Syrie, 2013 : Hollande, un président français un peu perdu après la volte-face d'Obama

Syrie, 2013 : Hollande, un président français un peu perdu après la volte-face d'Obama Source: AFP
Suivez RT en français surTelegram

Les extraits publiés par Le Monde du livre «Un président ne devrait pas dire ça» confirment que François Hollande a bien été lâché en rase-campagne par son homologue américain alors que l'armée française s'apprêtait à intervenir directement en Syrie.

Vendredi 30 août 2013, 18h05, bureau de l'Elysée. François Hollande relit une note d'un de ses généraux : «Vous pourrez dire au président Obama que vos moyens militaires sont prêts à agir dès à présent». L'armée française attend le feu vert de Washington pour intervenir en Syrie.

Les morceaux choisis par Le Monde et tirés du livre Un président ne devrait pas dire ça..., à paraître le 12 octobre 2016, jettent une lumière étonnante sur la façon dont les grands de ce monde prennent des décisions qui scellent le sort de pays et de populations entières. Et confirment que François Hollande a bien été lâché en rase-campagne par son homologue américain Barack Obama.

En 2013, les Etats-Unis cherchent un motif pour intervenir directement en Syrie et accélérer la chute du gouvernement de Bachar el-Assad. Les bombardements de civils au gaz sarin à Ghouta, une banlieue de Damas, tombent à point nommé, alors que les Etats-Unis mobilisent ses alliés, au premier rang desquels la France et le Royaume-Uni pour lancer des frappes contre la Syrie.

Pour Obama, l'armée syrienne a enfin dépassé la «ligne rouge». Seulement voilà, à cause d'un calendrier diplomatique complexe et d'opinions publiques réticentes depuis la guerre en Irak, le président américain fait volte-face et renonce à intervenir directement.

La France lâchée par les Etats-Unis

Deux obstacles se sont en effet dressés contre une intervention militaire. «Il y a deux événements : on n'a pas la possibilité d'avoir une résolution du Conseil de sécurité», explique Obama à son homologue français. Mais, par dessus tout, c'est le jeu démocratique des institutions britanniques qui vient gripper l'opération : «Cameron vient de consulter la Chambre des Communes, donc pour moi, je préfère avoir le vote du Congrès», fait valoir le président américain, qui renoncera bien vite au vote du Congrès, hostile à une intervention directe des Etats-Unis. Et le président français, d'abord sollicité, puis lâché, doit annuler une opération militaire, dont il apparaît qu'elle était imminente. L'armée française a été mobilisée pour rien.

Syrie, 2013 : Hollande, un président français un peu perdu après la volte-face d'Obama
Document Le Monde

François Hollande déçu et destabilisé

Se confiant aux auteurs du livre, également journalistes au Monde, François Hollande exprime sa déception : «J'ai été étonné qu'il recoure au Congrès [le président des Etats-Unis est tenu par la constitution d'obtenir le vote du Congrès des Etats-Unis pour déclarer la guerre, ndlr], alors même que Cameron venait d'en subir les effets». Pire, le président se trouve ainsi dans la situation délicate de devoir, lui aussi, se résoudre à consulter le parlement français, alors que Cameron vient d'être désavoué par le sien. Aussi Hollande déplore-t-il alors «une petite majorité». «L'intérêt de voter (sic) pour une opération extérieure, c'est d'avoir une majorité très large». En clair, on choisit de faire voter le parlement que s'il vote largement pour telle ou telle initiative, sinon, on ne le laisse pas se prononcer...

El-Assad responsable de l'attaque de la Ghouta ? Pas si sûr

Depuis 2013, François Hollande est persuadé que le gouvernement de Damas est le coupable de l'attaque au gaz sarin de Ghouta. Selon Le Canard enchaîné du 28 août 2013, François Hollande fondait alors sa certitude de la responsabilité du «régime» syrien sur «un rapport des services français lesquels affirment que quatre roquettes Grad BM-21 de fabrication russe ont été utilisées à cette occasion une fois "remplie" la tête du missile avant le tir». De Libération à Mediapart, les photos choquantes des habitants de Ghouta gazés, dont des enfants, font alors la Une des journaux. Les mêmes que le président français reçoit sur son bureau du Salon doré de l'Elysée. «Je n'ai pas de doutes sur la culpabilité du régime», déclare-t-il alors, selon les extraits publiés par LeMonde.

Lire aussi : Pour Sergueï Lavrov, les trêves en Syrie ont surtout permis aux terroristes d'accroître leurs forces

Pourtant, un rapport du Massachusetts institute of technology de 2014, mentionné par Le Point, relève les incohérences de la thèse occidentale, pointant notamment le rayon d'action et le manque de précision des lanceurs de roquette Grad pour mener une telle opération contre les populations civiles depuis les positions de l'armée gouvernementale syrienne. Et même les services de renseignement ont fait savoir dans les médias, dont i24news, que la responsabilité de l'armée syrienne dans l'attaque chimique du 21 août 2013 n'était pas un «slam dunk», une certitude «en béton».

Alexandre Keller

Aller plus loin : L'opération turque en Syrie a été lancée avec la bénédiction russe et américaine

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix