Tariq Ramadan contre-attaque en publiant des conversations avec l'une de ses accusatrices
Accusé de viol sur deux femmes et d'abus sexuel sur des mineures, Tariq Ramadan a dévoilé des conversations avec l'une des plaignantes, postérieures aux faits dont il est accusé. Ces messages laissent deviner une relation amicale entre les deux.
Ce 15 novembre, Le Parisien révèle que le parquet de Paris a reçu un ensemble de conversations entre l'islamologue, visé par des accusations de viols et d'agressions sexuelles, et l'une des plaignantes, en l’occurrence Henda Ayari. Alors que l'écrivain assurait en octobre 2017 avoir été victime de viols en 2013 de la part de Tariq Ramadan, l'avocat de ce dernier a ressorti des échanges datés de plusieurs mois après les faits présumés.
Ainsi, sur Facebook, Henda Ayari aurait de nouveau approché le théologien. Dans ce dialogue, la féministe ne fait jamais référence à l'agression supposée. Elle débute : «Salam Tariq comment vas-tu ?», ce à quoi Tariq Ramadan lui répond : «Salam. J'espère que tu vas bien. Que me vaut l'honneur ?» Puis, Henda Ayari poursuit : «Ça fait longtemps, je voulais avoir de tes nouvelles.»
Tariq Ramadan n'a semble-t-il pas oublié un épisode houleux entre les deux : «Et pourquoi ? Insultes et menaces ont été tes derniers mots. Pourquoi revenir ?» Henda Ayari lui répond alors : «Nous sommes des êtres humains avec nos failles. J'étais dans une période difficile et instable et des personnes qui te haïssent m'ont monté la tête contre toi en te faisant passer pour un monstre pervers et sans cœur.»
Tariq Ramadan, quant à lui, semble vouloir stopper la relation : «C'est trop tard.» La fin de la conversation est peut-être celle qui portera le plus préjudice à Henda Ayari dans le futur procès : «Je te demande pas d'oublier mais juste de me pardonner [...] je n'ai pas la moindre rancœur contre toi [...] je ne souhaite plus que tu reviennes dans ma vie ni qu'on se revoit mais je veux qu'on conserve un esprit fraternel et bienveillant [...] Ne me prive pas de ta page et laisse-moi juste lire tes beaux écrits que j'ai toujours aimés tant lire pour méditer dessus.»
Une tentative de discréditation ?
Suite à la médiatisation de cette discussion, la défense d'Henda Ayari a tenu à répliquer par un communiqué.
«Personne ne peut être dupe : cette information a pour objectif de discréditer notre cliente qui, à l'époque des faits, était sous l'emprise d'un homme qui exerçait sur elle des pressions psychologiques extrêmement fortes. Des menaces de mort ont également été formulées [...]. La manipulation est le mode opératoire habituel de Monsieur Tariq Ramadan. Nous le démontrerons devant la justice et non devant les médias.»
Henda Ayari a porté plainte le 20 octobre. Puis une deuxième femme a elle aussi décidé de saisir la justice contre le prédicateur suisse. Pour ces deux affaires, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire contre Tariq Ramadan pour «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort».