France

Philippot oppose un «patriotisme rassembleur» aux projets d'union des droites

Contrairement à un Nicolas Dupont-Aignan qui souhaite rallier, à droite, de Laurent Wauquiez à Marine Le Pen, Florian Philippot tend «fraternellement la main» à des personnalités aussi variées politiquement que Jean Lassalle ou François Asselineau.

Après avoir quitté le Front national (FN) et fondé son parti Les Patriotes, Florian Philippot n'a pas changé son fusil d'épaule et souhaite incarner un «patriotisme rassembleur» qui s'affranchit des clivages politiques droite-gauche traditionnels, comme il le laisse entendre depuis plusieurs mois.

Au-delà des mornes frontières de la droite

Invité de Dimanche en Politique sur France 3, le 1er avril, Florian Philippot a tendu «fraternellement la main» à des personnalités politiques qui lui semblent «sincères», comme le gaulliste Henri Guaino, ou encore d'anciens candidats à la présidentielle, comme le centriste Jean Lassalle et le pro-Frexit François Asselineau. L'eurodéputé souverainiste a martelé qu'il avait pour ambition de créer un mouvement qui va «au-delà des mornes frontières de la droite», et a fait un appel du pied aux militants de La France insoumise (LFI), qu'il estime «pris en otage par les ambiguïtés» du parti de Jean-Luc Mélenchon.

En dehors de la seule sphère politique, Florian Philippot a également fait part de sa volonté de voir des intellectuels rejoindre le mouvement, citant Emmanuel Todd et Michel Onfray. «On aura des points de désaccord mais il y a urgence à se rassembler pour la France», a-t-il fait valoir.

Dupont-Aignan pour une alliance de Wauquiez à Le Pen

L'alliance que l'ancien numéro deux du FN appelle de ses vœux s'inscrit en opposition frontale avec la stratégie d'union des droites que dessine un Nicolas Dupont-Aignan. En septembre dernier, le président de Debout la France (DLF), se disant effrayé par le «tête-à-tête Macron-Mélenchon», préconisait ainsi une alliance des forces «patriotes», sous un programme commun allant du président des Républicains Laurent Wauquiez à la dirigeante du Front national Marine Le Pen.

Un mois plus tard, Nicolas Dupont-Aignan a d'ailleurs contribué au lancement d'une plateforme participative, «Les amoureux de la France», visant à réunir une coalition pour permettre l'élaboration d'un programme contre la politique d'Emmanuel Macron. A ses côtés, notamment : le président du parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson.

Le leader de DLF, en outre, ne semble pas contre une présence de Florian Phillipot dans son alliance anti-Macron rêvée. Mi-mars, il déplorait ainsi : «Je suis convaincu que face à la recomposition de Macron, l'unité qu'a réussi à opérer Jean-Luc Mélenchon, le comportement chez les Patriotes et Les Républicains est suicidaire. [...] monsieur Philippot a quitté madame Le Pen. Madame Le Pen repart sur un congrès.»

Le FN se rapproche-t-il pas à pas de LR ?

Après s'être allié avec Nicolas Dupont-Aignan durant l'entre-deux-tours de la présidentielle, le FN de Marine Le Pen, de son côté, a envoyé ces derniers mois des signaux amicaux à l'égard des Républicains de Laurent Wauquiez. La présidente frontiste a ainsi récemment appelé à voter pour le candidat des Républicains lors de la législative partielle à Mayotte. Sur le ton ambigu de l'ironie, Marine Le Pen avait également déclaré, en novembre dernier : «Quand j'entends le discours de monsieur Wauquiez aujourd'hui, je me dis : "S'il est sincère, compte tenu des propos qu'il tient, il devrait aller jusqu'à proposer une alliance [au Front national].» Le président des Républicains, néanmoins, a jusqu'à présent catégoriquement rejeté toute perspective d'alliance LR-FN.

Devant ces plus ou moins vagues volontés de rapprochement des droites françaises, Florian Philippot se montre catégorique : «Je suis en désaccord fondamental avec une stratégie que je vois se dessiner [mais] ça ne va pas se faire [car] ils sont trop différents», a ainsi commenté le chef de parti souverainiste. Au-delà des différences idéologiques entre ces mouvements, le risque est selon lui de «diluer le souverainisme dans l'union des droites». Le président des Patriotes a d'ailleurs confirmé son intention de mener une liste «en faveur du Frexit» aux élections européennes de 2019.

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