Quand le président de la Licra plaisante sur les «noms pas très français» de stars soutenant Théo
En commentant sur le ton de la provocation les noms des signataires d'une tribune de soutien au jeune Théo, Alain Jakubowicz a provoqué une gêne sur le plateau d'i-Télé... ainsi que de nombreuses réactions d'indignation, sur Twitter.
Raisonnement par l'absurde, humour trivial ou simple provocation ? Le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), Alain Jakubowicz, est en tout cas parvenu à créer un certain malaise lors l'émission matinale sur i-Télé de Pascal Praud, le 15 février.
La scène démarre lorsque le journaliste fait part de ses interrogations sur le statut social des signataires d'une tribune, dans Libération, portant sur l'interpellation brutale du jeune Théo : «Les noms de ceux qui signent, parfois, agacent. C’est vrai, parce qu’on a l’impression de retrouver ce qui est parfois perçu comme des représentants de ce qu’on appelle la bobosphère», explique Pascal Praud, avant de livrer les noms des «bobos» en question – Omar Sy, Yannick Noah, Eric Cantonna... «C'est une famille, une famille de pensée», poursuit le journaliste, avant que ne l'interrompe Alain Jakubowicz : «C'est [sic] des noms pas très français». «Boh, arrêtez, c'est pas du tout...», bafouille alors l'animateur de l'émission télévisée, ne sachant visiblement pas comment recevoir la déclaration de son invité.
Bonjour, voici la une de ce mercredi https://t.co/zhowTA6HE9pic.twitter.com/uthDDUopdq
— Libération (@libe) 15 février 2017
«Y'a pas de raison qu'il n'y ait que vous qui ayez le droit de provoquer sur ce plateau !», réplique le président de la Licra avec amusement, alors qu'à sa gauche, la militante Rokhaya Diallo arbore un sourire crispé. Pascal Praud tente alors de reprendre son énumération des signataires de la tribune de Libé, mais Alain Jakubowicz en rajoute une couche : «C'est ce que je dis, des prénoms pas très français !».
«Est-ce qu’il faut être une personne de couleur et vivre en banlieue pour s’émouvoir de tels faits [l'interpellation brutale de Théo] ? C’est le problème central», déclare quelques minutes plus tard le dirigeant de l'association antiraciste, dans le souci de dissiper tout malentendu sur sa «provocation». Une explication qui n'a pas empêché un certain nombre d'internautes de s'indigner des propos d'Alain Jakubowicz sur les «prénoms pas très français».
C'est quoi un nom très français M Jakubowicz? L'humour oui mais avec du bon sens. Ce genre de réflexion a engendré des drames #anneestrentehttps://t.co/wqvy6p051B
— SKAT (@gecko120sk) 18 février 2017
C'est très grave...si on entre dans son jeu,son nom de famille qui est "Jakubowicz" n'est pas très Français non plus https://t.co/8TLcCy9mdC
— Marco (@Mlotaut) 17 février 2017
De même, le rappeur Youssoupha a sobrement exprimé sur Twitter sa consternation devant les déclarations du responsable associatif.
Donc on en est là... pic.twitter.com/J1Dz6YaabJ
— Youssoupha (@youssouphamusik) 16 février 2017
Contacté par L'Express, le 17 février, l'intéressé a souhaité clarifier les choses : «On le voit à l'image que je me marre ! Rokhaya Diallo, qui est assise à côté de moi, se marrait aussi. Tout y est, pour montrer que c'est de l'autodérision, ou en tout cas de l'humour, qu'il soit bon ou mauvais», a-t-il expliqué.
Dans la tribune à la source de la polémique, publiée le 15 février dans Libération, un ensemble de personnalités du monde des arts et de la politique affirmaient refuser «que les habitants des quartiers populaires qui sont quotidiennement frappés par la violence économique et la violence raciste soient également abandonnés à l’insécurité». Cet engagement faisait suite à la brutale interpellation de Théo, un habitant d'Aulnay-sous-Bois, le 2 février. Gravement blessé au niveau du rectum, le jeune homme affirme avoir été violé par l'un des policiers ayant procédé à son arrestation.