Ambassadeur israélien à Sciences Po Rennes : un étudiant dénonce une «opération de propagande»
Un étudiant qui a interrompu l'ambassadeur israélien à l'IEP a expliqué à RT France qu'il souhaitait dénoncer «l'asymétrie du conflit israélo-palestinien» et lutter contre «l'opération de propagande» que mène l'Etat juif dans les universités.
Au lendemain des protestations contre la venue de l'ambassadeur d'Israël en France Aliza Bin-Noun sur le campus de l'Institut d'études politiques (IEP) de Rennes le 30 mars, un étudiant qui a pris part au mouvement s'est confié à RT France sur les raisons de cette action.
Préférant garder l'anonymat – il précise seulement être militant chez les jeunes communistes – il dénonce en premier lieu «l'asymétrie du conflit israélo-palestinien». «D'un côté et de l'autre, les militants n'ont pas les mêmes moyens d'action», explique t-il.
En dehors de la différence considérable de moyens financiers et militaires entre les deux parties en conflit, il met aussi en avant le lobbying utilisé par l'Etat juif pour imposer son point de vue. Il rappelle notamment qu'Aliza Bin-Noun, proche du ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, a «fait pression sur les villes pour interdire la Semaine contre l’apartheid israélien (SAI)».
#Rennes des étudiants de #sciencespo protestent contre la venue de l'ambassadrice d'Israël en France. #Palestine#Israelpic.twitter.com/73B6PZcHha
— Edouard Lamort (@EdouardLamort) 30 mars 2017
La SAI se déroule dans plus de 200 universités et villes du monde entier, avec pour objectif de sensibiliser le public sur «le projet colonial et les politiques d’apartheid israéliennes contre le peuple palestinien». En France, l'ambassadeur israélien avait écrit aux maires de neuf villes en leur demandant d’annuler les manifestations en question.
«Elle [l'ambassadrice] a imposé sa présence à l'IEP, c’est une opération stratégique de propagande», poursuit l'étudiant, rappelant au passage les nombreuses interventions dans les établissements universitaires qui sont à son programme.
«Nous réagissons avec un boycott stratégique», confie t-il, avant de glisser en guise de conclusion l'un des objectifs prioritaires du mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) : «Nous voulons l’abrogation de la circulaire qui interdit le boycott de l’Etat israélien.»
Sur le réseau social Twitter, l'ambassade israélienne s'est pour sa part insurgée contre «les pseudos défenseurs des droits de l'homme» qui veulent «empêcher l'ambassadeur d'un pays démocratique de s'exprimer».
Bds: les pseudos défenseurs des droits de l'homme tentent d empêcher l'ambassadeur d'une pays démocratique de s'exprimer... #stopbdshttps://t.co/IbbsHfuTJs
— Ambassade d'Israël (@IsraelenFrance) 30 mars 2017
De son côté, la responsable de la communication de l'IEP de Rennes a déploré que des étudiants «politisés» aient perturbé l'intervention de l'ambassadeur. «C'est dommage d'interrompre un débat, quel qu'il soit», a t-elle réagi.
Elle a par ailleurs souhaité dédramatiser la situation, notant que les contestataires avaient pu faire entendre leur voix et que l'ambassadeur avait pu terminer son intervention tout en échangeant avec les étudiants venus l'écouter.
La responsable a tenu à rappeler que l'IEP, sollicité par l'ambassadeur pour accueillir sa conférence, était «un lieu de débat», soulignant qu'elle était ouverte à recevoir le mouvement BDS s'il souhaitait venir discuter.
«La seule limite, c'est le risque de trouble à l'ordre public», a t-elle conclu.
Le 30 mars, alors qu'Aliza Bin-Noun s'exprimait dans un amphithéâtre de Science Po Rennes, des étudiants ont bruyamment fait part de leur opposition à sa venue, déclenchant notamment l'alarme incendie. Les mouvements de protestations à l'égard d'Israël se multiplient en France : le 1er avril une manifestation de soutien à la Palestine doit se tenir à Paris. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a publié un communiqué dans lequel il demande au gouvernement d'interdire le rassemblement.