Emmanuel Macron confirme la création de son service national universel – qu’a-t-il en tête ?
Le président français, dans son discours de vœux aux forces armées, a confirmé son projet de service national universel, destiné aux filles et garçons de 18 à 21 ans. Il sera encadré par les armées et la gendarmerie nationale. De quoi s’agit-il ?
Au cours de ses vœux aux forces armées le 19 janvier à la base navale de Toulon, Emmanuel Macron a confirmé la mise en place d'un projet pour la jeunesse annoncé durant la campagne présidentielle : le service national universel (SNU).
Service national universel "Il sera mené à son terme, il entrera à bon port," déclare Emmanuel Macron lors de ses vœux aux armées : "Il aura un financement qui ne viendra en rien impacter la loi de programmation militaire." pic.twitter.com/OKIGjaOASD
— franceinfo (@franceinfo) 19 janvier 2018
«Je veux rassurer chacun, il sera mené à son terme, il entrera à bon port, il sera conduit par l’ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des Armées, il aura un financement ad hoc, qui ne viendra en rien impacter la loi de programmation militaire 2019-2025 qui doit être prochainement présentée», a déclaré le chef de l'Etat au parterre d'hommes en uniformes.
En quoi consiste le service national universel ?
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le service national universel a été conceptualisé pour «répondre aux menaces qui pèsent sur notre société». Il vise «à renforcer le lien entre la nation et ceux qui la protègent, «renforcer la cohésion républicaine et développer un esprit commun de défense», comme stipulé sur le site de campagne d'En Marche !. Il s’adresse aux filles et garçons de 18 à 21 ans, soit 600 000 à 800 000 jeunes et devra être encadré par les armées et la Gendarmerie nationale.
D'une durée d'un mois, il se voudra «une expérience citoyenne de la vie militaire, de la mixité sociale et de la cohésion». Il dispensera une formation militaire élémentaire et les gestes de secourisme. Il permettra de détecter les problèmes chez les jeunes, tels que l’illettrisme, et de pratiquer une remise à niveau scolaire si besoin.
Il compte offrir une expérience de la vie en collectivité, tous milieux sociaux confondus, et fortifier l’engagement citoyen.
Ce service est censé aider les jeunes à s’engager dans les métiers de l’Armée ou de la Garde nationale et à préparer leur entrée dans la vie professionnelle. Emmanuel Macron avait à l’époque chiffré le coût annuel du SNU (logement, transport, frais d'encadrement...) à environ deux ou trois milliards d'euros par an.
Un projet contesté pour ses ambitions et son coût
Les auteurs d’un rapport établi au nom de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armée du Sénat en juin 2017, Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner, se sont empressés de souligner la faiblesse du dispositif en terme d’objectifs militaires ainsi que son coût.
Dans ce document, les deux sénateurs estimaient que le SNU ne relève pas «en l'état, d'"un défi de sécurité"» et qu’il «répond davantage "à un besoin de cohésion sociale qu'à un besoin de défense"». Ils chiffraient un coût pouvant atteindre jusqu’à 30 milliards d’euros sur cinq ans, dont 12 à 17 milliards d’investissement initial en infrastructures et acquisitions foncières, et 2,5 à 3 milliards par an pour l’encadrement, nécessitant la mobilisation de 16 000 à 18 000 encadrants.
Jean-Pierre Raffarin et Daniel Reiner redoutaient en premier lieu que le budget de l'Armée n'en soit trop impacté : «Si ce projet devait être concrétisé, il ne devrait pas affecter la trajectoire financière prévue pour la défense.»
Les craintes soulevées par ce rapport ont semblé «fantaisistes» à Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées. Celle-ci avait répliqué lors d'un point de presse en octobre 2017, que le projet ne nécessitait pas de «moyens sophistiqués». «Si le coût budgétaire dépasse nos ambitions, il faudra retravailler le projet», avait-t-elle affirmé.
Jacques Chirac avait supprimé le service militaire obligatoire en 1997. Il existe déjà un dispositif appelé le service militaire volontaire (SMV) pour les jeunes de 18 à 25 ans, créé le 1er juillet 2015 par François Hollande, qui l’avait imaginé après les attentats. Le SMV prodigue une formation à la vie en collectivité au sein d’unités militaires spécifiques ainsi qu’une formation et une remise à niveau scolaire si nécessaire. Il sera certainement refondu dans le SNU.