Emeutes après la mort de Nahel : le spectre de la contagion

Emeutes après la mort de Nahel : le spectre de la contagion© Zakaria ABDELKAFI Source: AFP
Des sapeurs-pompiers interviennent sur une voiture incendiée à Nanterre, au cours d’affrontements avec entre des jeunes et les forces de l’ordre, le 27 juin 2023. (Photo d’illustration).
Suivez RT en français surTelegram

La mort de Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle de police, a mis le feu à Nanterre et à de nombreuses autres communes, en proie aux émeutes. Entre indignation et émotion, les appels au calme de responsables politiques seront-ils entendus ?

Les banlieues de l’Ouest parisien s’embrasent.

Dans la nuit du 27 au 28 juin, des émeutes et des affrontements avec la police ont éclaté à Nanterre (92) et dans d’autres communes, principalement de la région parisienne. Mobilier urbain et voitures brûlées, jets de pierres et nombreux tirs de mortiers d’artifice contre les forces de l’ordre, charges de police et gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les assaillants, pompiers et journalistes agressés, la ville de Nanterre a connu un niveau de violence auquel elle n’était pas accoutumée.

Les violences ont débuté dans le quartier du Vieux Pont et le long du boulevard National, avant de s’étendre à la cité Pablo Picasso dans laquelle vivait une partie de la famille de Nahel, victime d’un tir mortel de la police après un refus d’obtempérer, plus tôt dans la journée. Durant la nuit, les émeutes se sont propagées dans tout Nanterre, «du Nord au Sud et d’Est en Ouest», selon un policier présent sur place, interrogé par Le Figaro. Plusieurs bâtiments ont été incendiés durant les affrontements, notamment le centre de musique Daniel-Féry, le centre de loisir des Gavroches et l’école élémentaire Picasso, selon les constatations des forces de l’ordre.

France : émeutes à Nanterre contre la police

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé ce 28 juin «l’arrestation de 31 personnes quasiment toutes dans le périmètre de la préfecture de police» de Nanterre. Il a dénoncé les «violences urbaines» et précisé que «24 policiers et gendarmes» avaient été blessés. Les personnes arrêtées ont reçu dans la nuit la visite de plusieurs députés de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale, gauche), dont Louis Boyard et Antoine Léaument, venus s’assurer de leurs conditions de détention. 

Bâtiments en feu et affrontements avec la police

Le spectre de la contagion hante les forces de l’ordre depuis les émeutes de 2005, qui avaient vu la plupart des banlieues françaises s’embraser après la mort de deux jeunes, électrocutés en tentant d’échapper à la police. S’il est trop tôt pour constater un phénomène d’ampleur, la police a fait état de «mouvements sporadiques» à Asnières, Boulogne-Billancourt, Colombes, Suresnes, mais aussi Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) Montfermeil et Mantes-la-Jolie (Yvelines), où une mairie de quartier est partie en cendres. Des violences ont aussi été constatées dans des cités de Colmar, Bordeaux et Marseille. Que les violences urbaines se répandent, c’est ce que certains Nanterriens prédisaient, à l’exemple de Nassim, interrogé par Libération dans la nuit du 27 au 28 juin : «Bientôt, il va y avoir ceux de Gennevilliers, ceux de Bougival, ceux d’Asnières, ceux de Clichy, même ceux du 77 et du 78. Ça ne fait que commencer.»

On semble craindre – du côté des forces de l’ordre – ou espérer – parmi les émeutiers – que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. Les grandes émeutes de 2005 avaient été causées par la mort de deux jeunes gens, électrocutés dans un transformateur alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois. Celles de Nanterre ont également pour cause un décès dans le cadre d’une intervention policière.

Nanterre : heurts entre forces de l'ordre et émeutiers

Le 27 juin, Nahel a été tué par balles lors d’un contrôle routier à Nanterre, alors qu’il tentait de fuir en mettant en danger la vie d’un policier, selon les forces de l’ordre.

L’auteur du tir mortel en garde à vue

Agé de 17 ans, il était au volant d’une Mercedes AMG immatriculée en Pologne quand il a été arrêté par deux policiers. L’un d’eux, accoudé sur le pare-brise du véhicule, tenait en joue le conducteur. L’agent a fait feu lorsque l’individu a actionné la marche avant pour fuir.

Cette version, et notamment la légitimité du tir, est contestée par l’avocat de la famille et de nombreuses personnalités politiques et médiatiques. Yassine Bouzrou, Jennifer Cambla et Abdelmadjid Benamara, les avocats des proches de Nahel, ont annoncé le 7 juin qu’ils allaient porter plainte contre l’auteur du tir mortel pour «homicide volontaire». «La plainte visera également son collègue, pour complicité d’homicide volontaire», ont ajouté les avocats.

Le policier est déjà sous le coup d’une enquête confiée à l’IGPN pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’ordre public et a été placé en garde à vue dans la soirée du 27 juin, mesure qui a été prolongée ce 28 juin. Gérald Darmanin a précisé que Laurent Nunez, préfet de police de Paris, «prendrait des sanctions administratives si des charges devaient être retenues contre le policier à l’issue de sa garde à vue et s’il est avéré que, comme le montrent les images, ses gestes ne sont pas conformes aux instructions et à la loi de la République». Toujours le 27 juin, le préfet s’est pour sa part dit «interpellé» et «choqué» par la vidéo des faits qui circule sur les réseaux sociaux. 

Macron appelle au «respect et au calme»

Parmi les autres réactions publiques à ce drame, le comédien Omar Sy a appelé dans un tweet du 27 juin à ce «qu’une justice digne de ce nom honore la mémoire de cet enfant». Sur le même canal, le footballeur Kylian Mbappé a déclaré ce 28 juin : «J’ai mal à ma France. Une situation inacceptable. Toutes mes pensées vont pour la famille et les proches de Nahel, ce petit ange parti beaucoup trop tôt.»

Le 27 juin toujours, Mathilde Panot, députée Nupes, a dénoncé dans un tweet les morts pour refus d’obtempérer. Elle a tenu à faire un «rappel au gouvernement : la peine de mort a été abolie. Le permis de tuer n’existe pas dans ce pays». De son côté, la députée Renaissance (majorité) Caroline Abadie, interrogée le même jour par LCP, a fait part de son «émotion», mais a rappelé que c’était la police qui détenait «le droit de faire usage de la force». «Quand il y a un barrage de police, on s’arrête. Point barre», a-t-elle ajouté.

Enfin, Emmanuel Macron a été interrogé ce 28 juin à la mi-journée sur les circonstances du drame dans le cadre de son déplacement à Marseille. «Un adolescent tué, c’est inexplicable et inexcusable», s’est-il indigné, appelant toutefois à la désescalade : «Il faut du calme partout parce qu’on n’a pas besoin d’avoir de l’embrasement.» Un message qu’il a martelé un peu plus tard sur Twitter. «Nous partageons l’émotion et la peine de la famille et des proches du jeune Nahel. Je veux leur dire notre solidarité et l’affection de la nation», a-t-il écrit, ajoutant que «c’est à la justice d’établir la vérité et d’assigner les responsabilités. Je souhaite que son travail puisse aboutir rapidement. Dans un tel contexte, ce dont Nanterre et la nation ont besoin, c’est de respect et de calme».

Reste à voir la nuit prochaine si son appel aura été entendu ou si l’embrasement va se poursuivre.

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix