Fillon, Macron, Le Pen... Présidentielle 2017, le festival des «affaires» ? (IMAGES)
Le millésime 2017 de la présidentielle serait-il riche en affaires de détournement de fonds publics ? La campagne est à peine entamée et déjà, le candidat de la droite, mais aussi les leaders du FN et d'En Marche, font l'objet d'accusations...
Fillon et les «boules puantes»
C'est l'affaire du moment : le Canard enchaîné a jeté une ombre sur la campagne de François Fillon, en accusant son épouse Penelope, le 25 janvier, d'avoir bénéficié d'un emploi fictif d'assistante parlementaire durant huit ans. Ce qui lui aurait rapporté au total, selon un nouveau bilan... 800 000 euros brut.
En plus de quoi, Penelope Fillon aurait touché quelque 100 000 euros brut de la Revue des deux mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière – un ami de François Fillon. Problème : le directeur de la revue affirme ne l'avoir jamais vue !
Des «boules puantes», ont aussitôt rétorqué le champion de la droite et ses proches.
Hélas pour l'ancien Premier ministre, les ennuis se sont pas arrêtés en si bon chemin : les 28 et 29 janvier, Médiapart et le Journal du Dimanche ont déterré une «vieille affaire». Alors qu'il était sénateur, entre 2005 et 2007, François Fillon aurait perçu entre 21 000 et 25 000 euros... qui étaient censés revenir à des assistants parlementaires.
Dans son édition du 1er janvier, enfin, Le Canard enchaîné a assuré que deux des enfants du couple Fillon avaient bénéficié de salaires disproportionnés, en travaillant comme assistants parlementaires de leur père, au Sénat.
De quoi entacher – si tout cela était avéré – l'image de «chevalier blanc» de François Fillon.
Macron, en campagne... alors qu'il était ministre ?
Ces temps-ci, tout semble sourire à Emmanuel Macron : à sa droite, le champion des Républicains François Fillon est empêtré dans l'affaire d'emploi fictif supposé de sa femme Penelope ; à sa gauche, la victoire de Benoît Hamon à la primaire organisée par le Parti socialiste (PS) laisse un espace vacant au centre-gauche...
A un petit détail près : le leader d'«En Marche !» est accusé d'avoir consommé de manière inappropriée des fonds publics.
Dans un ouvrage paru mercredi 25 janvier – Dans l'enfer de Bercy – les journalistes Frédéric Says et Marion L'hour accusent l'ex-ministre de l'Economie d'avoir dépensé, entre janvier et août (date de sa démission), 80% du budget de frais de représentation de son ministère pour toute l'année 2016... Soit, tout de même, 120 000 euros en huit mois.
De là à imaginer que l'ancien banquier de Rotschild aurait employé ces sommes publiques pour préparer sa campagne présidentielle, il n'y a qu'un pas... qu'ont allègement franchi plusieurs députés de l'opposition, dont le chef de file de l'UDI à l'Assemblée nationale, Philippe Vigier. «Nous voulons savoir à quoi ont servi ces 120 000 euros, surtout de la part de ce donneur de leçon», a lancé le centriste en colère.
«Aucun centime du budget du ministère de l'Economie n'a jamais été utilisé pour En marche !», a répliqué avec vigueur le candidat à l'élection présidentielle.
Il est en tout cas certain que l'image de «fraîcheur» et d'intégrité, sur laquelle Emmanuel Macron a en partie fondé sa popularité, survivrait difficilement à un tel scandale...
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Emplois FN fictifs au Parlement européen ? Marine s'énerve
Spécialiste des attaques contre la corruption de la classe politique, le Front national lui-même n'est pas épargné par les «boules puantes» (ou affaires avérées ?). Selon le Parlement européen, 300 000 euros ont été versés entre 2010 et 2016 à Catherine Griset, du fait de sa fonction d'assistante de Marine Le Pen au Parlement européen... alors qu'elle n'aurait travaillé que pour son parti, et non comme assistante parlementaire.
Ce n'est pas tout : l'institution européenne accuse le garde du corps de la présidente du FN, Thierry Légier, d'avoir bénéficié d'un emploi fictif lui ayant permis d'encaisser 41 000 euros en 2011.
Des accusations que Marine Le Pen balaie d'un revers de main. «Je conteste fortement cette procédure menée par des adversaires politiques», a martelé la candidate à la présidentielle le 28 janvier sur TF1.
📺 J'étais aujourd'hui l'invitée du journal de 13h de #TF1. #MLPTF1#AuNomDuPeuple#Marine2017pic.twitter.com/la44In3E0t
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 28 janvier 2017
En attendant, le Parlement européen lui avait donné jusqu'au 31 janvier pour rembourser ces sommes. Or, mercredi 1er février, Marine Le Pen n'avait toujours pas remis à l'institution européenne les 300 000 euros qu'il lui réclame. Résultat : l'Olaf (Officie européen de lutte antifraude) va désormais puiser directement dans le salaire de la député européenne. Au lieu de gagner 10 400 euros mensuels, elle n'en percevra plus «que» 3 000...
La présidente du FN a aussitôt contre-attaqué, en déposant plainte auprès du parquet de Bruxelles pour «faux intellectuel» contre la directrice de l’Olaf et le secrétaire général du Parlement européen, Klaus Well.
La justice, néanmoins, a déjà Marine Le Pen dans le viseur : une information judiciaire a été ouverte en décembre dernier, au sujet de ces accusations d'emploi fictif, sur la base d'un rapport de l'Olaf.
Autant d'affaires à suivre... qui font surface à trois mois de l'échéance présidentielle.
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