Contrer le Hezbollah et remettre la France en jeu : les autres objectifs de la conférence CEDRE ?

Contrer le Hezbollah et remettre la France en jeu : les autres objectifs de la conférence CEDRE ?© Eric FEFERBERG Source: AFP
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian accueille le Premier ministre libanais Saad Hariri pour la conférence CEDRE à Paris, le 6 avril
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La communauté internationale est réunie à Paris pour la conférence CEDRE. Outre un plan d'aide à l'économie libanaise, ayant entre autres buts de réduire l'influence du Hezbollah, la France compte regagner de l'influence sur ce dossier.

41 Etats et une dizaine d'organisations internationales – dont le FMI, la Banque Mondiale ou encore l'OCDE – se réunissent le 6 avril dans les locaux du ministère français des Affaires étrangères à Paris pour soutenir l'économie libanaise, dans la cadre de la «Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises» (CEDRE). Si cette conférence, qui se déroule dans un contexte diplomatique particulier, n'est pas la première, cette édition est d'ores et déjà particulière. Elle se veut d'emblée en rupture avec les précédentes : «L’idée initiale, c’est qu’il ne fallait surtout pas inscrire Cedre dans la lignée de la précédente», explique Bruno Foucher, ambassadeur de France à Beyrouth interrogé par L'Orient-Le Jour

Un plan de 11 milliards de dollars d'investissements a été validé lors de cette conférence, qui a été ouverte par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sera close par le président de la République Emmanuel Macron et se déroulera sous la présidence du Premier ministre libanais Saad Hariri et de la France. Mais les pays en présence insistent sur le fait qu'il ne s'agit pas tant d'une aide budgétaire à proprement parler que d'une stimulation au secteur privé, par ailleurs conditionnée à des réformes.

Le montant débloqué témoigne de l'importance accordée par les pays donateurs à la situation dans laquelle se trouve le Liban. Le pays vit dans la crainte d'une crise économique et financière majeure, voire d’une faillite de l’Etat, en raison d'une dette publique qui représente 150% de son produit intérieur brut (PIB). Une situation qui menace le bon fonctionnement des services publics et des infrastructures du pays.

Or, c'est précisément de cette faiblesse étatique que profite le Hezbollah pour faire prospérer son discours politique et renforcer sa très forte popularité. En outre, le mouvement chiite et pro-iranien se substitue déjà localement de manière efficace à certains services publics, là où l'Etat libanais n'est plus en mesure de les assurer efficacement. Une situation que comptent à tout prix éviter les différents acteurs de la conférence. «L'idée politique derrière, c'est que l'Etat libanais fournisse services et infrastructures à la population plutôt que d'autres», précise-t-on ainsi dans l'entourage du ministre.

550 millions d'euros d'aide accordés par la France

«La France annoncera pour sa part un effort substantiel, à la hauteur des ambitions qu'elle place dans le Liban, soit 400 millions d'euros de prêts concessionnels et 150 millions d'euros de dons» pour le financement de projets d'investissement, a déclaré Jean-Yves Le Drian à l'ouverture de la conférence.

Mais la France, alliée historique du Liban depuis le mandat français (1920-1946), y voit surtout l'opportunité de peser dans la crise qui agite le Moyen-Orient. Dès novembre, alors que Saad Hariri avait annoncé sa démission sous la pression présumée de Riyad, Emmanuel Macron l'avait invité à passer «quelques jours» à Paris, signe de la volonté française de reprendre une place de premier plan dans la région. 

En évitant soigneusement de parler d'«asile» et en relayant la version officielle saoudienne, selon laquelle Saad Hariri n'avait pas été privé de ses mouvements à Riyad, l'Elysée avait su faire montre de subtilité pour permettre à l'Arabie saoudite de ne pas perdre la face, tout en offrant une porte de sortie acceptable au Premier ministre libanais.

Preuve supplémentaire de la fine orchestration diplomatique mise en place par Paris : tandis que l'Elysée gérait directement le dossier Hariri, le Quai d'Orsay s'occupait du volet saoudien de l'affaire. Le 16 novembre, au moment même où Saad Hariri confirmait sa venue à Paris, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian le rencontrait à Riyad, avant de s'entretenir avec le roi Salmane d'Arabie saoudite.

Après cette médiation française, Saad Hariri était finalement rentré dans son pays et avait repris ses fonctions à la tête du gouvernement libanais. Un succès diplomatique qui semble donc se confirmer avec cette conférence, Riyad ayant selon l'Elysée envoyé des «signaux positifs» sur la participation de Saad Hariri. Une partie d'échec qui se joue au détriment de l'Iran, qui n'a pas été invité à Paris pour participer à cette conférence. 

Lire aussi : Le Premier ministre du Liban annule sa démission et met en garde contre «un dangereux précipice»

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