où le réseau social prenait «la décision politique d’abandonner la publicité de tous les comptes appartenant à Russia Today (RT) et à Sputnik». Une décision que Twitter affirmait justifiée par le travail rétrospectif que ses équipes avaient effectué autour des élections américaines de 2016 et sur «la conclusion de la communauté du renseignement américain selon laquelle RT et Sputnik ont tenté de s'ingérer dans les élections au nom du gouvernement russe». Dans ce même communiqué, Twitter annonce avoir également décidé «de prendre les 1,9 millions de dollars qu'[ils] prévoy[aient] avoir gagnés grâce à la publicité mondiale de RT depuis qu’ils sont devenus annonceurs en 2011 [...] des fonds pour soutenir la recherche externe sur l'utilisation de Twitter dans l'engagement civique et les élections, y compris l'utilisation de l'automatisation malveillante et de la désinformation [...]».
Olivier Berruyer a publié un décryptage complet en deux parties ces 7 et 9 août sur le site Les Crises, dans lequel il a largement enquêté sur l'identité de EU DisinfoLab. Prétendant lutter contre la désinformation, cette organisation a publié une étude, reprise abondamment dans les médias et aussi par le gouvernement, qui prétendait dans un premier temps que près de la moitié des tweets sur l'affaire Benalla ont émané de comptes liés à la sphère «russophile». Or, le 8 août, l'organisation a finalement publié les dernières conclusions de son étude ne faisant plus état d'une quelconque influence russe.
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