«Hasbeen», «thatchérien», «pro-Poutine» : la victoire surprise de Fillon vue par la presse étrangère
La primaire de la droite et du centre du 20 novembre a fait réagir les journaux étrangers. S'ils ont commenté la défaite de Nicolas Sarkozy, c'est surtout la victoire de François Fillon qui a retenu leur attention, pour des raisons différentes.
A l'occasion de sa couverture des résultats de la primaire de la droite et du centre du 20 novembre, la presse internationale s'est fait l'écho de la défaite de Nicolas Sarkozy, éliminé du second tour par les électeurs, mais elle a surtout redécouvert, après sa victoire inattendue, la personne de François Fillon, qu'elle avait quelque peu oubliée depuis son départ de Matignon en 2012.
L'analyse du Guardian est sensiblement identique. Le journal évoque surtout le rejet de la ligne «droite dure sur les sujets d'identité» de l'ancien président, et note qu'il a été «éjecté de la campagne après avoir ciblé les musulmans et les minorités». Selon la correspondante du journal à Paris, c'est donc ce phénomène qui aurait profité à François Fillon. Elle met l'accent sur le caractère de «réformiste libéral» de celui-ci, le présentant comme un «admirateur de Thatcher» et soulignant son opposition au mariage homosexuel.
#Fillon, free-market reformer who admires Thatcher & social conservative against same-sex marriage, hugely tops poll https://t.co/9zdTHozy1c
— Angelique Chrisafis (@achrisafis) 20 novembre 2016
La défaite «humiliante» de Nicolas Sarkozy n'est pas la cause des bons résultats de François Fillon selon The Independent. Insistant surtout sur l'admiration nourrie par celui-ci à l'égard de la «Dame de fer» britannique, il s'étonne de la surprise que constitue le retour sur le devant de la scène d'un ancien Premier ministre que «l'opinion tenait majoritairement pour politiquement has-been».
Peter Spiegel, rédacteur en chef du Financial Times, voit quant à lui dans le vote pour Fillon et Juppé un signal «pro-establishment».
Hmmm. That's a slight misreading. Both @FrancoisFillon & @alainjuppe more "establishment" than @NicolasSarkozy. People just don't like Sarko https://t.co/5UK1P3Hd1g
— Peter Spiegel (@SpiegelPeter) 20 novembre 2016
«La victoire surprise de Fillon» : c'est ainsi que titre le site de l’hebdomadaire de référence allemand Der Spiegel. «François Fillon a essentiellement convaincu par sa personnalité», estime-t-il, ajoutant que «ses réformes économiques sont plus ambitieuses que celles de Juppé, et s'assimilent à une cure drastique». Sur le plan des idées, François Fillon se situe, selon le journal, «aussi à droite que Sarkozy».
Le Tageszeitung affirme que le triomphe de François Fillon se traduit avant tout par la victoire du «tout sauf Sarkozy». Toutefois, une élection de François Fillon induirait «tout autant de recul des droits en matière de politique économique».
Kommentar @parisinfos zur Vorwahl #France: #Sarkozy ist weg, aber auch #Fillon bedeutet wirtschaftspol. Rechtsruck: https://t.co/RaUmlLTSxC
— taz (@tazgezwitscher) 21 novembre 2016
«Moins datée que celle de Juppé, l'expérience de Fillon joue en sa faveur», juge le quotidien italien La Repubblica, qui ne manque pas de souligner la proximité entre Alain Juppé et François Fillon, non pas seulement dans leurs idées, mais également dans leur profil : tous deux ont des cursus très similaires, notamment en raison de leur passage respectif par Matignon (de 1995 à 1997 pour Alain Juppé, de 2007 à 2012 pour François Fillon).
La Repubblica oggi Merkel "Resto contro i populisti" Francia la destra cancella Sarkozy pic.twitter.com/GYuDdWKGbV
— Clay (@boccajaw) 21 novembre 2016
Quant au quotidien suédois Expressen, ce qu'il retient de la percée inattendue de François Fillon tient dans le titre de l'article qu'il lui consacre : «Un proche de Poutine s'approche de la présidence». Un avis également relayé par plusieurs correspondants étrangers à Paris, comme Saskia Dekkers, pour la télévision flamande. «Fillon devrait avoir des affinités avec Donald Trump : ils partagent la même admiration pour le président russe Poutine», a-t-elle tweeté, accompagnant son message d'un lien vers un article de l'agence de presse financière Bloomberg insistant également sur les positions de François Fillon lorsqu'il était Premier ministre à l'égard de Vladimir Poutine, qui était alors son homologue en Russie.
"Fillon may also find an affinity with Donald Trump. The two share an admiration for Russian President Putin" https://t.co/4DwGvQQhtq
— Saskia Dekkers (@saskiadekkers) 21 novembre 2016