Femme en burkini chassée par des baigneurs d'une plage de Villeneuve-Loubet : un coup monté ?
La scène d'expulsion d'une femme en burkini par des civils, filmée par la télévision australienne Channel 7 et reprise par de très nombreux médias, pourrait avoir été montée de toutes pièces, à en croire le récit de témoins cités par Nice Matin.
Une étudiante de 23 ans portant le burkini, forcée de quitter une plage de la commune de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) à cause de l'emportement de baigneurs : la vidéo de Channel 7, diffusée samedi 20 septembre et décrite par un grand nombre de médias français dont l'agence AFP, avait provoqué de vives émotions. Pourtant, les propos de personnes présentes sur les lieux au moment des faits, recueillis par le journal Nice Matin mardi 20 septembre, laissent penser qu'il pourrait s'agir d'une vaste machination.
«Nous étions installés sur la plage avec mes enfants, quand nous avons vu la caméra débarquer à quelques mètres de nous», rapporte au journal méridional une mère de famille, qui se trouvait sur la plage en question. «Ce n'est qu'après qu'un homme et deux femmes en burkini sont arrivés. Ils ont marché quelques minutes le long de la plage, puis sont venus s'installer juste devant l'équipe télé».
L'homme sur la vidéo est mon oncle. Il n'a jamais demandé à ce que ces trois personnes quittent la plage
Autre élément suspect, selon la même source : dans la vidéo, un homme lance en direction de la caméra : «vous faîtes demi-tour et vous partez !». Une voix off explique ensuite que les deux femmes en burkini et l'homme qui se trouvait avec elle ont été contraints de partir, les baigneurs ayant menacé d'appeler la police. Or, selon la mère de famille citée par Nice Matin, «l'homme sur la vidéo est mon oncle. Il n'a jamais demandé à ce que ces trois personnes quittent la plage. Il s'adressait à la caméra pour demander au cameraman de partir. Il y avait des enfants sur la plage, dont les nôtres, et on ne voulait pas qu'ils soient filmés.»
Plus tard dans la vidéo, le même homme est filmé en train d'appeler la police – non pas pour faire partir le trio, affirme le témoin, mais pour demander aux policiers comment s'y prendre pour empêcher le cameraman de filmer sa famille.
«C'était trop gros pour être vrai et ça puait le coup monté»
Un autre témoin, un père de famille cité par le même journal, renforce la thèse du coup monté : «On voyait que c'était scénarisé, c'était trop gros pour être vrai et ça puait le coup monté.» Selon lui, les deux femmes en burkini et leur proche sont arrivés «presque en courant» pour s'installer «en plein milieu du couloir à jet-ski de la plage privée». Le père de famille dit avoir aperçu, ensuite, une journaliste et son cameraman «planqués» derrière des voitures. Enfin, note le témoin, le groupe de la jeune étudiante musulmane a quitté les lieux en rejoignant «un véhicule qui les attendait en haut de la plage, comme pour les exfiltrer au cas où...»
#Burkini : le conseil d'Etat invalide les arrêtés anti-burkini, plus de détails sur >>> https://t.co/niacGNaRhTpic.twitter.com/iwikjZuQcC
— RT France (@RTenfrancais) 26 août 2016
Le port du burkini, qui a fait l'objet d'une longue et intense polémique au cours de l'été, est désormais autorisé sur les plage de Villeneuve-Loubet. Le 26 août dernier, en effet, le Conseil d'Etat, plus haute juridiction française, avait invalidé l'interdiction du vêtement de plage islamique pris par la commune.
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