Taubira, un bilan limité et très critiqué

Taubira, un bilan limité et très critiqué Source: Reuters
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Très critiquée par la droite et le FN, la ministre de la Justice est devenue l'icône de la gauche grâce à sa loi sur le mariage pour tous. Mais en dehors de cette loi et de la réforme pénale, peu de ses projets ont en réalité abouti.

La déchéance de nationalité aura eu raison de Christiane Taubira. Opposée à cette réforme, la garde des Sceaux, devenue une icône de la gauche depuis 2012, a remis mercredi sa démission, quelques heures seulement avant que le Premier ministre présente aux députés la dernière mouture du texte. 

Celle qui se dit «fière» de son mandat et qui affirme avoir permis d'examiner «25 textes de loi» pendant les trois ans à son poste, laisse néanmoins derrière elle un héritage controversé. 

Le mariage pour tous 

C'est sans doute l'une des lois qui a fait le plus polémique ces dernières années. A l'origine de manifestations monstres dans toute la France orchestrées par le mouvement conservateur La Manif pour tous, - opposée à ce projet qui permet désormais aux couples homosexuels de se marier -, la loi sur le mariage pour tous a été défendue bec et ongles par Christiane Taubira, parvenue à imposer cette promesse électorale de François Hollande malgré une opposition particulièrement hostile. 

Debout à l'Assemblée, elle avait impressionné son auditoire par sa verve et son éloquence, défendant la liberté d'aimer en citant sans notes un poème de Léon-Gontran Damas, poète guyanais. 

Face à la puissance de sa réthorique, de son engagement et du symbole défendu, certains avaient comparé son discours à celui de Robert Badinter sur la peine de mort ou à celui de Simone Veil sur l'avortement. 

Mais elle s'était également attiré les foudres de la droite et de l'extrême droite, dont elle était devenue la cible préférée. En témoigne le tweet du député Les Républicains Eric Ciotti ce mercredi, l'accusant d'être responsable de «la dérive laxiste que connaît notre Justice depuis 2012», ainsi que la célébration quasi unanime à droite et au FN de sa démission. 

Sur Twitter, le porte-parole des Républicains, Guillaume Larrivé, a renchérit, affirmant sans détour que «Mme#Taubira aura été le pire ministre de la Justice de la Vème République».

Mais concernant le mariage homosexuel, la démission de Christiane Taubira fait spécifiquement le bonheur de la Manif pour tous, qui n'a pas caché sa joie sur Twitter. 

Faisant partie avec le FN de ses plus virulents adversaires, la Manif pour tous accuse Christiane Taubira de «mettre en péril les droits de l'enfance» et d'avoir «ouvert la boîte de Pandore de la PMA et de la GPA» en faisant adopter la loi sur le mariage et l'adoption gay. 

Echaudés par la démission de Christiane Taubira, ceux qui ont pour credo le slogan «on ne lâche rien/#ONLR», espèrent que son départ ouvrira un boulevard qui permettra d'abroger la loi sur le mariage pour tous. 

La réforme pénale 

Autre cheval de bataille de la droite, la réforme pénale de Taubira a elle aussi fait couler beaucoup d'encre. Elle a valu à Christiane Taubira d'être taxée de laxisme à de multiples reprises par ses opposants, qui l'accusèrent de relâcher des criminels dans la nature. Elle a dû affronter une véritable vague de critiques en octobre 2015. Un homme âgé de 24 ans était alors en cavale. Après une permission de sortie, il n'avait pas souhaité réintégrer la maison d'arrêt de Fresnes. Malgré un signalement à la DGSI pour radicalisme, il avait réussi à échapper aux forces de l'ordre durant plusieurs mois avant de blesser grièvement, au mois d'octobre, un agent de police lors d'une fusillade à Saint-Ouen. L'événement avait entraîné plusieurs manifestations de policiers excédés.

Adoptée en 2014, la réforme pénale visait à modifier un ensemble de mesures concernant le mode d'incarcération et de sanctions pour les personnes condamnées.

Elle a notamment supprimé les peines planchers, pour les récidivistes, créées sous Nicolas Sarkozy, et multiplié les alternatives à la détention, afin de palier au manque de place dans les prisons. 

Pour le gouvernement, il s'agissaient de «punir plus efficacement, en adaptant la peine à chaque délinquant, afin de mieux prévenir la récidive». Le texte concerne exclusivement les auteurs de délits (vols, dégradations, outrages, délits routiers, violences, etc.) ; les criminels ne sont pas concernés (auteurs de viols, meurtres, vols à main armée, etc.). 

Bête noire de la droite, des syndicats policiers...et de Manuel Valls

Le texte avait fait l'objet de plus de 800 amendements, dont 650 de l'UMP rappelle Le Monde. Mais la droite n'était pas la seule vent debout contre ce texte, accusé de favoriser la récidive. Les syndicats policiers, et notamment Jean-Claude Delage, patron d'Alliance (gradés et gardiens), dénonçaient dans les pages du Figaro un «alourdissement de la procédure pour des enquêteurs qui n'en peuvent plus de subir un formalisme étouffant, créant un déséquilibre insupportable pour la sécurité de nos concitoyens». 

Pourtant, c'est au sein de son propre camp que la ministre allait le plus devoir se battre : dès l'été 2013, Manuel Valls, alors qu'il est encore ministre de l'Intérieur, fait part à François Hollande de ses désaccords dans un courrier qui finit par fuiter dans la presse. Le bras de fer s'engage entre les deux ministres, et est finalement remporté par Christiane Taubira. 

Un bilan limité et très critiqué 

«Au final, on aura eu beaucoup de mots et peu de réformes abouties», ironise Virginie Duval, présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), concernant le bilan de Christiane Taubira.

En près de quatre ans, face à la colère des personnels juridiques, la ministre n'aura pu faire aboutir tous ses projets, en premier lieu desquels ses réformes de l'aide juridictionnelle et des professions réglementées. 

Elle laisse toutefois en suspens un projet ambitieux : la refonte de la justice pour mineurs, lancée il y a un an, mais qui selon RFI ne serait toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Conseil des ministres.

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