«Pour ne pas tenter les étudiants mâles de l'Unef» : Charlie Hebdo répond aux critiques après sa une
Le patron de Charlie Hebdo a répondu à la polémique sur sa une du 23 mai dans laquelle était caricaturée la responsable de l'Unef portant le foulard islamique. Riss ironise sur les positions de l'Unef qu'il juge contradictoires à ce sujet.
Après la polémique qui a suivi la parution d'une une de Charlie hebdo représentant une jeune responsable du syndicat étudiant Unef qui paraît publiquement voilée, Riss, le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, a publié une réponse pour le moins cinglante. Dans un texte au ton ironique, il invite dans un premier temps la syndicaliste et ses défenseurs à accepter les règles de la sphère publique : «A partir du moment où un citoyen s'engage dans la vie publique, en obtenant un mandat ou une responsabilité quelconque, il devient un personnage public», écrit-il dans sa tribune.
Cette semaine : inédit de @SalmanRushdie, #Israel-#Palestine : les arabes sortent-ils de l’Histoire ? La foi anti-laïque de l’@UNEF par @LaureDaussy. Félix a assisté au #RoyalWeddding dans un pub, Coco explicite les films de Luc Besson, et bien plus.https://t.co/UiY7mRTsWNpic.twitter.com/4F5gwli4r5
— Charlie Hebdo (@Charlie_Hebdo_) 23 mai 2018
Il ajoute, à propos de Maryam Pougetoux, la nouvelle présidente de l'Unef à Paris IV : «Si les règles de la sphère publique ne conviennent pas au citoyen, il lui est toujours possible de rester tranquillement chez lui, là où personne ne viendra le dessiner.»
Le patron de l'hebdomadaire satirique renvoie ensuite l'Unef aux accusations de harcèlement sexuel portées par ses adhérentes : «Pour ne pas tenter les étudiants mâles de l'Unef, c'est aux femmes elles-mêmes de se protéger d'eux en cachant des attraits auxquels ils ne pourraient pas résister». En effet, en février, le quotidien Libération avait publié les témoignages de nombreuses femmes qui se disaient victimes de harcèlement, d’agressions sexuelles et de viols de la part de dirigeants de l’Unef entre 2007 et 2015.
Toujours plus provocateur, Riss poursuit : «Le port du voile est souvent invoqué pour protéger de l'agressivité libidinale des hommes. L'Unef aurait donc trouvé la solution parfaite pour contenir les harceleurs sexuels dans ses rangs.»
La une de Charlie hebdo en question avait suscité de nombreuses réactions d'indignation virulentes sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter.
Lyncher publiquement une citoyenne française en l'illustrant tel un animal.
— 🌹 (@littlestar800) 23 mai 2018
Vous appelez ça liberté d'expression, chez nous c'est un manque de respect. Juste de la polémique, rien de plus ni de moins.
J'espère que la révolution viendra bientot pcq j'ai hate de vous envoyer tous au goulag bande de fascistes pseudo laïques. Apprenez le sense de la laïcité avant de donner des leçons.
— Malice ☭ (@minamalice) 23 mai 2018
Des politiques avaient également vertement critiqué ce dessin. Alexis Corbière, député France Insoumise de Seine-Saint-Denis, avait jugé « dégueulasse » la une de Charlie hebdo. «Moi j’accepte pas», avait-il déclaré à l'antenne de Cnews. «C’est une jeune femme de 20 ans, c’est pas tolérable, ça suffit. Arrêtez d’embêter les musulmans, franchement ce climat est détestable, je n’aime pas cette ambiance», avait-il ajouté.
Olivier Besancenot, l'ancien leader du NPA, avait critiqué le 25 mai sur RTL la caricature. Se disant «choqué», il a estimé qu'elle relevait de l'«islamophobie».
Mais cette une a également reçu des soutiens de personnalités publiques. L’adjoint au maire d’Avignon Amine El Khatmi (PS) avait qualifié la Une d'«énorme». Raphaël Enthoven quant à lui la trouvait «hilarante», tout en fustigeant les «réactions crétines, racistes et violentes» qu’elle avait selon lui provoquées.