Budget: les plus pauvres seront sur la sellette

Le gel des prestations sociales prévu dans le budget pourrait aggraver la pauvreté, malgré quelques revalorisations ciblées. Les plus vulnérables, notamment les personnes handicapées et les étudiants étrangers, seraient touchés. La hausse des franchises médicales et la baisse des aides à l’insertion et au logement inquiètent les associations.
Trois mois après l’annonce d’un taux de pauvreté record en France (15,4 % de la population), les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pour 2025 inquiètent les associations. Si certaines aides, comme celles pour les sans-abri ou l’aide alimentaire, augmentent légèrement, l’annonce d’un gel général des prestations sociales fait polémique.
Le revenu de solidarité active (RSA), les aides personnalisées au logement (APL), les allocations familiales ou l’allocation adulte handicapé (AAH) ne seront pas revalorisés, une mesure censée permettre 3,8 milliards d’euros d’économies. Mais selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ce sont les plus pauvres qui subiront le plus durement l’impact, avec une baisse potentielle de 1 % de leurs revenus.
Un RSA toujours diminué
Ce gel s’inscrit dans une tendance de désindexation progressive des aides sociales. Le RSA, par exemple, représentait 41 % du SMIC à sa création en 1988 contre 33 % aujourd’hui. Par ailleurs, l’accès aux APL serait supprimé pour les étudiants étrangers non boursiers hors UE, alors même que ceux-ci sont surreprésentés parmi les plus précaires.
Le doublement des franchises médicales alimente également les craintes : la participation forfaitaire pour les médicaments, soins ou transports de santé augmenterait, risquant d’encourager le renoncement aux soins pour des raisons financières.
Certes, certaines populations sont exonérées, comme les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S), mais seulement 56 % des ayants droit y ont réellement accès. Des personnes proches du seuil de pauvreté, ou en situation de handicap, risquent ainsi d’être exclues.
L’AAH sera par ailleurs moins favorablement prise en compte pour l’accès à la prime d’activité. Enfin, les coupes budgétaires touchent l’insertion par l’activité économique et le logement social, ce qui pourrait ralentir les parcours de réinsertion et aggraver les conditions de vie dans les quartiers défavorisés.