Cinquième nuit d'émeutes : 719 interpellations, 26 postes des forces de l'ordre pris pour cible
- Avec AFP
La France a connu une cinquième nuit de violences. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin estime qu'elles ont été moindres. Les chiffres restent toutefois élevés, et le domicile d'un maire a été attaqué à la voiture-bélier.
Le ministère de l'intérieur a annoncé ce 2 juillet que les forces de l'ordre avaient procédé à 719 interpellations dans tout le pays, notamment pour port d'objets susceptibles de servir d'armes ou de projectiles. La veille, leur nombre était monté à 1 300 interpellations, un chiffre record depuis le début des émeutes.
«Nuit plus calme grâce à l'action résolue des forces de l'ordre», s'est immédiatement réjoui le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur Twitter. Le domicile du maire de L'Häy-les-Roses, dans le Val-de-Marne, a néanmoins été attaqué à la voiture-bélier, sa femme et l'un de ses deux enfants ayant été blessés.
Quelque 45 policiers et gendarmes ont de surcroît été blessés, 577 véhicules et 74 bâtiments incendiés, tandis que 871 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique, a indiqué ce 2 juillet au matin le ministère. De plus, dix commissariats, dix casernes de gendarmerie et six postes de police municipale ont été pris pour cible, toujours selon le ministère.
Pour la deuxième nuit consécutive, le ministre avait reconduit un dispositif de 45 000 policiers et gendarmes, dont 7 000 à Paris et en proche banlieue, et des renforts conséquents à Marseille (sud) et Lyon (est), les principales agglomérations touchées la veille par les heurts, destructions ou pillages.
Installations de barricades en feu pour bloquer les policiers. Tensions en cours. pic.twitter.com/7LRZH3WXp5
— Clément Lanot (@ClementLanot) July 2, 2023
Le Raid et le GIGN à Marseille
A Marseille, sur la Canebière, cœur de la deuxième ville de France, d'importants effectifs de forces de l'ordre, épaulées par les unités d'élite du Raid et du GIGN (gendarmerie), sont parvenus à disperser les groupes de jeunes qui avaient semé le chaos la veille, ont constaté des journalistes de l'AFP.
«Ils sont venus spécialement pour casser, voler et repartir», a déploré dans cette ville un commerçant du centre commercial du Merlan, Youcef Bettahar. «On est vraiment dégoûté de ce qu'il se passe.»
Des pillages en cours dans les boutiques du centre-ville de Montpellier.
— Nicolas Meizonnet (@NMeizonnet) July 1, 2023
On en a assez ! Aucun cadeau ne doit être fait à ces voyous !#emeutespic.twitter.com/WGNT82zRoI
A Paris, un important dispositif a été déployé le long des Champs-Elysées, où des appels à se rassembler circulaient sur les réseaux sociaux, a constaté une journaliste de l'AFP. Tout au long de l'avenue, des petits groupes de jeunes vêtus de noir ont déambulé sous les yeux de CRS devant les commerces, dont les devantures étaient protégées par de planches de bois. Derrière des grilles noires, le célèbre restaurant Le Fouquet's a accueilli normalement ses clients pour le dîner. Les derniers groupes ont été évacués avant 2h.
Le reporter Clément Lanot a estimé que la nuit du 1er au 2 juillet s'était avérée plus calme que les précédentes à Paris.
🔴 Une voiture retournée à côté des #ChampsÉlysées : seul incident majeur de la soirée alors que le dispositif policier est énorme à #Paris.
— Clément Lanot (@ClementLanot) July 1, 2023
Pas d’incident à #Nanterre pour le moment. pic.twitter.com/XclyqxXGXA
En banlieue parisienne, point de départ des émeutes, des policiers ont été la cible de tirs de mortiers d'artifice à Vigneux, au sud de Paris. Pour tenter d'enrayer la spirale de violence, de nombreuses communes françaises ont instauré un couvre-feu et les réseaux de transport en commun ont été fermés plus tôt que prévu, notamment celui des bus et tramways en région parisienne à partir de 21h.
Le conflit lié à sa controversée réforme des retraites à peine surmonté, Emmanuel Macron se retrouve confronté à l'embrasement des banlieues, une deuxième crise en quelques mois. Fin mars, c'est la visite de Charles III en France qui avait dû être annulée, en raison de la crise sociale.