Envoyé Spécial met en lumière le détournement supposé de près de 8 millions d'euros au Sénat
L'émission télévisée de France 2 Envoyé Spécial a consacré son dernier numéro à la vaste enquête en cours sur le détournement supposé de fonds au Sénat, qui aurait impliqué 117 sénateurs entre 2002 et 2014 pour un total d'environ 8 millions d'euros.
Les sénateurs de droite auraient appelé ce procédé les «chocolats du Sénat». Le 12 octobre, le magazine d'enquête de France 2 Envoyé Spécial a diffusé un reportage dans lequel plusieurs élus mis en examen dans le cadre d’une enquête pour détournement de fonds au Sénat, ont livré leur témoignage sur une vaste fraude qui aurait impliqué 117 sénateurs – dont François Fillon.
#Senatoriales2017 : Les communistes parviennent à garder un groupe parlementairehttps://t.co/CyaUjNnczSpic.twitter.com/HG44Vji5Io
— RT France (@RTenfrancais) September 24, 2017
J'ai été amené à rédiger des chèques, une dizaine de milliers de chèques, 10 000 à 12 000, ça va très vite, compte tenu des effectifs.
Entre 2002 et 2014, ces sénateurs, principalement issus de l'UMP (puis Les Républicains), auraient réussi à détourner, à leurs fins personnelles, une partie des 7 600 euros mensuels qui leur étaient alloués pour rémunérer leurs collaborateurs. Ainsi, certains élus ne dépensant pas l'intégralité de cette somme auraient récupéré une partie des fonds directement par chèque à leur nom, par l’intermédiaire d'une association nommée Union républicaine du Sénat (URS), alors qu'ils auraient dû en principe verser le surplus de cette somme aux caisses de la chambre haute du Parlement. En tout, les sénateurs auraient bénéficié de près de 8 millions d'euros en 12 ans grâce à ce procédé.
«J'ai été amené à rédiger des chèques, une dizaine de milliers de chèques, 10 000 à 12 000, ça va très vite, compte tenu des effectifs. [...] Je les rédigeais mais je ne les signais pas, je les faisais signer [au trésorier ou au président du groupe] et ensuite je les faisais expédier ou les remettais en personne», déclare Michel Talgorn, ancien chargé des comptes du groupe UMP mis en examen dans le cadre de cette affaire, dans le reportage. Certains élus l'auraient ainsi surnommé «le père Noël»...
François Fillon règle ses comptes avec Les Républicains avant de se lancer dans le privé https://t.co/tBataM1o8epic.twitter.com/qQAzpvLBqg
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Plusieurs ténors de la droite auraient bénéficié de ce système, dont l'ex-sénateur et maire actuel de Marseille Jean-Claude Gaudin (qui aurait touché jusqu'à 20 000 euros en chèques libellés à son nom certaines années), mais aussi François Fillon, lors de son passage de 18 mois au Sénat entre 2005 et 2007, où il aurait personnellement perçu 21 000 euros de cette manière.
Interrogé dans le cadre d'Envoyé Spécial, Jean-Claude Gaudin a laissé exploser son agacement devant les journalistes venus à sa rencontre, niant avec véhémence s'être livré à une quelconque pratique frauduleuse.
«Avant peut-être il y avait des habitudes, je les ai de toute manière quand j'étais président de groupe [UMP au Sénat] arrêtées», commence-t-il avant d'exploser, quand le journaliste l'interroge sur les chèques qu'il auraient perçus : «Mais qu'est-ce que vous venez me dire là ? Mais vous n'avez pas honte de me dire ça ? Mais c'est un scandale monsieur !», s'emporte-t-il alors. L'affaire risque pour autant de faire couler encore beaucoup d'encre...
"Le Sénat s’est toujours très bien comporté", Jean-Claude Gaudin, vice-président du #Sénat#EnvoyeSpecialpic.twitter.com/W2hoftioYW
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) 12 octobre 2017