«Fainéants», «ceux qui ne sont rien»... du mépris de classe ?
Invité du journal télévisé de 20h le 15 octobre sur TF1, Emmanuel Macron a été interrogé sur les expressions qu'il a employées, parfois perçues comme du «mépris de classe» par ses opposants, comme l'ont rappelé les journalistes.
«Nos élites politiques ne sont plus habituées à dire les choses», a répondu Emmanuel Macron, assurant qu'il n'avait pas cherché à «humilier» les ouvriers de GM&S à qui il avait conseillé de «regarder pour [trouver] un poste» plutôt que de «foutre le bordel», en référence à un groupe de manifestants qui avait été dispersé par l'utilisation de gaz lacrymogène alors qu'ils voulaient s'entretenir avec le chef de l'Etat.
«Je continuerai à dire les choses [...] à parfois m'emporter», a ajouté le président.
Il a ensuite été invité à se justifier sur la fois où il avait déclaré : «Une gare, c'est un lieu où l'on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien.» Il a affirmé que ses propos avaient été «sortis du contexte» et qu'il décrivait à ce moment là simplement sa perception de la société. Une explication qui n'a guère convaincu les internautes.
«Le seul avenir est de travailler un peu davantage»
Evoquant la réforme du code du travail, qui a poussé des centaines de milliers de protestataires dans les rues ces dernières semaines, le président a assuré que l'on verrait les effets de sa réforme «dans un an et demi, deux ans», promettant une baisse du chômage.
Il a en outre assuré que la réforme gouvernementale n'était pas «une hyper-libéralisation où on détruit tous les droits» mais bien une manière d'amener de la «souplesse aux entreprises». «Le seul avenir est de travailler un peu davantage», a-t-il prévenu.
«J'ai le sentiment que la démocratie est respectée», a encore déclaré Emmanuel Macron, à qui les journalistes demandaient s'il estimait avoir «gagné face à la rue», en référence aux manifestations anti-loi travail qui ont récemment agité la France.
«Le peuple français a gagné parce que sa volonté est respectée», a ajouté le président, affirmant que les Français avaient voté pour son programme lors de la présidentielle remportée face à la dirigeante du Front national Marine Le Pen.
Président des riches ?
Interrogé sur le qualificatif de «président des riches», qui lui est parfois attribué, Emmanuel Macron, s'adressant aux journalistes menant l'interview a répondu : «Quand je vous regarde, je ne regarde pas des riches», avant de préciser que selon des critères objectifs, ils appartenaient pourtant à cette catégorie sociale. «Vous aussi», lui objecte alors un journaliste, forçant la réponse d'Emmanuel Macron : «Et alors ?»
«C'est ce que j'appelle les passions tristes de la France : la jalousie», a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il ne fallait pas, selon lui, jalouser «ceux qui réussissent».
Terrorisme et sécurité
Interrogé sur la remise en liberté de l'assaillant qui a tué deux jeunes filles le 1er octobre à Marseille, dans une attaque revendiquée par Daesh, Emmanuel Macron a promis que tous les étrangers en situation irrégulière commettant un délit «quel qu'il soit [seraient] expulsés». L'assaillant de Marseille était un Tunisien en situation irrégulière qui avait été libéré de sa garde à vue quelques heures avant de commettre son crime. Les révélations sur ces dysfonctionnements avaient mené au limogeage du préfet du Rhône.
Abordant ensuite la politique étrangère de la France, Emmanuel Macron a déclaré, face aux journalistes lui demandant s'il considérait Donald Trump comme «dangereux», que les Etats-Unis étaient un allié et qu'on ne pouvait pas ne pas discuter avec «le président de la première puissance [mondiale]». Il a ajouté vouloir privilégier le «multilatéralisme» pour assurer la sécurité de la France.
Sur le dossier du nucléaire iranien, il a en revanche acté sa différence de position par rapport à celle de son homologue américain, annonçant qu'il défendrait l'accord sur le nucléaire iranien et se rendrait à Téhéran le moment voulu.
Sur la nécessité de privilégier les solutions diplomatiques, il a noté : «Regardez la Corée [du nord], on a rompu toute négociation [...] on a aujourd'hui une Corée qui est sur le point d'avoir l'arme nucléaire.»
L'affaire Weinstein et le harcèlement en France
Interrogé au sujet de l'affaire Weinstein, du nom du célèbre producteur hollywoodien accusé d'agressions sexuelles, Emmanuel Macron a annoncé qu'il était favorable au retrait de la Légion d'honneur du magnat américain et qu'il avait entamé les procédures nécessaires.
En venant ensuite au sujet du harcèlement sexuel en France, il a fait savoir que la «police de sécurité du quotidien» dont il avait promis la création, aurait notamment pour priorité la lutte contre le harcèlement, particulièrement dans les transports.