Génocide au Rwanda : les parties civiles dénoncent les «mensonges» de Pascal Simbikangwa
- Avec AFP
A Bobigny, les ONG parties civiles au procès en appel du Rwandais Pascal Simbikangwa, qui clame son innocence, ont dénoncé le 30 novembre le «mépris» et les «mensonges» de l'accusé, qu'ils voient comme un «crachat au visage des victimes» du génocide.
Premier Rwandais condamné en France pour le génocide des Tutsis en 1994, Pascal Simbikangwa, ex-officier de la garde présidentielle, avait été condamné en 2014 à 25 ans de réclusion criminelle. Depuis le 25 octobre, cet homme de 56 ans est rejugé à Bobigny pour «complicité de génocide» et «complicité de crimes contre l'humanité».
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«Comment oser dire que l'on na rien vu, rien entendu, alors qu'il y a eu 67 000 morts dans les rues de Kigali qui était un charnier à ciel ouvert ? J'ai le sentiment d'un crachat au visage des victimes», s'est émue Rachel Lindon, avocate de la Licra, partie civile au côté de quatre autres ONG (LDH, Survie, CPCR, FIDH).
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L'avocate a également pointé le fait que Pascal Simbikangwa soit «allé encore plus loin en prétendant être un Juste». «C'est comme nier l'existence des chambres à gaz et prétendre avoir sauvé un Juif des chambres à gaz», a-t-elle détaillé.
Dans le box, Pascal Simbikangwa, plongé dans ses notes et engoncé dans un blouson malgré la chaleur, a poursuivi ses dénégations, régulièrement recadré par ses avocats. Depuis le début de ce procès en appel, l'accusé et sa défense dénoncent «la fabrication» des nombreux témoignages à charge.
«Je m'attendais à une stratégie de déni total, comme en première instance, mais il a mis un peu d'eau dans son vin, en concédant finalement avoir vu un mort», a raillé un des avocats du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, Simon Foreman. «Il a toujours menti», «vous avez devant vous non pas un exécutant mais bien l'un des chefs», a-t-il lancé aux jurés.
Reconverti dans la police politique après un accident qui l'a laissé paraplégique en 1986, l'accusé se voit reprocher d'avoir organisé des barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et assassinés des Tutsis à Kigali, et d'avoir livré armes, instructions et encouragements aux miliciens qui les tenaient.
Le verdict de ce procès-fleuve est attendu pour le samedi 3 décembre. Pascal Simbikangwa encourt la réclusion à perpétuité.
Arrêté à Mayotte en 2008 pour trafic de faux papiers, Simbikangwa est jugé en France au titre de la «compétence universelle» prévue pour les crimes les plus graves.