Professeur tué en France : des funérailles sous haute surveillance
- Avec AFP
Avec émotion et sous protection policière, la ville d'Arras, dans le nord de la France, a rendu ce 19 octobre un dernier hommage au professeur Dominique Bernard, poignardé à mort devant son collège-lycée par un ancien élève fiché pour radicalisation islamiste.
Les obsèques de Dominique Bernard, professeur de français âgé de 57 ans, marié à une enseignante et père de trois filles aujourd'hui majeures, ont débuté ce 19 octobre en milieu de matinée à la cathédrale d'Arras, dans le nord de la France, en présence du président Emmanuel Macron, de son épouse Brigitte et du ministre de l'Education Gabriel Attal.
Présidée par l'évêque d'Arras Mgr Olivier Leborgne, la cérémonie religieuse était retransmise sur grand écran sur la place des Héros, au pied du beffroi de la ville, au milieu d'un important dispositif de sécurité. Les cours ont été suspendus le matin au collège-lycée Gambetta-Carnot, théâtre de l'attaque, permettant au personnel et aux élèves d'y assister.
Dominique Bernard a été nommé ce 19 octobre chevalier de la Légion d'honneur, le plus important ordre honorifique français. Son décès le 13 octobre, survenu presque trois ans jour pour jour après l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty en région parisienne par un jeune homme radicalisé, a suscité une onde de choc, en particulier chez les enseignants.
Le tueur se revendique de l'Etat islamique
Dans un entretien à l'hebdomadaire chrétien français La Vie, le 18 octobre, la mère et la sœur de l'enseignant, décrit par ses collègues et ses élèves comme un homme passionné et à l'écoute, disent espérer qu'il «soit le dernier» professeur assassiné. «Si seulement ça pouvait créer un électrochoc pour nous faire dire à tous qu'il faut de la tolérance, pour que la France reste une terre d'accueil», ajoutent-elles.
La France est passée en alerte «urgence attentat» dès le soir de l'attaque menée par Mohammed Mogouchkov, 20 ans, originaire de la République russe d’Ingouchie, qui se revendique de l'organisation djihadiste de l'Etat islamique.
Des craintes renforcées par le contexte du conflit entre Israël et le Hamas, qui a également amené les autorités à renforcer les mesures de vigilance et de sécurité. Le collège-lycée Gambetta-Carnot a été évacué le matin du 16 octobre après une fausse alerte à la bombe, maintenant élèves, parents et enseignants sous tension.
D'autres alertes ont entraîné ces derniers jours des évacuations d'établissements scolaires dans toute la France, ainsi que du musée du Louvre à Paris, du château de Versailles ou encore d'aéroports.
Climat d’inquiétude, sur fond d’attentats islamistes
L'inquiétude s'est encore aggravée avec les meurtres le 16 octobre au soir à Bruxelles en pleine rue de deux Suédois. Un attentat revendiqué par un Tunisien ensuite abattu par la police.
Mohammed Mogouchkov a été mis en examen pour assassinat en lien avec une entreprise terroriste et écroué le 17 octobre. Son frère de 16 ans l'est pour complicité et un cousin de 15 ans pour abstention volontaire d'empêcher un crime.
L'assaillant avait semé la panique dans l'établissement le 13 octobre au matin, deux couteaux en main, tuant Dominique Bernard avant de blesser trois autres adultes, dont deux grièvement, puis d'être interpellé.
Fiché pour radicalisation, il était suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) «depuis la fin du mois de juillet», selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en raison des liens avec son frère, emprisonné pour sa participation à un projet d'attentat à Paris visant le palais présidentiel de l'Elysée, et son père, lui aussi fiché par le renseignement. Ce dernier, expulsé en 2018, se trouve «très probablement» en Géorgie, selon une source policière.