France

La gauche se félicite de la lucidité du président, la droite dénigre son quinquennat

La décision de François Hollande de ne pas se représenter, afin, justifie-il, d'éviter une «dispersion de la gauche» rebat les cartes et ouvre le jeu dans son camp tout en le clarifiant. Pourtant, malgré son abandon, les critiques continuent.

Vendredi 2 décembre

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dit son «immense émotion» et sa «très grande fierté» au lendemain de l'annonce retentissante du renoncement de François Hollande.

«J'ai éprouvé à la fois une immense émotion mais aussi une très grande fierté de voir un président de la République être capable, dans un contexte qu'il sait mieux que quiconque à quel point il est difficile pour le pays, dire qu'il préfère son pays, l'État, le sens de sa fonction, le rassemblement, sur toute considération personnelle», a-t-il déclaré devant des policiers dans un gymnase du XIIe arrondissement de Paris où il était venu présenter un plan d'actions pour la sécurité publique.

Dans un communiqué de presse, le président du MoDem François Bayrou, a indiqué : «La décision est honorable, même si elle a été contrainte et forcée».

«Comme il est normal, le président sortant a peint de son mandat un bilan aux couleurs positives, mais les Français connaissent l’autre face de ces années qui ont vu pour beaucoup d’entre-eux les difficultés devenir plus rudes, le chômage frapper de toutes les manières, et s’accroître l’angoisse du lendemain», a poursuivi le maire de Pau, estimant que la nation «ne sort de ce quinquennat ni plus forte ni plus unie».

Interrogé par BFMTV, l'auteur de «Un président ne devrait pas dire ça», Gérard Davet, estime que son livre, qui avait fait couler beaucoup d'encre, a créé «les conditions de l’empêchement de François Hollande», les révélations se retournant contre ce dernier.

S'exprimant au Salon du cheval à Villepinte, la présidente du Front national Marine Le Pen a estimé que le renoncement de François Hollande à se présenter à l'élection de 2017 marquait «l'échec très lourd du quinquennat».

Pour le porte-parole de François Fillon Thierry Solère, en prenant la décision de ne pas se représenter, le président de la République a démontré une «grande lucidité sur son bilan catastrophique».

Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de Gauche, a affirmé que le Premier ministre, en faisant planer sa menace de candidature à la présidentielle, «avait planté le dernier clou du cercueil de Hollande».

Le vice-président du Front National Florian Philippot a qualifié le bilan de François Hollande d'«échec patent». C'était un «quinquennat désastreux», a-t-il ajouté.

«Aucun Président de la Ve République n'a un bilan autant déplorable que celui de F. Hollande dont nous ne retiendrons aucune mesure», a pour sa part estimé Eric Ciotti, député Les Républicains et président du conseil départemental des Alpes-Maritimes.

«Emouvant, honnête et exemplaire. Ce geste et ce sacrifice est celui d'un grand président», a tweeté l'essayiste Caroline Fourest, n'oubliant pas de dire «merci» à François Hollande.

Un message que n'a pas manqué de railler le député Thierry Mariani qui lui a répondu : «Même le Gorafi n'aurait pas osé !»

Le député de Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen s'est félicité du retrait de François Hollande de la course à l'Elysée : «Les Français en ont fini avec le duo des trahisons Hollande-Sarkozy. Ils ne prolongeront pas l'échec avec leurs Premiers ministres.»

Le bon dernier de la primaire de la droite et du centre, Jean-François Copé a lui aussi eu des mots très durs à l'égard de François Hollande «qui n'efface en rien son bilan calamiteux qu'il partage avec toute la majorité socialiste». Il a toutefois reconnu la dignité et la lucidité de sa décision.

Si la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem a elle aussi salué la décision du chef de l'Etat, elle l'a fait en des termes beaucoup plus élogieux, assurant qu'il avait «toujours fait passer l'intérêt de la Nation avant sa personne».

Le coordinateur politique du parti de Gauche, Eric Coquerel trouve que la décision du président de ne pas se représenter était le premier moment de lucidité de François Hollande : «Il sent bien que son bilan est tellement lourd que la seule façon d'éviter la défaite reste de ne pas se représenter», a-t-il déclaré à RT France dans une interview.

«C’est une décision raisonnable et logique» de François Hollande de ne pas se représenter à l’élection présidentielle, estime le vice-président de Debout la France, Dominique Jamet. Pour lui, même si on peut saluer «la dignité, l’élégance et le bon sens» dont François Hollande a fait preuve en prenant cette décision, on peut constater qu’il laisse son propre camp dans un triste état, puisqu’il a bloqué pendant longtemps toutes les tentatives sérieuses d’organiser la primaire dans de bonnes conditions. «Il n’a rien fait pour faciliter sa succession», a constaté Dominique Jamet.

Jérôme Lambert, député socialiste, se dit «soulagé» que François Hollande ne soit pas candidat pour 2017. Cela va permettre un vrai débat : «Cela aurait été difficile de débattre avec lui : il était président sortant, avec une vraie légitimité, tout en étant très décrié. Si on avait dû débattre avec lui, ça aurait été quelque part affaiblir la fonction présidentielle. Le voir sortir du jeu, c'est une meilleure façon d'organiser les primaires et les débats».

Jean-Frédéric Poisson, président du parti chrétien-démocrate, ex-candidat à la primaire de la droite et du centre, juge que la décision du président François Hollande de ne pas se représenter à l’élection présidentielle est «une décision sage» : «J’ai entendu ce soir un homme qui a pris la dimension de ce en quoi constite le fait d'être chef de l'Etat. J'allais dire «enfin», mais c'est malheureusement compris trop tard», a-t-il confié à RT France.

Sur les ondes de RTL, Aurélie Filippetti, ancienne ministre de la Culture et soutien d'Arnaud Montebourg a salué «une décision extrêmement responsable pour l’ensemble de la gauche» de la part de François Hollande, ajoutant que «c’est la meilleure décision» que ce dernier pouvait prendre.

Pour le membre du bureau politique du Front national Gilbert Collard, le président français a voulu s’éviter une «humiliation suprême» en décidant de ne pas se présenter : «Son image aurait été complètement déchiquetée par une primaire où ses camarades auraient eu à cœur et de la joie à mettre en pièce l'histoire un peu romanesque qu'il essaye de raconter d'un quinquennat réussi», a-t-il expliqué dans une interview à RT France.

Le président du Sénat Gérard Larcher a considéré que le quinquennat de Françosi Hollande était finalement cinq années de perdues pour la France.

 

Quant à Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, ce dernier a fait savoir dans un communiqué que «ce retrait prématuré d’un président en exercice, inédit dans l’histoire de la Vème République, résonne comme un terrible aveu d’échec de l’ensemble de son quinquennat qui aura été synonyme de reculs majeurs pour la France», ajoutant que «seules les ambitions personnelles de candidats de remplacement s’exprimeront dans les prochains mois».

Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône et soutien déterminé à François Fillon, a appelé les électeurs à agir en votant pour ce dernier : 

Pour la députée de l'Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a réagit sur France2, la décision de François Hollande de renoncer à se présenter constitue une véritable démonstration de sagesse. 

Jeudi 1 décembre

Du côté du Front national, les quelques réactions postées ont été unanimes pour dénoncer un quinquennat de François Hollande désastreux. 

Ainsi, Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen, qui n'a pas encore réagi au renoncement du président de la République, a lui aussi comparé l'échec de François Hollande à celui de Nicolas Sarkozy : 

Le maire d'Hénin-Beaumont, Steeve Briois, a quant à lui parlé d'«un homme défait par l'échec» à propos de l'actuel chef de l'Etat.

Le président François Hollande a «enfin pris une bonne décision», s’est félicité le député LR Thierry Mariani dans une interview à RT France : «Regarder en face son impopularité et ses échecs, et finalement, partir plutôt que subir une déroute annoncée depuis des mois», a-t-il fait savoir. Pour le député, cette décision du président permettra à la gauche de faire une primaire dans des conditions «à peu près acceptables», mais quoi qu’il arrive, le candidat qui se présentera, surtout si c’est Manuel Valls, «il assumera aussi le bilan de François Hollande», a souligné Thierry Mariani.

Député européen, Nadine Morano a quant à elle parlé d'«auto-élimination», considérant que François Hollande était conscient que son quinquennat avait été un échec. 

Quant au sénateur de Vendée Bruno Retailleau, ce dernier ironise en considérant que le chef de l'Etat «entre dans l'histoire» ... mais «par la petite porte». 

Selon le leader de Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan, le renoncement de François Hollande à une nouvelle candidature s'inscrit dans la continuité de l'échec cuisant de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite et du centre.

 

Du côté de la gauche, les réactions n'ont pas été nombreuses. Cependant, tous semblent soutenir François Hollande dans sa décision.

Ainsi, pour Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, la déclaration du président de la république représente «une immense tristesse pour tous ceux qui l'ont accompagné durant ce quinquennat [...] sa décision a la même force que son action : penser l'intérêt supérieur de la France, préserver l'unité des Français. François Hollande est et restera un grand président», a-t-il affirmé dans un communiqué.

Quant au Premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, ses éloges envers le chef de l'Etat ont été mesurés. Selon lui, François Hollande, en renonçant à se représenter, «protège son bilan».

 

Le candidat à la présidentielle et ancien socialiste, Jean-Luc Mélenchon, a qualifié sur le plateau de TF1 le 1er décembre d'«énorme aveu d'échec» le renoncement de François Hollande à briguer un deuxième mandat, espérant que ça ne fonctionnerait pas comme «une amnistie» pour ceux qui ont participé au quinquennat. 

Critiquant à nouveau la primaire organisée fin janvier par le parti socialiste qu'il a qualifiée de «congrès» du PS, le candidat de la «France insoumise» a rappelé qu'à l'heure actuelle «la totalité des candidats issus du PS, en tout cas pour ce qu'on peut voir dans les sondages, sont à la moitié des scores qui me sont attribués».

A propos de François Hollande, il a estimé que se présenter «eût été une espèce de crucifixion pendant cinq mois». «Ce n'est pas mon sujet de savoir si c'est juste ou injuste, courageux ou pas. Il a pris le pays dans des conditions et avec un programme, il ne l'a pas appliqué, il a totalement désorganisé son camp», a commenté le candidat. 

Il a ajouté que pour lui, le candidat tout juste issu de la primaire de la droite, François Fillon, était «le personnage central de la scène, c'est avec lui qu'a lieu maintenant le débat, pas avec ce qu'il reste du PS». 

«Et le débat avec lui va être sur le fond : il y a d'un côté "chacun pour soi et Dieu pour tous", et de l'autre côté, "un pour tous et tous pour un" que je représente», a-t-il analysé, demandant à nouveau un débat avec François Fillon. 

«C'est une décision courageuse, digne [...] Ce que le président a annoncé aux Français est une décision éminemment difficile à exprimer», a signalé l'ancien ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.

François Fillon a reconnu au président en exercice d'avoir «admis avec lucidité son échec».

«Plus que jamais, l'alternance et le redressement de la France doivent être bâtis sur des bases solides», a-t-il estimé.

Selon France 2, «Manuel Valls est à Matignon. Il a regardé l'intervention du président mais c'est tout ce que son entourage veut bien nous dire», a rapporté la journaliste Hélène Hug depuis Matignon. Aucune déclaration du Premier ministre n'est prévue pour ce soir».

«Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche – la mienne – qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle», a concédé le président au plus bas dans les sondages. En mettant fin au suspense avant la date butoir du 15 décembre 2016, François Hollande ouvre enfin un boulevard aux autres candidats qu'ils soient déclarés ou potentiels.

Lire aussi : François Hollande jette l'éponge pour 2017 : «Je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche»