«Mépris détestable», «Shutdown imaginaire» : en France, Barnier sous le feu des critiques après son passage au 20h
Le Premier ministre français Michel Barnier était l'invité d'un journal télévisé le 26 novembre au soir. Il a défendu son projet de budget devant les Français. Une intervention du chef du gouvernement qui a été vivement critiquée par les oppositions.
«Je fais ce budget, il n’est pas parfait je le sais, on doit le modifier, on l’améliore […] Les Français me disent bon courage, tenez bon, on a besoin de stabilité». Lors de son passage au journal de 20h de TF1, le Premier ministre français Michel Barnier a tenté de se montrer rassurant sur sa capacité à mener à bien l'adoption du budget 2025.
Le moment est grave.
— Michel Barnier (@MichelBarnier) November 26, 2024
Les Français demandent de la stabilité. pic.twitter.com/UNCdOnnY3F
Le chef du gouvernement s’est en outre montré peu amène avec les parlementaires d’oppositions. «Il y a à Paris, dans le microcosme parisien des gens qui font des manœuvres, des petites phrases», a-t-il affirmé, avant d'ajouter : «Tous ces gens-là feraient mieux de consacrer leur énergie aux Français et à la France plutôt que de s’occuper de leur avenir». Des propos qui ont provoqué la colère de nombreux élus d’opposition.
Des parlementaires piqués au vif
Le sénateur socialiste (PS) du Val de Marne Pascal Savoldelli s’est montré dans les travées du Palais du Luxembourg très agacé de cette intervention. Il a dénoncé le «mépris détestable» de Michel Barnier pour les élus, regrettant par ailleurs un manque de clarté du chef du gouvernement sur la question d'un recours ou non au 49-3, cet article de la Constitution qui permet au gouvernement un passage en force à l'Assemblée nationale.
#Budget2025, après son intervention dans le 20H de TF1 où Michel Barnier a confirmé le recours au 49.3, le sénateur communiste @PSavoldelli94 dénonce "le mépris détestable" du Premier ministre à l'égard des parlementaires. pic.twitter.com/5iNLtwaTbe
— Public Sénat (@publicsenat) November 26, 2024
Du côté de l’Assemblée, la présidente du groupe Insoumis (LFI) Mathilde Panot a commenté sur le réseau social X : «Barnier menace du déluge après lui. Shutdown imaginaire, dette qu’ils ont eux-mêmes creusée et crise des marchés financiers gavés d'argent public». Le chef du gouvernement sera censuré «qu’il le veuille ou non», a-t-elle lancé.
«Michel Barnier, c’est Marine qui vous a installé, c’est elle qui vous débranche. Ne vous accrochez pas, laissez faire, tout ira bien !», a commenté, toujours sur le réseau social américain, l'élu LFI du Val d’Oise Carlos Bilongo.
Du côté du Rassemblement national (RN), la présidente du groupe au Palais Bourbon, Marine Le Pen, a commenté la prestation de Michel Barnier en revenant sur des éléments budgétaires que rejette son parti : «Les Français attendent des engagements clairs et fermes sur l’abandon des 3 milliards de hausse du prix de l’électricité, l’abandon du déremboursement de nouveaux médicaments et de la désindexation des retraites».
Brandissant de plus en plus la menace d'une censure du gouvernement Barnier, le RN n’a toujours pas fait savoir s’il voterait une motion à l’issue de la séquence budgétaire, mais cette hypothèse prend de l’ampleur depuis plusieurs jours.
De son côté, le président de Debout la France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan a estimé qu’il y a «urgence à censurer ce gouvernement», affirmant : «Soit il y a censure et le pays s’en sortira, soit il n’y a pas censure et on continuera comme avant».
Quel culot ! M. Barnier veut faire croire qu’une censure nuirait aux Français, alors que c’est sa politique qui fait du mal à la France ! Ne nous laissons pas manipuler !#censure#destitutionpic.twitter.com/uzGygpiKIU
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) November 26, 2024
Très critiqué par les oppositions, le Premier ministre n’a pu compter que sur une poignée de soutiens, parmi lesquels le ministre de l’Ecologie Agnès Pannier-Runacher qui, interrogée sur Sud Radio, a affirmé : «Je n'ai pas vu Michel Barnier reculer […] nous avons passé, par amendement gouvernemental, 5 milliards de baisse de dépenses complémentaires». Selon elle, «nous ne sommes pas au bout de la discussion budgétaire».
L’avenir du Premier ministre se trouve donc dans le vote des députés. Tout d’abord avec le retour à l'Assemblée du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), dont le vote est prévu la première semaine de décembre. Viendra ensuite le vote du budget de l’État, qui doit avoir lieu avant Noël. Les parlementaires pourraient à tout moment avoir recours à une motion de censure spontanée.