Simone Veil au Panthéon : «Une décision de tous les Français», pour Emmanuel Macron
- Avec AFP
La France rend le plus grand hommage à Simone Veil en faisant entrer sa dépouille au Panthéon. Cette figure populaire du XXe siècle reposera désormais, avec son mari, au milieu des héros de l'Histoire de France.
Ce 1er juillet au matin, peu avant 10h30, les cercueils de Simone et d'Antoine Veil ont quitté le Mémorial de la Shoah, où des hommages avaient été rendus à l'ancienne déportée durant 48 heures, en direction du Panthéon, où le couple reposera désormais.
Ancienne ministre de la Santé et première présidente du Parlement européen, Simone Veil entre au Panthéon un an après son décès, le 30 juin 2017 à l'âge de 89 ans, un délai extrêmement court par rapport aux 76 «grands hommes» qui l'ont précédée dans la nécropole laïque. Les enfants de Simone Veil se sont réjouis que l'Elysée ait donné son accord pour que leur mère repose aux côtés de son époux avec lequel elle a partagé 67 ans de vie conjugale. Haut fonctionnaire, puis homme d'affaires, Antoine Veil a eu un rôle discret mais important dans la vie de sa femme, avec laquelle il formait un couple «plus que complice, fusionnel», selon leur fils aîné.
C'est intensément, tacitement, ce que toutes les Françaises et tous les Français souhaitaient
Après une Marseillaise chantée par Barbara Hendricks, les deux cercueils sont entrés au Panthéon en présence de la famille des défunts et du chef de l'Etat. Le président Emmanuel Macron, qui a prononcé un discours sur le parvis de la nécropole, a assuré : «[La décision de transférer Simone Veil au Panthéon] ne fut pas seulement la mienne, ce ne fut pas non plus celle de sa famille qui cependant y consentit, cette décision fut celle de tous les Français.»
«C'est intensément, tacitement, ce que toutes les Françaises et tous les Français souhaitaient [...] Avec Simone Veil, entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France», a encore affirmé Emmanuel Macron.
Outre les nombreux anonymes présents aux abords du Panthéon, un millier de personnalités avaient été invitées, dont les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande. «Simone Veil est d'abord pour moi l'héroïne du XXe siècle», a déclaré Nicolas Sarkozy au Journal du Dimanche (JDD). «Elle ne cédait pas sur ses valeurs. Elle pouvait tolérer des désaccords, mais elle ne supportait ni la lâcheté, ni l'hypocrisie, ni le mensonge», a-t-il ajouté.
Sur le parcours qui a conduit son cercueil du mémorial de la Shoah au Panthéon, plusieurs femmes portant des t-shirts barrés d'un «Merci Simone» étaient présentes pour rendre hommage à celle qui a lutté pour faire adopter en 1975 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), malgré l'opposition d'une grande partie de la droite.
«Figure de la République»
«L'une des raisons de cette panthéonisation rapide est que Simone Veil est une figure transgénérationelle dont les combats ont fabriqué l'époque», a déclaré l'Elysée dans un communiqué. Selon la présidence, la décision prise par le chef de l'Etat a été saluée quasi-unanimement, les Français considérant Simone Veil comme «une figure de la République» qui transcende le clivage gauche-droite.
«Il y a un certain paradoxe, sinon une ironie, à accueillir [au Panthéon] une grande combattante de l'Europe à un moment où ce qu'elle a contribué à construire vacille sous nos yeux», souligne l'Elysée, alors que les tensions sont nombreuses, notamment autour du Brexit ou de la question de l'accueil des migrants. Simone Veil a en effet été la première présidente du Parlement européen.
La cérémonie a aussi accordé une grande place au souvenir des drames vécus pendant la Seconde Guerre mondiale par cette rescapée de la Shoah, qui a perdu ses parents et son frère en déportation. Selon l'AFP, la minute de silence sera «habitée par le bruit du silence du camp» de concentration d'Auschwitz-Birkenau, un fond sonore enregistré par le réalisateur David Teboul il y a quelques jours.
Simone Veil reposera avec son époux dans le sixième caveau de la crypte aux côtés de Jean Moulin, André Malraux, René Cassin et Jean Monnet, «quatre grands personnages de notre Histoire», qui «furent comme elle des maîtres d'espérance», selon les mots d'Emmanuel Macron.