Valls s'efforce d'éviter tout procès en trahison de François Hollande
- Avec AFP

Ayant désormais un boulevard pour se lancer dans la primaire de la gauche, Manuel Valls s'efforce d'éviter tout procès en trahison du président de la République, dont certains proches ont du mal à lui pardonner son forcing des dernières semaines.
«Si Hollande n'y va pas, dans la minute, je suis candidat», confiait à ses proches le locataire de Matignon au mois d'octobre.
Or, au lendemain du renoncement de François Hollande à se présenter à la présidentielle de 2017, le Premier ministre se garde bien de se précipiter, soucieux de ne pas apparaître comme un opportuniste et d'apaiser les rancoeurs de certains.
«Il y a une décision grave qui a été prise, il ne faut pas se précipiter», résume l'un de ses proches. Consigne a été passée dans la «Vallsie», en mode discret depuis le déjeuner Hollande-Valls du 28 novembre, de ne pas fanfaronner.
#Hollanderenonce@manuelvalls rend hommage au président, c'est un choix qui «force le respect par sa dignité» https://t.co/YmRFSk7KvRpic.twitter.com/D2L93BMhPa
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En déplacement à Nancy le 2 décembre, le Premier ministre s'est contenté de deux petites allusion à ses ambitions présidentielles.
Promettant de «défendre le bilan» du quinquennat Hollande, il a de nouveau rendu hommage à la décision du président : un choix «longuement et mûrement réfléchi, nul ne peut en douter», a-t-il précisé, semblant répondre à ceux qui sont persuadés que son ultime menace de se présenter face à François Hollande a fait fléchir le président.
«J'ai mis un pied dans la porte, et il faut maintenant s'y engouffrer», a-t-il lancé un peu plus tard dans un second discours devant les élus locaux en parlant de décentralisation.
Huit Français sur dix approuvent le choix de #FrançoisHollande de ne pas être candidat à l’élection https://t.co/e29s9Ce7pdpic.twitter.com/8wvUOS1dcN
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En dehors de ces petites touches, le Premier ministre a fait profil bas. Alors qu'il devait clore à Paris la réunion de la «Belle alliance populaire», cornaquée par le Parti socialiste, il y a finalement renoncé, pour ne pas en faire un exercice partisan.
Le 2 décembre, après s'être consultés, le Premier ministre et le patron du Parti socialiste (PS) Jean-Christophe Cambadélis, ont convenus «qu’il était plus conforme au but de la Convention nationale de la Belle Alliance Populaire contre la droite et François Fillon, que Manuel Valls n’y prenne pas la parole», a fait savoir la rue de Solférino.
«Il a savonné la planche»
Dans une gauche plus que divisée, et une primaire très ouverte, le Premier ministre se doit d'éviter de nouvelles contre-offensives ou candidatures susceptibles de contrecarrer sa campagne.
Les armes auxquelles pourrait recourir un camp du «Tout sauf Valls» ne manquent pas : une candidature à la primaire de Christiane Taubira, voire de Najat Vallaud-Belkacem ou de Ségolène Royal. Une offensive du camp de Martine Aubry. Ou encore des ralliements de «hollandais» à Emmanuel Macron.
Une éventuelle vengeance pilotée par les partisans de François Hollande aurait des effets encore plus dévastateurs pour la campagne de rassemblement qu'espère Manuel Valls.
«Le hollandais est imprévisible, sectaire, mais darwiniste quand même», se rassure un vallsiste, misant sur l'instinct de survie politique des proches du chef de l'Etat.
Pour autant, le plus difficile reste à venir pour le Premier ministre. «Il va commencer à faire froid pour lui», grince un proche du président à l'Elysée.
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«Le Premier ministre a achevé politiquement le président de la République par sa pression, avec le psychodrame de la semaine dernière. Sous ses airs de loyauté, il a savonné la planche au président», accusait pour sa part le député socialiste Yann Galut, l'un des soutiens d'Arnaud Montebourg pour la primaire, le 2 décembre.
L'enjeu pour Manuel Valls est sans doute de s'assurer du soutien du «marais» des parlementaires légitimistes.
«Il n'y a pas de transfert de légitimité automatique», a relevé Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, proche du chef de l’État.
Un certain nombre de parlementaires et de ministres «ne souhaitent pas se jeter dans les bras de Manuel Valls», rapporte l'un d'eux.
«En même temps je ne me fais pas trop d'illusions. L'essentiel – Cambadélis, Le Roux... – va se placer derrière Valls. Plusieurs ont envie d'aller chez Macron mais ne voient pas le chemin», poursuit-il.
«Un Tout sauf Valls va être la tentation de certains, mais je rejette a priori le Tout sauf, quel que soit celui qui en est l'objet», explique un autre.