Attentat de Nice : le tueur aurait envoyé un selfie et 100 000 euros à sa famille avant le massacre
De nouvelles révélations de la presse et des autorités permettent de se faire une idée plus précise du profil Mohamed Lahouaiej Bouhlel et de ses relations avec des islamistes. L'homme aurait envoyé un selfie à son frère l'après-midi du 14 juillet.
Trois jours après l'attaque sanglante au camion sur la Promenade des Anglais à Nice, l'enquête menée par les autorités et les médias commence tout juste à dissiper les zones d'ombre autour de son organisation.
Avant tout, différentes sources confirment que Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le conducteur du véhicule meurtrier, avait prémédité son acte. Le terroriste a en effet repéré les lieux les 12 et 13 juillet, avec le même poids lourd loué que celui qui a été utilisé lors du massacre, a révélé dimanche une source proche du dossier. D'après le quotidien régional Nice Matin, l'homme aurait également indiqué dans un SMS qu'il était en possession «du matériel», peu avant l'attaque.
Le 17 juillet, les autorités ont interpellé un homme et une femme, après avoir étudié ordinateurs et téléphones du terroriste. Cinq personnes – quatre hommes ainsi que l'ex-épouse de Mohamed Lahouaiej Bouhlel – ont été placées en garde à vue. D'après des informations du magazine Le Nouvel Observateur, l'un de ces individus et l'auteur du carnage auraient été en contact téléphonique peu de temps avant le feu d'artifice. Les autorités ont par ailleurs trouvé 2 600 euros en liquide, 11 téléphones et 200 grammes de cocaïne chez l'une des personnes placées en garde à vue.
#attentatNice: le tueur avait repéré les lieux les 12 et 13 juillet avec un poids lourd loué https://t.co/4PLDvL3DHHpic.twitter.com/oeOUu0qLWV
— RT France (@RTenfrancais) 17 juillet 2016
Un selfie envoyé à son frère juste avant la tuerie
D'après le journal britannique The Mirror, le terroriste aurait passé un coup de fil «joyeux» à son frère Jaber aux alentours de 16 h, le 14 juillet. Il lui aurait ensuite envoyé via Snapchat un selfie de lui-même en compagnie d'amis, dans la station balnéaire niçoise. Le jeune frère, âgé de 19 ans, a déclaré selon le Mirror : «[Mohamed Lahouaiej Bouhlel] m'a envoyé un selfie et m'a dit qu'il était heureux, et que tout dans sa vie était normal. Plus tard, quand nous [la famille Bouhlel] avons entendu parler de ce qui se passait à Nice, nous avons commencé à lui envoyer des messages, lui demandant s'il allait bien. Nous lui avons envoyé des messages jusqu'à 2h du matin».
Le site d'un autre journal britannique, le Mail Online, a également fait savoir que l'auteur de la tuerie avait envoyé à sa famille vivant en Tunisie 240 000 dinars tunisiens ( environ 98 000 euros) en espèces quelques jours avant le 14 juillet.
Des liens supposés avec la mouvance islamiste de Nice
Si aucune conclusion officielle n'a pour l'instant été tirée sur les liens entre Mohamed Lahouaiej Bouhlel et d'éventuels réseaux terroristes, Le Nouvel Observateur affirme que celui-ci a certainement entretenu des relations avec des hommes proches de la mouvance islamiste de Nice.
Samedi, l'Etat islamique avait revendiqué l'attaque du 14 Juillet : «L'auteur de l'opération [...] menée à Nice en France est un soldat de l'Etat islamique» (EI), avait déclaré le groupe islamiste, samedi 16 juillet, via son agence Amaq. «Il a exécuté l'opération en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l'EI», ajoutait le communiqué.
Selon les autorités, le lien entre Mohamed Lahouaiej Bouhlel et Daesh reste encore à prouver. La piste d'une implication du djihadiste niçois Omar Diaby proche du Front Al-Nosra (lié à Al-Qaïda et non à l'EI), évoquée dans un premier temps, a par ailleurs été écartée.
#NiceAttentat : les Niçois portent la rage au cœur, la douleur en bandoulière. Témoignages https://t.co/K4BeMDRznTpic.twitter.com/pP6j4u0NDU
— RT France (@RTenfrancais) 16 juillet 2016
Une «radicalisation éclair»... et des troubles psychologiques
Le profil de Mohamed Lahouaiej Bouhlel soulève encore de nombreuses interrogations : inconnu des services de renseignement, l'homme n'avait pas de «fiche S», n'était pas été signalé pour radicalisation et n'aurait jamais effectué de voyage en Irak ou en Syrie. Auteur toutefois d'actes de délinquance ordinaire, ce chauffeur-livreur tunisien de 31 ans se serait «radicalisé très rapidement», selon les mots du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Le terroriste aurait même «déclaré sa radicalisation» à ses proches, a fait savoir Le Journal du dimanche, au point d'arrêter de boire de l'alcool il y a deux semaines, selon des informations rapportées par l'Europe 1.
Les proches de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, en outre, ont affirmé que celui-ci souffrait de troubles psychiatriques, ce qui renforce l'incertitude sur ses motivations réelles.