Risques de «guerre civile» selon Macron, rumeurs d'annulation des JO : les touristes viendront-ils à Paris ?

Risques de «guerre civile» selon Macron, rumeurs d'annulation des JO : les touristes viendront-ils à Paris ?© AFP
Les chiffres de l'hôtellerie et du secteur aérien prédisent une baisse du tourisme pendant les JO.
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Foule incontrôlable, prix exorbitants, boom de la criminalité, climat d’insécurité… et même «guerre civile» à l’horizon selon Macron. Autant de raisons qui rebutent les touristes étrangers, lesquels semblent peu enclins à se rendre dans la capitale parisienne pour les JO, à en croire les prévisions de l’hôtellerie et du secteur aérien.

Le Comité international olympique (CIO) envisagerait-il d'annuler les JO de Paris ? Cette folle rumeur, avancée dans un article du Journal du dimanche (JDD) et dans un édito du Point signé par Nicolas Baverez, parus respectivement les 3 et 4 juillet, s'est propagée comme une traînée de poudre.

À l'origine : les récentes déclarations du président Macron, qui s'est attiré les foudres des oppositions, en prédisant une «guerre civile» en cas d'arrivée au pouvoir du Rassemblement national ou de LFI à l'issue des élections législatives anticipées.

D’après Le Point, les propos du chef de l'État auraient «effaré» Thomas Bach, le président du CIO, qui se serait donné jusqu’à la mi-juillet pour prendre une décision et acter une éventuelle annulation.

Démenti du Comité international olympique

Une telle annonce serait en soi un séisme mais ne constituerait pas un précédent pour autant. Dans l’histoire des Jeux olympiques, pointe le JDD, les éditions de Berlin en 1916, Tokyo en 1940, Londres en 1944 et de nouveau Tokyo en 2020 ont été grandement affectées par la «situation extra-sportive du monde». Les trois premières ont été annulées en raison des deux guerres mondiales, alors que la dernière a été reportée d’un an à cause de la pandémie de Covid-19.

Le CIO a toutefois formellement démenti ce 4 juillet cette hypothèse dans un communiqué, dénonçant une «campagne de désinformation en cours contre la France». De son côté, la ministre française des Sports Amélie Oudéa-Castéra s'est empressée de dénoncer sur le réseau social X (ex-Twitter) des «fake news indécentes».

Baisse du tourisme

Au-delà du tollé provoqué par les propos du président Macron, la capitale parisienne est menacée pendant les JO par plusieurs risques sécuritaires, favorisés par une foule incontrôlable. À cela s'ajoutent les prix exorbitants qui, d’après les prédictions de la presse française et internationale, entraîneraient une baisse du tourisme.

Une enquête du magazine américain Forbes publiée le 2 juillet a mis l’accent sur les prévisions de l’hôtellerie et du secteur aérien français revus très nettement à la baisse pour la période des Jeux olympiques.

Citée par Forbes, la compagnie aérienne d’État française Air France-KLM a annoncé le 1er juillet qu'elle s'attendait à une perte pouvant atteindre 180 millions d'euros au cours du trimestre financier en cours, les touristes évitant Paris pendant les JO, organisés entre le 26 juillet et le 11 août.

Le secteur aérien anticipe ses pertes

«Les marchés internationaux montrent une tendance à éviter Paris», a déclaré le transporteur dans un communiqué. Avant d'ajouter : «Les voyages entre la ville et d'autres destinations sont également inférieurs à la moyenne habituelle de juin à août, car les résidents en France semblent reporter leurs vacances après les Jeux olympiques ou envisager d'autres projets de voyage.»

En conséquence, Air France-KLM s'attend à «un impact négatif sur ses prochaines recettes de 160 à 180 millions d'euros pour la période de juin à août 2024». Les voyages vers la France devraient revenir à la normale après la fin des JO, «avec des niveaux de demande encourageants prévus pour la fin août et le mois de septembre».

Pour rappel, Air France-KLM a déclaré un chiffre d'affaires de plus de 9,3 milliards de dollars au troisième trimestre 2023, porté par une forte demande estivale.

L’hôtellerie compte ses chambres vides  

Le communiqué d’Air France concorde avec les données de l’Office du tourisme de Paris, qui prévoyait récemment une baisse de 14,8% des arrivées étrangères en juillet 2024 par rapport au même mois de 2023.

La même tendance se retrouve dans l’industrie hôtelière, relève encore Forbes. À un mois du début des Jeux olympiques d’été, les taux d’occupation des hôtels parisiens culminent à 77,8% le 27 juillet, selon les dernières données Forward STAR de CoStar.

La soirée d'ouverture arrive juste derrière, puisque le 26 juillet affiche actuellement un taux d'occupation de 77,7%. Le taux d’occupation le plus bas de la période olympique de cet été est de 59,8% le 11 août, dernière soirée de la compétition.

Mais l'ensemble de la période olympique reste en dessous de la moyenne d'occupation de 81,4% que la ville a connue en juillet 2023, comme le rapporte l'Insee, l'Office officiel des statistiques de France.

Impact positif malgré tout

Malgré tout cela, tempère Forbes, les Jeux olympiques d'été de 2024 devraient être nettement positifs pour Paris, générant un impact économique prévu de 8,9 milliards d'euros (9,6 milliards de dollars américains) pour la ville, selon une étude indépendante du Centre pour le droit et l'économie de Paris. Entre 2,3 et 3,1 millions de visiteurs munis d'un billet pour les JO sont attendus à Paris pendant les Jeux, dont environ deux tiers de Français. Ces visiteurs devraient dépenser 2,8 milliards de dollars, selon l'Office du tourisme de Paris.

En somme, les experts du secteur s’accordent à penser que les touristes reviendront à Paris dès la fin des Jeux olympiques. «La baisse de la demande que nous observons au début de l'été peut être considérée comme un ajustement temporaire», a déclaré à Forbes Christina Choueifaty, directrice de comptes senior chez STR, une société qui fournit des données d'analyse comparative des hôtels.

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