France

Remise en liberté du terroriste de Marseille: le préfet du Rhône limogé après des dysfonctionnements

Gérard Collomb avait promis des «sanctions» : le préfet du Rhône est débarqué après qu'un rapport a souligné des «dysfonctionnements» ayant conduit à la remise en liberté du tueur de Marseille à la veille de l'attaque, revendiquée par Daesh.

Un rapport sur les circonstances ayant conduit à la remise en liberté de l'auteur de l'attentat du 1er octobre à Marseille, a été publié le 10 octobre. Le préfet du Rhône a été limogé à la suite de sa publication.

Ahmed Hanachi, un Tunisien de 29 ans, a tué au couteau deux jeunes femmes à la gare Saint-Charles de Marseille, avant d'être abattu. Interpellé deux jours avant pour vol dans un centre commercial de Lyon, l'intéressé avait été remis en liberté le lendemain, alors qu'il était en situation irrégulière.

Face à la polémique soulevée après cette attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait demandé un rapport à l'Inspection générale de l'administration (IGA), en plein débat sur le nouveau projet de loi antiterroriste.

Le rapport est sévère. Il met en exergue des «dysfonctionnements graves du dispositif d'éloignement» des étrangers en situation irrégulière dans la préfecture du Rhône.

En conséquence, le départ du préfet, Henri-Michel Comet, et celui de son secrétaire général, seront actés «dès demain [11 octobre]» en conseil des ministres, selon le ministre de l'Intérieur.

L'enquête administrative ne pointe certes pas de fautes individuelles dans la gestion du cas d'Ahmed Hanachi et lève les ambiguïtés sur le nombre de places disponibles au Centre de rétention administrative (CRA) de Lyon-Saint-Exupéry le 30 septembre.

Mais il relève des «erreurs de jugement» qui «s'expliquent au moins en partie par la manière défaillante dont la permanence de l'éloignement [des étrangers en situation irrégulière] et, pour partie, le suivi de la chaîne de l'éloignement, ont été organisés, responsabilité qui relève clairement du corps préfectoral».

Ces dysfonctionnements ne sont pas limités «à la seule journée du 30 septembre 2017», selon l'IGA, qui formule des recommandations largement reprises par le ministre. 

Gérard Collomb a en effet annoncé une série de mesures destinées à réformer la gestion de l'éloignement dans la préfecture du Rhône et partout en France, avec 200 places supplémentaires dans les CRA et une volonté d'utiliser en priorité les places disponibles dans ces centres pour les «étrangers en situation irrégulière qui présentent une menace pour l'ordre public».

En outre, «pour faciliter l'identification des personnes interpellées, un système biométrique relié au fichier de gestion des dossiers des étrangers (AGDREF) sera déployé dans les prochains mois».

Soupçons sur deux frères

Sur le front de l'enquête judiciaire, la police française et ses homologues européennes et tunisienne concentrent leurs soupçons sur deux frères du tueur de Marseille.

Décrit comme un ex-combattant du djihad dans la zone irako-syrienne, Anis Hanachi a été arrêté dans le nord de l'Italie à la suite d'un mandat d'arrêt international délivré par les autorités françaises, selon la police italienne le 8 octobre. Il devrait être prochainement extradé vers la France.

Un autre frère a été arrêté avec son épouse le 8 octobre en Suisse, d'après la police fédérale helvétique (Fedpol). Il s'agirait d'Anouar, le dernier de la fratrie à ne pas avoir été inquiété.

L'homme est connu des services de police étrangers pour ses liens avec la mouvance terroriste djihadiste. «En l'état, son rôle dans l'attentat de Marseille, si rôle il y a, n'est pas clair» a fait savoir Cathy Maret, directrice de la communication de Fedpol.

Il a été placé en détention en vue de son expulsion vers la Tunisie.

Un autre frère et une sœur du tueur, installés dans le nord-est de la Tunisie, ont été relâchés après avoir été arrêtés le 6 octobre et entendus par un juge du pôle antiterroriste tunisien.

Si l'EI a revendiqué le double meurtre de Marseille, les enquêteurs français n'ont pour l'heure rien trouvé qui puisse relier l'assaillant à l'organisation djihadiste. Ils auraient en revanche découvert de la propagande islamiste sur son téléphone.