Le Roundup, «cancerogène probable» : pas de précipitation à l'interdire, selon la France

Le Roundup, «cancerogène probable» : pas de précipitation à l'interdire, selon la France
Illustration : bidons de Roundup, désherbant phare du géant des produits dits «phytosanitaires» Monsanto, photo ©Mike Blake/Reuters
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La possible reconduction par l'UE de la commercialisation pour 10 ans du glyphosate embarrasse le gouvernement. Même l'écologiste Nicolas Hulot renonce à demander son interdiction et n'espère qu'une réduction à trois ans de l'autorisation.

Le 25 octobre 2017, la Commission européenne doit décider de la reconduction de l'autorisation du glyphosate, un produit chimique entrant dans la composition de produits désherbants tels que le Roundup de Monsanto. Alors que le produit est considéré comme «probablement» cancérogène et que la polémique enfle, le gouvernement d'Edouard Philippe ne parvient pas à parler d'une seule voix sur le sujet.

Le 23 octobre, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot se gardait bien de réclamer l'interdiction du glyphosate et se contentait, sans réprimer un certain embarras au micro de RTL, de limiter à trois ans le renouvellement au niveau européen du glyphosate. «[Le temps de] regarder tout ce qu'on peut trouver en termes d'alternative», promettait le médiatique écologiste, tandis que le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert s'est, lui, prononcé pour une nouvelle homologation de l'herbicide pour une durée de cinq à sept ans.

Signe encore du flottement, 54 députés de La République en marche, pourtant réputés pour leur discipline sur d'autres sujets comme la réforme du Code du travail, ont signé une tribune dans Le Monde le 22 octobre 2017 pour demander une interdiction du pesticide. «Il y a [...] urgence [...] Aujourd’hui, il est impossible de ne pas respirer ou ingérer du glyphosate. Il est partout dans notre alimentation sans même que nous le sachions», constatent les représentants de la Nation, poursuivant  : «C’est une véritable question de santé publique.» «Voter contre pour notre planète», appellent encore les députés, en résonance avec le «Make our planet great again» décoché par Emmanuel Macron à Donald Trump, lors de la sortie des Etats-Unis le 1er juin 2017 de l'Accord de Paris sur le réchauffement climatique.

L'Etat ne peut pas tout

Le danger est sans doute plus immédiat que celui du réchauffement climatique. Le glyphosate est d'ores et déjà dans les assiettes des consommateurs français et européens. Et, malgré les dénégations de Monsanto, le fabricant de ce pesticide qu'il commercialise sous la marque Roundup, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que, entre autres, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont classé le glyphosate comme «cancérogène probable».

Au nom du principe de précaution, on aurait pu s'attendre à ce que la puissance publique interdise purement et simplement un tel produit. Une contradiction que Ségolène Royal, ancienne ministre de l'Ecologie, n'a pas manqué de relever. «Si la France qui a organisé la COP21 [Accord de Paris sur le climat] est exemplaire dans le domaine environnemental [...] autoriser même pour une durée très courte [le glyphosate], c'est un très mauvais signal» a-t-elle déploré le 23 octobre sur le plateau de CNews. Et d'ajouter : «Les pollueurs chimiques vont en profiter.»

Oreille bienveillante de l'UE pour Monsanto

Signe de la puissance limitée de la puissance publique, l'embarras de Nicolas Hulot à l'antenne de RTL le 23 octobre dernier. A entendre le chantre de l'écologie, réduire de 10 à trois ans l'autorisation européenne du «probable» poison constituerait déjà une victoire.

Cette porosité entre les laboratoires pharmaceutiques, les intérêts privés, le lobbying bruxellois ou les gouvernements, par dessus la tête des citoyens, avec pour seule garantie le despotisme éclairé des dirigeants et parlementaires européens, est apparue au grand jour en septembre dernier.

Plusieurs médias européens révélaient alors qu'un rapport de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) de l'Union européenne, publié en 2015 comportait des passages entiers mot pour mot copiés dans un rapport effectué par les soins de Monsanto. Le document, cela va sans dire, concluait à la non-dangerosité du Roundup.

Le lourd passif – criminel – de Monsanto

Les scientifiques et experts de l'Efsa ignoraient, semble-t-il, que Monsanto, fondée en 1901 dans le Missouri aux Etats-Unis a, à de nombreuses reprises, mis en œuvre des moyens considérables pour dissimuler la dangerosité de ses produits, dont le tristement célèbre «agent orange», un herbicide détourné à des fins militaires lors de la guerre du Vietnam.

Dans les années 1930, rappelle Francetvinfo, Monsanto se lance sur le marché des polychlorobiphényles (PCB). Pendant plus de 40 ans, l'usine de fabrication allait déverser ses déchets directement dans un ruisseau, et donc dans la nappe phréatique. Après une épidémie de cancer parmi la population habitant à proximité de l'usine de Monsanto, un procès a lieu en 2001 et révèle des notes confidentielles attestant des pratiques quasi-criminelles de Monsanto. «En 1966, des responsables de l'entreprise avaient découvert que des poissons plongés dans ce ruisseau se retournaient sur le dos en moins de dix secondes, pissant le sang et perdant leur peau comme s'ils avaient été bouillis vivants. Ils ne l'ont dit à personne», rapportait alors The Washington Post qui couvrait le procès.

Mais les années 1930 et leurs industries chimiques paraissent bien loin. Monsanto, passé sous contrôle du géant allemand Bayer, peut sans doute compter sur la mansuétude et la compréhension de l'Union européenne. «On est pris d'assaut de tous les côtés», reconnaissait, un peu désabusé, Nicolas Hulot le 24 octobre sur RTL.

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