Violences du 1er mai : un syndicat policier dénonce «des failles» et des ordres donnés tardivement
Le syndicat Unsa Police déplore que l'ordre d'intervenir ait tardé à venir alors que plus d'un millier d'individus cagoulés se livraient à des violences en marge de la manifestation parisienne du Premier mai. Il dénonce des «failles».
Alors que la manifestation parisienne du Premier Mai a été perturbée par de très nombreux militants d'extrême gauche qui ont causé des dégradations et affronté les forces de l'ordre, incitant la préfecture de police à demander aux syndicats de changer d'itinéraire, le secrétaire national du syndicat Unsa Police, David Michaux, dénonce des «failles» dans la gestion de la manifestation.
«Les consignes, pour la plupart du temps, étaient d'intervenir rapidement dès lors qu'il y aurait des mouvements. Là, le problème c'est que l'ordre n'est pas venu tout de suite. Il a fallu attendre le feu du McDonald's pour que l'on commence à avoir des consignes», déplore le syndicaliste interrogé par France Info. Des individus cagoulés ont en effet saccagé un restaurant McDonald's près du pont d'Austerlitz.
«Les "black blocs" avaient déjà annoncé depuis longtemps qu'ils voulaient entrer en confrontation avec les forces de l'ordre», explique-t-il, rappelant en outre que la stratégie de gestion des débordements ce 1er mai a été décidée par la préfecture de Paris, et non par les CRS.
«Ce que l'on tient aussi à dénoncer, c'est que le préfet de police avait annoncé qu'il y aurait des débordements. On repère des gens qui commencent à se cagouler, ils avaient tout le matériel dans leurs sacs à dos, et il n'y a pas eu de contrôle en amont, le problème est là !», ajoute David Michaux.
Partie vers 15h, la manifestation a très rapidement changé de tournure, bloquée par la présence de quelque 1 200 «black blocs» recensés par la préfecture de police, sur les 14 500 personnes venues hors cortège syndical. Côté syndicat, la police a recensé 20 000 manifestants et la CGT 55 000.
Face aux affrontements et dégradations, les forces de l'ordre ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes et au moyen de deux lanceurs d'eau. De nombreuses dégradations ont été commises sur le trajet, dont un restaurant McDonald's saccagé et plusieurs véhicules brûlés. Rassemblés autour de banderoles comme «Premiers de cordée, premiers guillotinés», les militants encagoulés criaient «Tout le monde déteste la police» ou encore, «Paris, debout, soulève-toi».
Macron condamne, Mélenchon accuse l'«extrême-droite»
Emmanuel Macron a condamné «avec une absolue fermeté les violences qui ont eu lieu aujourd'hui et qui ont dévoyé les cortèges du 1er mai», dans un message sur Twitter. «Tout sera fait pour que leurs auteurs soient identifiés et tenus responsables de leurs actes», a ajouté le président.
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a condamné «avec fermeté» ces «violences et dégradations», affirmant sur Twitter que «tout [était] mis en œuvre pour faire cesser ces graves troubles à l'ordre public».
Autre réaction politique remarquée : celle de Jean-Luc Mélenchon. Contrairement à ce qu'ont observé un très grand nombre de manifestants et de journalistes présents sur place, le leader de la France insoumise, qui n'était pas présent, a mis en cause des «bandes d'extrême droite».
Insupportables violences contre la manifestation du premier mai. Sans doute des bandes d'extrême droite. #1erMai
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 1 mai 2018
Face à l'impossibilité pour la manifestation syndicale de se dérouler comme prévu, beaucoup de participants devant reculer face aux gaz lacrymogènes, le préfet de police de Paris a invité les organisateurs (CGT, Solidaires, la FSU et des fédérations franciliennes de FO) à modifier l'itinéraire, ce qu'ils ont fait. Les premiers ont finalement atteint sans incident la place d'Italie peu avant 18h.