Dégressivité des allocations chômage : quand la gauche vire à droite toute
Alors que la renégociation des règles d’indemnisation chômage approche, de plus en plus de membres du gouvernement entrouvrent des portes. Mèneront-elles vers le rêve de la droite patronale ?
Un comble pour un pouvoir censé représenter les intérêts du bas peuple. Voilà des mois que la garde rapprochée de François Hollande teste. Un murmure par ci, une saillie par là. Voici que l'indéboulonnable assurance chômage, étendard d’un modèle à la française envié dans le monde, sonnerait le glas. Alors qu’en 2014, le président Hollande déclarait que «ce n'est pas à un moment où il y a un taux de chômage élevé qu'il faut réduire les droits des chômeurs», 2016 semble avoir ouvert de nouvelles perspectives.
Réduire les allocations #chomage , c'est expliquer aux chômeurs qu'en vivant plus mal ils trouveront un emploi que personne ne leur propose.
— Dion Jack (@DionJack2) 1 Février 2016
Crise VS ultra-libéralisme
Il semble que, 280 000 chômeurs et 8,1 milliards d'euros de déficit plus tard, la préservation de l’allocation chômage ne soit plus une priorité. François Hollande et Manuel Valls ont bien, tour à tour, demandé aux partenaires sociaux gestionnaires du régime de «tout faire» pour favoriser le «retour à l'emploi». Jusque ici rien de choquant.
Mais les règles d'indemnisation arrivent à échéance le 1er juillet. Syndicats et patronat se retrouvent autour du 20 février pour négocier la prochaine convention, alors que le chômage a atteint un record fin 2015 (3,59 millions de demandeurs d'emploi sans activité en métropole).
Dans ce contexte, la ministre du Travail Myriam El Khomri n'exclut pas un retour à la dégressivité des allocations. Elle a appelé dimanche à «regarder les choses de façon non passionnée», tout en admettant que dans les années 1990, «ce système n'avait pas prouvé son efficacité auprès des personnes les plus en difficulté».
Difficile de jeter la pierre aux chômeurs qui la lanceront, à leur tour, sur Myriam El Khomri. Pour rappel, quelques semaines après son intronisation en tant que ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, elle s’était prise les pieds dans le tapis sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin. Elle n’avait pas su dire le nombre de fois qu’un CDD est renouvelable en France...
Michel Sapin, le ministre des Finances n’est pas en reste. Sur le sujet, il a fait part de sa position : «Cela fait partie des choses qui seront discutées par les partenaires sociaux.» Mais il rassure. Selon lui, cela «doit s'accompagner d'autres pistes: si vous êtes dans la dégressivité d'un côté, vous devez être dans l'augmentation du droit à la formation, des droits à la reprise de l'emploi de l'autre».
Macron en pointe
Lorsque l’on s’attaque à l’ultra-libéralisme, le ministre de l’Economie et ex-banquier de Rothschild n’est jamais loin. Il a «précisé» lundi à Saint-Nazaire que «la dégressivité» des allocations chômage faisait partie des options «dont les partenaires sociaux auront à discuter».
Aujourd'hui, les demandeurs d'emploi bénéficient d'une allocation fixe (environ 57% de l'ancien salaire brut, 70% du net) tout au long de leur indemnisation, qui peut durer jusqu'à deux ans, et trois ans pour les seniors, avant de basculer dans le régime de solidarité financé par l'État.
Selon les statistiques officielles, le taux de chômage serait autour de 10,5% actuellement. Pour certains observateurs, il dépasserait les 20%. En cause, notamment, les radiations du Pôle Emploi.