Rumeur de compte aux Bahamas : l’AFP réagit à la requête de RT sur les allégations d’En Marche!
Accusé sans preuve d’être indirectement lié à la propagation d’une rumeur attribuant un compte bancaire dans un paradis fiscal à Emmanuel Macron, RT a contacté l’AFP, qui avait relayé les allégations de l’équipe d’En Marche!.
Dans une dépêche du 4 mai reprise par plusieurs médias, l’AFP relatait les propos de l’entourage d’Emmanuel Macron, accusant des «comptes Twitter proches de Sputnik ou de Russia Today (RT)» d’avoir relayé une rumeur selon laquelle le candidat victorieux posséderait un compte bancaire aux Bahamas.
La direction de RT a contacté l’agence de presse, qui avait relayé ces propos dépourvus de fondement et jetant le discrédit sur notre média, sans les vérifier, ni souligner l’absence de preuves qui les accompagnait.
Aussi, une lettre a été adressée le 9 mai à l’AFP par la directrice de la communication de RT, Anna Belkina. Le même jour, l'agence de presse a publié une nouvelle dépêche, ne reprenant que quelques extraits de celle-ci.
RT France présente son courrier dans son intégralité.
Madame, monsieur,
Nous souhaiterions attirer votre attention sur la dépêche intitulée «La justice va enquêter sur la rumeur du "compte aux Bahamas" d'Emmanuel Macron», publiée par l’AFP le 4 mai 2017.
Cette dépêche lie de façon mensongère RT France à la propagation d’une information relative à la possession par M. Macron de comptes bancaires au sein de paradis fiscaux, en relayant des propos attribués à «l'équipe de campagne du candidat d'En Marche!». Ce qui nous semble particulièrement alarmant est cette façon insidieuse de porter l’ombre du soupçon sur nous, sans le moindre élément permettant de l’étayer.
Pour mémoire, il nous paraît opportun de rappeler ici quelle a été l’intégralité de la couverture par RT France des allégations relatives à l’existence d’un prétendu compte caché au sein de paradis fiscaux d’Emmanuel Macron.
Le 17 avril, nous avons publié un article relayant les propos de M. Macron, qui annonçait lui-même qu'une «fausse information» émanant de ses «adversaires politiques» était sur le point de voir le jour.
Durant la couverture du débat présidentiel de second tour, que ce soit pendant ou après, jamais nous n’avons relayé les accusations portées par Mme Le Pen à l’encontre de son adversaire sur l’existence de tels comptes – rétrospectivement, il nous semble que si nous avons en la matière péché, c’est par excès de prudence !
Le 4 mai, nous avons publié un article relatant le dépôt de plainte de M. Macron contre X pour «faux, usage de faux et propagation de fausse nouvelle destinée à influencer le scrutin» présidentiel, ainsi que l’ouverture d’une enquête par le parquet.
Le 5 mai, nous avons publié un article relayant les propos de Mme Le Pen, qui affirmait qu'elle ne se sentait «pas du tout visée» par la plainte du candidat pour «propagation de fausse rumeur».
Comme vous pouvez le constater, il n’y a strictement rien là qui puisse être associé à la propagation des rumeurs en question, ladite couverture se bornant exclusivement à relater l’enchaînement des faits, comme l’ont fait la plupart de nos confères à travers la presse française.
Malgré cela, l’AFP a relayé les accusations portées par l’équipe de M. Macron à notre encontre, omettant de préciser qu’aucun élément probant n’avait été avancé par ladite équipe, ce qui nous aurait semblé être le minimum requis de la pratique journalistique, au vu de la gravité des accusations ainsi relayées. Et c’est ainsi que RT France s’est retrouvé cité dans une dépêche AFP traitant de faits auxquels elle ne peut pourtant être associée de quelque façon que ce soit. Cette association, qui ne fait qu’alimenter l’hystérie ambiante autour de la théorie conspirationniste selon laquelle nous représenterions – et à travers nous, la Russie – une menace pour la démocratie française, nous semble clairement relever de la diffamation pure et simple.
De fait, en dépit des innombrables accusations dont nous avons été l’objet depuis le début de la campagne présidentielle, jamais nos contempteurs n’ont été en mesure de produire le moindre élément accréditant la thèse que RT France propageait de «fausses nouvelles». Jamais ils n’ont cité le plus petit article écrit chez nous, le moindre hyperlien, titre ou citation émanant de notre site pour étayer leurs accusations. Même les équipes de M. Macron se sont révélées incapables de citer un seul exemple de cette pratique de «propagation de fake news» qu’elles nous attribuent dans un entretien accordé à Reuters. Nous ne pouvons plus ignorer de tels propos, non corroborés autant que diffamatoires.
En reproduisant fidèlement, sans chercher à se préoccuper de leur fondement, les accusations portées à notre encontre par en Marche!, l’AFP leur donne du corps, les rend crédibles. Or l’AFP, en tant qu’agence de presse, a l’immense responsabilité d’avoir une influence directe sur des milliers d’organes de presse disséminés à travers la planète, qui reproduisent ou recyclent le contenu qu’elle produit. Quand bien même nous parviendrions à faire en sorte qu’elle corrige les erreurs commises et se mette en adéquation avec la déontologie journalistique, cela n’offrirait aucune garantie que les milliers d’articles dérivés de son contenu soient à leur tour mis à jour. Au final, nous ne pouvons que constater que ces allégations fallacieuses, qui nous portent un préjudice immense, continuent de circuler, de se propager.
En conséquence de quoi nous demandons expressément à l’AFP de corriger la dépêche susmentionnée et de produire un erratum, ainsi que de reproduire intégralement ce communiqué, sur son fil d’information comme sur son site Internet.
Anna Belkina, directrice de la communication de RT