«Un esprit malin» : les services de renseignement voulaient recruter le terroriste Mohammed Merah
- Avec AFP
L'ex-patron du renseignement intérieur toulousain a expliqué devant la cour d'assises de Paris, où comparait le frère du djihadiste Mohammed Merah, que sa direction centrale imaginait recruter le terroriste un mois avant qu'il ne passe à l'action.
C'est après un voyage de Mohammed Merah au Pakistan, entre août et octobre 2011, que la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) avait voulu voir le jeune Toulousain pour parler de son précédent parcours en Afghanistan, selon l'ex-directeur de l'antenne du renseignement intérieur de Toulouse lors de son audition le 16 octobre au cours du procès du frère de Mohammed Merah pour complicité d'acte de terrorisme.
Mohammed Merah, fiché comme son frère Abdelkader par les services de renseignement depuis 2006, avait déjà fait l'objet d'une enquête après son arrestation par la police afghane le 22 novembre 2010 à Kandahar.
Convoqué le 14 novembre pour un «débriefing préventif», Mohammed Merah est alors interrogé par deux spécialistes parisiens. Mais rien de suspect ne ressort des deux heures trente d'entretien.
«Son caractère dangereux n'est pas paru évident. Il leur a semblé naturel et ils ont jugé que l'on pouvait s'orienter, compte-tenu de son esprit curieux et voyageur, vers un recrutement», a expliqué à l'audience le policier, précisant que le terme alors utilisé était celui «d'approche».
L'ex-policier a confié avoir été en désaccord avec cette analyse, estimant que Mohammed Merah restait troublé.
Les deux examinateurs emportent le dossier et promettent une note d'expertise, qui sera remise le 21 février 2012, un mois avant le premier assassinat de Mohammed Merah.
«Mohammed Merah a un esprit ouvert, malin»
Il y est notamment écrit : «Mohammed Merah a un esprit ouvert, malin. Il n'entretient aucune relation avec un réseau terroriste, il a un profil voyageur.» La note se conclut par une demande de vérification de la fiabilité de Merah.
Le renseignement a voulu recruter Mohamed Merah début 2012. Un mois avant qu'il ne passe à l'action https://t.co/8RckX53GRN#AFPpic.twitter.com/Ck9itZuEtQ
— Agence France-Presse (@afpfr) 16 octobre 2017
«C'est une approche de recrutement», a décrypté le témoin, ajoutant : «Mon refus a été net et catégorique et j'en ai fait part à ma hiérarchie.»
Après deux assassinats de militaires et une tentative d'assassinat à Montauban le 15 mars, du fait de Mohammed Merah, l'ex-patron du renseignement toulousain explique avoir alerté sa hiérarchie à plusieurs reprises de sa conviction qu'il s'agissait d'un acte djihadiste.
Appelé «Ben Ben» pour «Ben Laden» : le procès d'Abdelkader #Merah se poursuit
— RT France (@RTenfrancais) October 3, 2017
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Il donne les noms de 12 suspects potentiels dont celui de Mohammed Merah mais il n'est pas écouté, la piste d'un acte commis par un groupe d'extrême droite étant alors privilégiée.
Il faudra attente les quatre assassinats de l'école juive le 19 mars pour que la piste salafiste soit enfin prise au sérieux.