La proposition du gouvernement d'un «trimestre anti-inflation» critiquée par des associations
- Avec AFP
Trois importantes associations de consommateurs protestent contre le projet du gouvernement d'un «trimestre anti-inflation» qui demande aux grandes enseignes de baisser leur prix et exigent la suspension de la disposition dite «SRP+10».
Trois associations de consommateurs ont critiqué l'opération commerciale «trimestre anti-inflation», qui n'aboutira «en aucun cas» aux prix «les plus compétitifs possibles» faute de suspendre une disposition légale obligeant les supermarchés à garder une marge de 10% sur les produits alimentaires, selon un courrier au gouvernement consulté le 9 mars par l'AFP.
L'UFC-Que choisir, Familles rurales et Consommation logement cadre de vie (CLCV), trois importantes associations de consommateurs, ont écrit une lettre ouverte à Elisabeth Borne, se montrant très critiques sur l'opération dite du «trimestre anti-inflation», annoncée le 6 mars par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire.
Cette opération, qui doit entrer en vigueur le 15 mars jusqu'au 15 juin, consiste à laisser les enseignes de la grande distribution choisir librement une sélection de produits sur lesquels elles s'engagent à proposer «le prix le plus bas possible» en rognant sur leurs marges.
Privilégier le revenu des agriculteurs
Cette expression n'est toutefois pas définie par la loi, faisant dire aux associations que le gouvernement «se contente aujourd'hui de s'en remettre à la bonne volonté de la grande distribution pour qu'elle limite ses marges (ou prétende le faire à travers des opérations purement marketing)».
Guylaine Brohan, présidente de Familles rurales, Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir et Jean-Yves Mano, président de la CLCV, suggèrent plutôt au gouvernement de suspendre une disposition dite «SRP+10», entrée en vigueur en 2019.
Cet encadrement du «seuil de revente à perte» (SRP), son nom complet, a été adopté dans le cadre de la loi Egalim 1 qui était censée protéger le revenu des agriculteurs. Il oblige les supermarchés à vendre les produits alimentaires au moins 10% plus cher que le prix auquel ils l'ont acheté.
Selon des travaux d'évaluation parlementaires, la mesure «ne semble avoir que très partiellement atteint son objectif» d'accroître la rémunération des producteurs agricoles. La commission des Affaires économiques du Sénat estimait, dans un rapport d'information sur les négociations commerciales et l'inflation, le coût de cette mesure pour les consommateurs à 600 millions d'euros.
Cette mesure est entrée en vigueur à titre «expérimental» jusqu'au 15 avril 2023, mais une proposition de loi votée en première lecture à l'Assemblée nationale et au Sénat, celle du député Renaissance Frédéric Descrozaille, prévoit de la reconduire.