Corse : une deuxième rixe intercommunautaire a éclaté dimanche
Au lendemain des violentes échauffourées entre insulaires et familles d'origine maghrébine à Sisco, une nouvelle bagarre est survenue dans l'île. Un homme a eu le nez cassé, tandis qu'un mineur porterait les stigmates d'un objet tranchant.
Les violences intercommunautaires qui ont éclaté samedi 13 août à Sisco, en Haute-Corse, ont trouvé un écho dès le lendemain. D'après des informations de Corse-Matin confirmées par BFMTV, une altercation est survenue dans l'après-midi du dimanche 14 août sur le pont de Carbuccia, en Corse-du-Sud.
La rixe, selon le procureur de la République d'Ajaccio, aurait eu pour origine un échange de regards entre un groupe de jeunes autochtones et un père de famille d'origine maghrébine. Ce dernier a eu le nez cassé à l'issue de l'incident, tandis qu'un jeune mineur porterait sur le corps des traces légères infligées par un objet coupant.
Les deux groupes impliqués dans la bagarre ont porté plainte à l'issue de celle-ci, et tous ses protagonistes ont été entendus par les forces de l'ordre. Le procureur a tenu à préciser qu'à ce stade de l'enquête, le mobile raciste de l'échauffourée n'était pas établi.
Coups de hache et voitures incendiées, samedi, après une affaire de burkini
La veille, samedi 13 août, l'île de beauté a été le théâtre de violences intercommunautaires ayant fait cinq blessés, sur une plage de la commune de Sisco.
Une affaire de burkini aurait provoqué des tensions entre trois familles d'origine maghrébine et des jeunes insulaires : des touristes auraient pris en photo plusieurs femmes se baignant en burkini, suscitant la colère des proches de celles-ci, puis l'intervention de jeunes autochtones. Selon des témoins, des membres des familles d'origine maghrébine se seraient munis de hachettes.
#HauteCorse : quatre blessés dans une rixe, une centaine de policiers mobiliséshttps://t.co/k4WGzxhHPYpic.twitter.com/rneCwvvmwo
— RT France (@RTenfrancais) 14 août 2016
Les tensions seraient montées d'un cran entre les deux groupes lorsque, selon des témoignages, des pneus de plusieurs voitures ont été crevés par des femmes maghrébines. En réaction, des habitants des villages avoisinants auraient renversé une voiture et incendié deux véhicules appartenant à des membres de la communauté maghrébine.
Les événements ont provoqué une vive émotion en Corse, ainsi que dans toute la France. Dimanche, des manifestants corses se sont rendus à la préfecture de Bastia, et ont notamment crié : «Aux armes, on va monter parce qu'on est chez nous.»
""On est chez nous !", dans le quartier des agresseurs, à Lupino. #Sisco#Corsepic.twitter.com/whB3LoSO0l"
— francois lapina (@lapina_francois) 14 août 2016
Des tensions intercommunautaires en hausse depuis deux ans
L'altercation, très médiatisée, est venue renforcer des tensions déjà pesantes en Corse entre communautés insulaire et magrébine. Depuis deux ans, en effet, l'île a connu une importante vague d'incidents anti-arabes ou islamophobes. Pas plus tard que le 1er août, des tags xénophobes ont été inscrits sur une mosquée et une boucherie hallal dans la ville de Ghisonaccia, en Haute-Corse.
#Corse : «marche blanche contre la barbarie» à #Bastia, sur fond de tensions communautaires https://t.co/qxXSNYS5GLpic.twitter.com/j1Aden1z2H
— RT France (@RTenfrancais) 6 août 2016
Quelques mois plus tôt, l'agression de deux pompiers et d'un policier dans la nuit de noël 2015 avait généré une série de manifestations à Ajaccio, mais aussi des actions anti-musulmanes. Une salle de prière avait notamment été saccagée. Début janvier, une tête de sanglier avait également été déposée devant la porte d'une mosquée de la ville.
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