Clashs, colère et division : retour sur le troisième débat de la primaire de la droite et du centre

Clashs, colère et division : retour sur le troisième débat de la primaire de la droite et du centre© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / POOL Source: AFP
Le troisième débat de la primaire de la droite et du centre, jeudi 18 novembre
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Au menu de ce troisième débat, riche en altercations et coups de gueules : des thématiques aussi variées que l'élection de Donald Trump, la crise syrienne, l'école, l'immigration... et même la robotisation !

Trump d'entrée de jeu

Le troisième débat de la primaire de la droite et du centre – le dernier avant le premier tour de l'élection –, diffusé sur France 2, TV5 Monde et Europe 1 dans la soirée du jeudi 17 novembre, a démarré en fanfare avec l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche – un événement qui a profondément divisé les candidats.

Alors que Jean-Frédéric Poisson y a vu un événement positif, qui réaffirme aux yeux du monde que «les frontières ont du sens», Nathalie Kosciusko-Morizet a rappelé l'aversion qu'elle avait pour l'ex-candidat républicain à l'élection présidentielle américaine, en raison notamment du «racisme» et du «sexisme» dont il aurait fait preuve durant sa campagne.

Egalement inquiet par le résultat du scrutin américain, Alain Juppé a mis en garde contre les trois chocs que celui-ci pourrait générer : le retour au protectionnisme américain, le retrait de la protection assurée par Washington au continent européen et une aggravation du changement climatique. Nicolas Sarkozy, quant à lui, s'est montré soucieux de «l'agressivité» avec laquelle Donald Trump pourrait défendre les intérêts américains... tout en saluant le fait que son élection permette une sortie «du climat de guerre froide» entre les Etats-Unis et la Russie.

La Syrie, pomme de discorde, encore et toujours

Sur l'étranger toujours, la Syrie a fait l'objet de longs échanges entre les candidats – tous reconnaissant la nécessité de faire de la lutte contre les terroristes de Daesh une priorité, sans pour autant s'entendre sur la politique à avoir vis-à-vis de Damas. Pour Jean-Frédéric Poisson, la nécessité de ne pas s'en prendre aux autorités syriennes est claire : selon lui, si Bachar el-Assad venait à quitter le pouvoir, les islamistes s'en empareraient. Un constat partagé par François Fillon, qui a précisé qu'en cas de chute du chef d'Etat syrien, les chrétiens du pays auraient le choix entre «la valise et le cercueil». L'ex-Premier ministre, en outre, a assuré que Bachar el-Assad bénéficiait encore d'un soutien populaire conséquent – une affirmation qui a fait bondir le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, co-animateur du débat, qui a répliqué : «Du moins ce qu'il reste [du peuple syrien].» Le même Elkabbach n'a d'ailleurs pas gardé pour lui ses jugements de valeur et points de vue au cours de l'émission, notamment sur le chef d'Etat syrien, qui selon lui, de toute évidence, devrait partir...

François Fillon, prenant de la hauteur, a en outre affirmé que le dossier syrien ne pouvait être traité que si la France réalisait l'ampleur de l'émergence du «phénomène totalitaire» global qu'est le djihadisme, aux volontés «génocidaires», et rétablissait un dialogue constructif avec la Russie.

Livrant une voix dissonante à celles de François Fillon et Jean-Frédéric Poisson, le maire de Bordeaux a quant à lui considéré qu'une transition pacifique en Syrie ne pourrait se faire tant que Bachar el-Assad serait au pouvoir.

Europe, école, questions sociales...

Le sujet épineux de l'Union européenne, particulièrement en crise depuis le vote des Britanniques en faveur du Brexit, l'été dernier, a inspiré des interventions très différentes aux candidats. Alors qu'un Bruno Le Maire souhaite soumettre au vote des Français un nouveau traité sur le fonctionnement de l'UE, François Fillon a souligné l'importance de la défense de la «civilisation européenne». Alain Juppé, lui, a appelé à l'unité de l'Europe, alors que ses pays seraient menacés de devenir des «Etats vassaux» des «empires» que seraient la Chine, la Russie et les Etats-Unis.

Le thème de l'école, également, est parvenu à déchaîner les passions : évoquant après NKM le caractère essentiel de l'apprentissage des fondamentaux, François Fillon s'est emporté contre la «caste de pédagogues prétentieux» obéissant à une «idéologie égalitariste» qui auraient détruit l'enseignement des matières essentielles au cours des dernières décennies. L'ex-chef du gouvernement du quinquennat Sarkozy est même allé jusqu'à promettre de «mettre fin aux fonctions de ceux qui ont la responsabilité de ces programmes» scolaires négligeant les fondamentaux.

Tout aussi passionné, Jean-François Copé a dressé un tableau traditionnaliste de son idéal scolaire, évoquant la levée de drapeau, le chant de «La Marseillaise», la blouse scolaire ou encore le service national pour les jeunes.

Interrogés sur les questions sociales, enfin, les candidats n'ont pas été avares de propositions : Nicolas Sarkozy a promis d'interdire aux étrangers certaines aides sociales, tandis que le maire de Meaux s'est engagé à «assouplir le code du Travail immédiatement, par ordonnances». Alain Juppé, de son côté, voit dans la suppression de toutes les charges sociales sur le SMIC un moyen de débloquer le marché de l'emploi.

Coups de gueule contre les journalistes et clashs entre candidats

Si le format de ce troisième débat n'a guère permis d'échanges entre les candidats et s'est avéré relativement calme au regard des débats précédents, plusieurs moments de tensions ont éclaté entre les hommes politiques et certains journalistes les interrogeant.

En début d'émission, Bruno Le Maire s'est ainsi emporté contre Jean-Pierre Elkabbach, dont il a jugé le ton trop condescendant à son égard : «Je n'ai pas de leçons à recevoir de votre part sur ma candidature : les Français jugeront !», a-t-il lancé à l'animateur du débat.

Plus tard, c'est Nicolas Sarkozy qui s'est pris le bec avec David Pujadas : interrogé sur l’éventuel financement libyen illégal de sa campagne présidentielle de 2007, l'ex-président de la République est entré dans une colère froide. «Quelle indignité ! Vous n'avez pas honte ?», s'est écrié le candidat à la primaire... avant de bifurquer vers un autre sujet.

Les candidats ont toutefois trouvé le moyen de se chamailler entre eux, notamment lorsque Jean-Pierre Elkabbach a interrogé François Fillon sur le fait que Jean-François Copé l'aurait traité d'«imposteur», en raison du supposé échec de son ancien gouvernement à réaliser ses promesses. Jalouse que son camarade soit interrogé sur un pareil sujet, NKM a rebondi, riant jaune : «S'il suffit de se faire insulter pour prendre la parole»... Et Nicolas Sarkozy de se mêler à la pagaille : «Dans ce cas, je parlerai beaucoup.»

Peu avant la fin d'émission, François Fillon s'est permis un ultime coup de gueule, interrompant le célèbre présentateur de France 2 afin d'accuser les journalistes de l'émission d'avoir coupé à de nombreuses reprises la parole aux candidats, durant leurs interventions sur des sujets majeurs. «Vous avez une conception de ce débat en termes de spectacle. Laissez-nous nous exprimer, Monsieur Pujadas», s'est indigné l'ex-Premier ministre... ce à quoi Jean-Pierre Elkabbach lui a répondu qu'il n'y avait «pas eu beaucoup» de spectacle !

Enfin, parmi les discours convenus de conclusion du débat, NKM s'est distinguée en concédant qu'elle savait qu'elle ne gagnerait pas la primaire. Mais Jean-François Copé aussi, en comparant son projet pour la France avec... la bataille du pont d'Arcole, remportée par Napoléon Bonaparte.

Lire aussi : Primaire de la droite et du centre : des règlements de compte qui laisseront des traces

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