Macron au 20h trois jours avant les Européennes : les oppositions saisissent l’ARCOM
Le Président de la République s’adressera aux Français à 20 heures jeudi 6 mai pour évoquer l’actualité internationale. Les oppositions et des journalistes s’indignent d’une telle intervention trois jours avant les élections européennes. Le président français annoncera-t-il un envoi de formateurs militaires en Ukraine ?
En décidant de s’adresser aux Français à 20 heures sur les chaînes TF1 et France 2 jeudi 6 juin 2024, 72 heures avant les élections européennes, le président Emmanuel Macron a suscité un tollé. Les Républicains et les Insoumis ont annoncé qu’ils saisiraient l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM).
« Nous allons saisir l'Arcom car il n'y a pas de candidature officielle en démocratie ! » Interrogée au micro de RTL lundi matin, la tête d’affiche Insoumise aux élections européennes Manon Aubry a fait savoir que son parti allait saisir l’autorité de régulation des médias pour étudier l’opportunité de la prise de parole du président Macron.
Son homologue communiste Fabien Roussel, quant à lui, a réclamé que le temps de parole du président soit « décompté de celui de la liste Renaissance ». A droite, le président des Républicains Éric Ciotti réclame également un décompte de ce temps de parole.
« Un nouveau détournement électoral indécent »
La charge la plus rude est venue du chef de file LR aux européennes, François-Xavier Bellamy, qui a dénoncé sur « un nouveau détournement électoral indécent ». L’eurodéputé a également dénoncé l’attitude du Premier ministre qui s’est invité lundi matin dans une émission à laquelle participait Valérie Hayer en direct sur France Info.
François-Xavier Bellamy s'est interrogé: « Est-ce que c’est normal qu’en pleine campagne on ait une telle confusion des rôles ? ». Il est revenu sur le cas du président en demandant « quelle est l’urgence d’actualité internationale qui exige que le président de la République mobilise tous les journaux télévisés à la veille de la fin de la campagne officielle ? »
Quelle urgence peut bien imposer que le président réquisitionne les JT la veille d'une fin de campagne ? Quand la presse lit déjà ce choix comme « la dernière chance » de sa liste, il est clair qu'il s'agit d'un nouveau détournement électoral indécent. https://t.co/1q8cxVnAeJ
— Fx Bellamy (@fxbellamy) June 2, 2024
Des journalistes dénoncent l’attitude du président
Plusieurs figures médiatiques ont complété les critiques de l'opposition. Sur le réseau social X, Éric Revel, directeur de la revue l’Hémicycle et ancien directeur de LCI et France Bleu estime que le président « tente un hold-up médiatique jeudi » et pense y voir un « signe que la panique est totale à l’Elysée ».
Sur la chaine CNews, le journaliste Jean-Sébastien Ferjou, estime pour sa part que ce choix est dangereux pour le président : « Il se trompe lourdement de ne pas réaliser à quel point sa personne est devenue un repoussoir pour les électeurs ».
remarques pertinentes, interrogations légitimes https://t.co/hPaUo41vqX
— Abel Mestre (@AbelMestre) June 3, 2024
La profession semble par ailleurs assez étonnée des agissements du président. Ainsi le journaliste politique du Monde Abel Mestre a-t-il réagi aux critiques du LR François-Xavier Bellamy qu'il a qualifiées de « remarques pertinentes, interrogations légitimes ».
Une annonce choc ?
La teneur des propos d'Emmanuel Macron est encore incertaine, mais son intervention aura lieu le jour du 80e anniversaire du débarquement de Normandie, auquel a été convié le président ukrainien Volodymyr Zelensky et non une délégation russe, comme certains médias l'avaient pensé au mois de mai.
Or, l’agence Reuters, citant plusieurs sources diplomatiques, a indiqué le 30 mai dernier que Paris pourrait annoncer début juin l'envoi de formateurs militaires en Ukraine, en dépit des craintes de certains et des mises en garde de Moscou.