La «PMA pour toutes» de retour au menu du débat politique en France
- Avec AFP
Plus de quatre ans après les controverses autour du mariage homosexuel, partisans et adversaires de la «PMA pour toutes» attendent de pied ferme le nouvel exécutif sur cette mesure à l'origine de manifestations et de vifs débats.
Le 27 juin, le Comité d'éthique, saisi en 2013, s'est prononcé pour l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) – qui désigne l'ensemble des techniques médicales permettant d'avoir un enfant (fécondation in vitro, don de sperme...) – aux couples de femmes et aux femmes célibataires.
«Ça faisait presque un quinquennat», sourit Catherine Michaud, présidente de Gaylib, une association désormais liée à l'UDI. «On aura attendu longtemps, mais pour une bonne nouvelle. Maintenant, il faut se mettre au travail», dit-elle à l'AFP.
La «PMA pour toutes», revendication de longue date des associations féministes et LGBT, était une promesse du candidat François Hollande. Mais l'ancien président était revenu sur cet engagement après la controverse autour du mariage pour tous.
Fatima Benomar, la fondatrice de l'association Les effronté-e-s, espère que le gouvernement profitera de sa majorité à l'Assemblée pour tenir rapidement sa promesse. Et ce afin d'éviter, selon elle, que les «détracteurs de l'égalité» ne stigmatisent encore une fois les couples lesbiens via d'interminables débats.
La procréation médicalement assistée est aujourd'hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles ou risquant de transmettre une maladie grave à l'enfant.
En avril, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait fait savoir, dans un courrier aux associations LGBT, qu'il attendrait que le Comité d'éthique ait rendu son avis pour construire un consensus le plus large possible. Il s'était dit favorable à une loi ouvrant la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires.
Son mouvement En Marche! s'était prononcé en mai pour l'ouverture de cette pratique à toutes les femmes, via son porte-parole d'alors, Benjamin Griveaux, désormais secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie.
La Manif pour tous aux aguets
«Mais depuis qu'il est élu, ni Macron ni son gouvernement n'ont rien dit sur le sujet», regrette Joël Deumier, le président de l'association SOS homophobie. «Il faut qu'ils sortent de leur silence, qu'ils disent quel calendrier législatif est envisagé!», estime-t-il.
Le 27 juin, le secrétaire d'Etat Marlène Schiappa a évoqué l'hypothèse de faire passer la PMA dans le cadre de la loi de bioéthique, prévue, a priori, pour 2018, et souhaité un débat le plus court possible pour éviter de recrisper la société.
L'attitude de l'exécutif sera d'autant plus scrutée qu'à l'époque où il était dans l'opposition de droite, Edouard Philippe, devenu depuis Premier ministre, avait cosigné en février 2013 une tribune avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Il disait s'«opposer résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins».
Les opposants traditionnels, Manif pour tous en tête, mettent d'ores et déjà en garde l'exécutif.
«Ce serait une erreur majeure que de rouvrir ce sujet», avertit sa présidente Ludovine de la Rochère. «Emmanuel Macron s'est engagé à de multiples reprises à rassembler les Français. Or ce sujet les diviserait sensiblement, comme sous François Hollande», déclare-t-elle à l'AFP.
Les débats sur le mariage homosexuel avaient mis au jour les fractures au sein de la société sur les questions liées à la famille. Des dizaines, parfois des centaines de milliers de manifestants avaient manifesté contre la loi Taubira, finalement votée en 2013.
La Manif pour tous, qui s'est beaucoup mobilisée depuis contre la PMA, qualifiée de «détournement de la médecine piétinant les droits de l'enfant», ne réfléchit toutefois pas pour l'heure à organiser de nouvelles manifestations. «On n'en est pas là», dit Ludovine de la Rochère.
Mais l'association anti-avortement Alliance vita se dit, elle, prête à redescendre dans la rue.
La crainte d'un nouveau débat sociétal dissuadera-t-elle l'exécutif ? Affaire à suivre.