Pourquoi le général Lecointre est-il accusé d'avoir «collaboré» avec un génocidaire rwandais ?
Dans les colonnes de l'Humanité, Jacques Morel, spécialiste de l'Afrique, a affirmé que François Lecointre avait «défend[u] les auteurs du génocide rwandais». En 1994, l'actuel chef d'état-major était en poste au Rwanda lors de l'opération Turquoise.
«De fait, le nouveau chef d’état-major [le général François Lecointre] défendait les auteurs du génocide rwandais», a accusé Jacques Morel, spécialiste de la politique française en Afrique et auteur du livre La France au coeur du génocide des Tutsi, dans un entretien accordé le 21 juillet au journal L'Humanité.
A peine nommé chef d'état-major des armées en remplacement du général Pierre de Villiers, François Lecointre pourrait d'ores et déjà faire face à une polémique de long terme : celle du rôle des militaires français lors du génocide rwandais.
Jacques Morel a étayé ses allégations en affirmant, entre autres, que François Lecointre avait «collaboré» avec Alfred Musema, le directeur d'une usine à thé qui avait rendu possible l'hébergement dans celle-ci de soldats de l'armée française, en juillet 1994.
Problème : impliqué dans le génocide des Tutsis, Alfred Musema a été condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité le 27 janvier 2000 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Or, selon Jacques Morel, une lettre rédigée par François Lecointre et adressée le 18 juillet 1994 à Alfred Musema attesterait d'une relation «cordiale» entre les deux hommes. «Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui», ajoute le spécialiste.
Selon Jacques Morel, «l’armée française est mouillée jusqu’au cou [au Rwanda]». Dans les colonnes de L'Humanité, il n'a d'ailleurs pas hésité à élargir ses accusations en mentionnant nommément l’actuel sous-chef d’état-major « opérations », Grégoire de Saint-Quentin, ainsi que le général Bruno Guibert, commandant de l’opération Barkhane au Sahel.
Au moment des massacres perpétrés par les Hutus contre les Tutsis, François Lecointre était capitaine d'infanterie de marine. Il était en charge du secteur de la commune de Gisovu dans le cadre de l'opération militaire française Turquoise, déclenchée en 1994 au Rwanda pour mettre fin aux massacres.