Conférence sur l'Holocauste à Téhéran : Robert Faurisson jugé pour «diffamation raciale»
Un mois ferme et 3 000 euros d'amende ont été requis mardi à l'encontre du négationniste Robert Faurisson, jugé à Paris pour «diffamation raciale» pour des propos niant l'existence des chambres à gaz nazies lors d'une conférence à Téhéran en 2006.
L'ex-professeur universitaire en Lettres avait participé les 11 et 12 décembre 2006 à Téhéran à une conférence mettant en cause la réalité de l'Holocauste, qui avait suscité une condamnation quasi-unanime de la communauté internationale.
Parmi les propos visés, Robert Faurisson avait déclaré : «Le président Mahmoud Ahmadinejad a eu le mot juste, le prétendu "Holocauste" des juifs est un mythe, c'est-à-dire une croyance entretenue par la crédulité ou l'ignorance».
«Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l'Etat d'Israël et le sionisme international et les principales victimes sont le peuple allemand et le peuple palestinien tout entier», avait-il ajouté.
Selon l'accusation, si de tels propos tenus à l'étranger ne peuvent être poursuivis en France, ce n'est plus forcément le cas si ces derniers sont repris sur internet, comme dans cette affaire.
Trois plaintes ont été déposées contre Robert Faurisson. Deux d'entre elles, dont l'une du garde des Sceaux de l'époque Pascal Clément, portent sur la «contestation de crime contre l'Humanité». La troisième de la Licra vise la «diffamation raciale».
Pour sa défense, Robert Faurisson a exposé une nouvelle fois pendant plusieurs heures ses théories révisionnistes qui lui ont déjà valu des condamnations, se servant du tribunal comme d'une tribune.
Pour la représentante du parquet, qui estime la diffamation constituée, comme pour la partie civile, il ne fait aucun doute que lorsque Faurisson parle d'Israël et du sionisme international, il évoque la communauté juive.
«Nous sommes face à une diffamation proférée par haine du juif», a dénoncé Maître Christian Charrière-Bournazel pour la Licra.
Le procureur de la République saisi suite aux propos tenus lors du banquet de #Rivarolhttps://t.co/LB3SkfxklRpic.twitter.com/S4WjRrlsMC
— RT France (@RTenfrancais) 12 avril 2016
Mais pour l'avocat de Faurisson, Maître Daniel Viguier, il est abusif de tirer cette conclusion : «Tous les habitants d’Israël ne sont pas juifs et il y a des sionistes chez les chrétiens», a-t-il avancé.
L'avocat a par ailleurs contesté que le texte de son client diffusé sur internet soit la retranscription de son discours de Téhéran qui, dit-il, n'a duré que 10 minutes et a été prononcé en anglais.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 27 septembre.
Ce n'est pas la seule actualité juridique pour le négationniste, âgé aujourd'hui de 87 ans. En Avril 2016, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait saisi le parquet de Bobigny après les propos jugés antisémites que celui-ci avait tenu au banquet du journal d'extrême-droite Rivarol.