Procès Cahuzac : selon l'accusé, le compte en Suisse devait servir à financer la campagne de Rocard
Lors du premier jour de la réouverture de son procès, l'ancien ministre du Budget, jugé pour avoir possédé un compte bancaire à l'étranger et menti au fisc durant plusieurs années, a révélé la fonction initiale de son fameux compte caché en Suisse.
«J'ai demandé à Philippe Péninque (avocat fiscaliste ayant notamment cofondé le site Egalité et réconciliation) d'ouvrir un compte en Suisse en 1992 (...). Ce compte, c'est du financement d'activités politiques pour un homme dont j'espérais qu'il aurait un destin politique national», a assuré Jérôme Cahuzac, lors de l'audience. L'homme politique en question n'était autre que le socialiste Michel Rocard, décédé début juillet – qui, a précisé l'ex-ministre du Budget, ignorait tout de ce financement occulte.
Selon l'accusé, l'argent placé en Suisse devait servir à financer une hypothétique candidature de Michel Rocard à l'élection présidentielle.
#Cahuzac JC révèle que son compte ouvert en Suisse en 92 a servi pour le financement politique de Michel Rocard .
— triomphe chloe (@chloe8triomphe) 5 septembre 2016
#Cahuzac justifie l'ouverture du compte en Suisse par le financement politique de #Rocard qui n'est plus là pour le confirmer ou l'infirmer.
— pascale robert-diard (@robert_diard) 5 septembre 2016
Alors qu'il lui était demandé si des personnes «au-dessus de lui» avaient eu connaissance du compte secret, Jérôme Cahuzac a répondu, amusé : «ou (des personnes) à côté».
Qui savait pour le compte ? "Deux personnes au dessus de vous ?", interroge le président. "Ou à côté", sourit #Cahuzac
— Marc Leplongeon (@MarcLeplongeon) 5 septembre 2016
L'ancien ministre du gouvernement Jean-Marc Ayrault a en outre indiqué que l'argent placé en Suisse provenait notamment du milieu de la santé... et que ce genre d'opération se faisait dans tous les partis. Aucun nom, toutefois, n'a été lâché.
Cet argent venait du milieu de la santé, labos etc, démarchés par J #Cahuzac pour soutenir Michel Rocard.ça se faisait pour tous les partis.
— corinne audouin (@cocale) 5 septembre 2016
Reprise du procès après quelques mois d'interruption
Quatre ans après avoir provoqué l'un des scandales les plus éclatants de la présidence Hollande, Jérôme Cahuzac comparaissait, le 5 septembre, devant la tribunal correctionnel de Paris, pour fraude fiscale et blanchiment, ainsi que pour avoir «minoré» sa déclaration de patrimoine lors de son entrée au gouvernement en 2012.
Le procès s'était ouvert en février dernier, mais les avocats de l'ex-ministre du Budget étaient parvenus à le faire reporter, en soulevant deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC). Ceux-ci estimaient que leur client risquait une peine à la fois fiscale et pénale, ce qui serait contraire au principe constitutionnel de «nécessité des peines», excluant les «doubles poursuites». En juin, toutefois, le Conseil constitutionnel avait réfuté cet argument, permettant la réouverture du procès.
Suspension du procès de Jérôme #Cahuzac : reprise le 5 septembre https://t.co/m7GbiTCB3apic.twitter.com/gShiLVVHKa
— RT France (@RTenfrancais) 10 février 2016
Les secousses de l'affaire, quatre ans plus tard
La reprise du processus judiciaire, le 5 septembre, a réouvert les plaies de ce scandale national. Edwy Plenel a ainsi profité de l'événement pour rappeler le rôle crucial apporté par son site d'investigation, Mediapart, dans la révélation du compte que l'ex-membre du gouvernement détenait à l'étranger.
Sur @LCI ce matin avant l'ouverture du procès Cahuzac, cette affaire qui n'aurait jamais existé sans @mediaparthttps://t.co/fe738L2Huh@TF1
— Edwy Plenel (@edwyplenel) 5 septembre 2016
Par ailleurs, le député «frondeur» du Parti socialiste (PS), Yann Galut, a souligné le rôle paradoxal de cette affaire qui a permis de prendre conscience de l'ampleur des dégâts causés par la fraude fiscale en France.
Le paradoxe de l'affaire #Cahuzac, c'est qu'elle aura permis une vraie prise de conscience de l'ampleur et des dégâts de la #FraudeFiscale
— Yann Galut ن (@yanngalut) 5 septembre 2016
L'eurodéputée centriste, Corinne Lepage, a quant à elle choisi d'établir un parallèle entre l'affaire Cahuzac et les casseroles judiciaires que traînerait Nicolas Sarkozy, afin de dénigrer la domination des grands partis sur la vie politique française.
@NicolasSarkozy#Cahuzac la fin des partis.vive la ste civile #LaPrimaireDesFrancais@Cap21_LRC@Nous_Citoyens@GenCitoyens@la_transition
— Corinne Lepage (@corinnelepage) 5 septembre 2016
Un parallèle également tracé par la députée FN Marion Maréchal-Le Pen.
#Bygmalion, #Cahuzac... qui va gagner la primaire des affaires ?
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 5 septembre 2016
Plus simplement, le député UDI Rudy Salles a exhumé une ancienne photo de Jérôme Cahuzac où on le voit, ministre, assister à une conférence sur la lutte contre la fraude fiscale...
La "République irréprochable" de François #Hollande en 1 seule image ! #Cahuzac#ImageDuJour#Justicepic.twitter.com/ePTor6HFQu
— Rudy Salles (@rudysalles) 5 septembre 2016