«Libérez Tariq Ramadan» : une pétition de plus de 100 000 signatures en faveur de l'islamologue
La pétition d'un collectif intitulé «Free Tariq Ramadan», exigeant la «libération immédiate» du théologien accusé de viols, a recueilli plus de 100 000 signatures. D'autres voix, parmi la communauté musulmane, dénoncent ce type de soutien.
Les soutiens de l'islamologue suisse Tariq Ramadan, actuellement en détention en France, se mobilisent. Lancée il y a plusieurs semaines, une pétition exigeant «sa libération immédiate» a recueilli près de 110 000 signatures. Accusé de viols sur deux femmes et mis en examen, Tariq Ramadan serait, pour les auteurs de cette requête, victime des «forces antimusulmanes, représentées par des médias puissants, des institutions politiques et des islamophobes comme Caroline Fourest et Antoine Sfeir».
De plus, le 22 février, la page Facebook du collectif à l'origine de la pétition, intitulé «Free Tariq Ramadan», a fait savoir qu'un appel aux dons avait été lancé pour «aider à financer les frais d’avocats [de Tariq Ramadan] ainsi que la campagne» de communication de «Free Tariq Ramadan». Cette dernière est en effet bien rodée, avec notamment un site web, ou la diffusion sur internet de vidéos de soutiens à l'islamologue, comme la prise de parole à ce sujet de la femme de Tariq Ramadan, Imam, ou de l'universitaire Nabil Ennasri (réputé proche du Qatar, selon Mediapart).
En outre, une tribune publiée sur Mediapart le 22 février, signée par une cinquantaine de personnes, pour la plupart militants, comme Marwan Muhammad (ancien directeur exécutif du CCIF) ou Houria Bouteldja (porte-parole des Indigènes de la République), dénonçait une «sévérité de traitement» contre Tariq Ramadan.
Qui sont les signataires de la tribune dénonçant le «traitement judiciaire d'exception» de #Ramadan ?
— RT France (@RTenfrancais) 22 février 2018
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Dans leur ensemble, ces divers messages et prises de parole de soutien au théologien pointent du doigt un traitement de l'affaire par des médias qui chercheraient à nuire à ce dernier, ainsi que l'exercice de pressions politiques.
Parmi leurs arguments invoqués pour justifier la libération de Tariq Ramadan, figurent également l'état de santé de l'intellectuel, qui affirme souffrir de deux pathologies dont une sclérose en plaques, un état de santé qui ne serait pas compatible avec son actuelle détention. Or, une expertise médicale ordonnée par la justice, dont l'AFP a eu connaissance le 19 février, a jugé son état de santé bel et bien compatible avec son incarcération.
La parole se libère aussi contre les partisans de Tariq Ramadan
Néanmoins, des voix s'élèvent pour dénoncer cette vague de soutien envers Tariq Ramadan. Interrogé par Mediapart, le docteur en sociologie Omero Marongiu-Perria, spécialiste de l'islam, assure que la question de la détention et de la santé leur de Tariq Ramadan a donné à certains de ses soutiens «une fenêtre pour intervenir sans se positionner sur le fond du dossier, mais sur le fait que Tariq Ramadan est un homme à abattre qui ne bénéficie pas d’une procédure équitable».
De plus, dans une tribune pour Oumma.com («site d'information posant un regard musulman sur l'actualité»), il atteste que la plupart des défenseurs actuels de Tariq Ramadan sont des imams, des prédicateurs et des militants associatifs situés «pour la majeure partie dans la sphère frériste [les frères musulmans] [et] devenus, en quelques jours, des spécialistes du droit, de l’enquête à décharge, magistrats et jurés de cour d’assises, chefs de rédaction journalistique».
Enfin, Mediapart rappelle que plusieurs militantes et organisations féministes musulmanes, dont l'association Lallab, avaient pris position sur plusieurs blogs, sur lemonde.fr et Mediapart, en appelant à croire la parole des femmes et à en finir avec la «solidarité négative» qui lierait une partie des musulmans à Tariq Ramadan.
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