Surcoût des Opex : Macron reviendrait sur sa promesse et ferait payer les armées
Alors qu'il avait clairement annoncé que le budget de la Défense n'inclurait pas les surcoûts des opérations extérieures des armées en mars dernier, Emmanuel Macron aurait finalement changé d'avis, selon La Tribune.
La préparation de la future loi de programmation militaire prend des airs de casse-tête tant les paramètres à prendre en compte sont nombreux. Entre ses promesses de campagne et les contraintes budgétaires, Emmanuel Macron aurait finalement tranché en faveur des secondes, selon La Tribune.
Le quotidien annonce en effet que le surcoût des opérations extérieures (Opex), l'un des points nodaux du budget de la Défense, serait de plus en plus pris en charge par le budget du ministère des Armées, et ce contrairement à ce qu'avait promis Emmanuel Macron. En mars dernier, celui qui allait devenir président de la République quelques mois plus tard assurait en effet que le budget de la Défense serait porté à 2% du produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2025, prenant soin de préciser qu'il s'agissait d'un montant «hors pensions et hors surcoût des Opex». La question paraissait donc clairement tranchée.
C'était peut-être sous-estimer l'épineuse question de ces surcoûts, qui vont sans cesse croissant. Evaluées à 650 millions pour 2018, à 850 millions pour 2019 et 1,1 milliard pour 2020, ces dépenses, qui ne sont pas incluses dans les prévisions budgétaires, sont générées par les interventions à l'étranger de l'armée française. Actuellement, près de 7 000 soldats sont déployés sur des théâtres extérieurs, parmi lesquels 4 000 pour la seule opération Barkhane au Sahel.
L'état-major aurait préféré partager la note
Début septembre, lors de l'université d'été de la Défense, le nouveau chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, avait assuré qu'un «complément interministériel [était] extrêmement important pour montrer que ce ne sont pas les armées qui décident de leurs engagements». Autrement dit, le général plaidait pour une plus grande prise en charge collective des surcoûts entre différents ministères, selon une logique défendue par de nombreux militaires. Ceux-ci estiment en effet que les dépenses imprévues qu'impliquent des interventions décidées par le Quai d'Orsay ne sauraient être financièrement prises en charge par le seul ministère de la Défense.
Or, selon La Tribune, c'est bien la direction opposée qu'aurait décidé d'emprunter Emmanuel Macron, en réduisant progressivement le complément payé par la solidarité interministérielle. Jusqu'ici, le président de la République autant que sa ministre des Armées, Florence Parly, ont pris soin d'entretenir l'incertitude.
La gestion du budget de la Défense a toujours été l'un des exercices les plus complexes pour les différents gouvernements qui ont cherché à faire des économies. Néanmoins, cette question qui semblait n'intéresser auparavant que la presse spécialisée, semble désormais affecter le grand public et revient régulièrement agiter le débat politique, notamment depuis la crise qui a opposé Emmanuel Macron au général Pierre de Villiers, et au terme de laquelle celui-ci a démissionné de son poste de chef d'état-major des armées avec fracas en juillet dernier.