Sous pression, la mairie de Lyon annule une table ronde avec le Franco-Palestinien Salah Hamouri
- Avec AFP
Une conférence prévue à l'hôtel de ville de Lyon en présence de Salah Hamouri a été annulée, a annoncé son maire Grégory Doucet. La présence de l'avocat Franco-Palestinien avait suscité l'ire de plusieurs acteurs locaux.
Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a annulé le 30 janvier une table ronde en présence de l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri.
«Je le fais dans mon rôle de maire qui doit assurer la paix civile et la concorde dans la ville», a déclaré Grégory Doucet au cours d'un point de presse, soulignant qu'il regrettait de ne pouvoir «garantir sereinement la liberté d'expression» dans un contexte marqué par une flambée de violences en Israël. La conférence intitulée «Trente ans après la signature des Accords d'Oslo, regards sur la Palestine», était prévue le 1er février à l'Hôtel de Ville.
La présence de Salah Hamouri, soupçonné par Israël de liens – ce qu'il nie – avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l'Etat hébreu et l'Union européenne, a été perçue comme une «provocation» par plusieurs acteurs locaux. Il a été expulsé le 18 décembre par Israël, après plusieurs mois de détention.
Une commémoration houleuse
Le 29 janvier, une de ses adjointes, Florence Delaunay, a dû quitter précipitamment une cérémonie dédiée au souvenir de la libération du camp d’Auschwitz après avoir été huée par le public, a constaté un correspondant de l'AFP.
«Il y a eu violence verbale très forte, une forme d'intimidation [...] et je dois tout faire pour que la violence subie là-bas ne soit pas importée ici», à Lyon, a justifié Gregory Doucet. Du fait des «risques de troubles à l'ordre public», la préfecture du Rhône avait mis en demeure la mairie d'annuler la conférence avec Salah Hamouri dans un courrier le 30 janvier matin.
Le grand rabbin de Lyon, Daniel Dahan, a ainsi annoncé le 29 janvier qu'il se retirait d'un groupe interconfessionnel créé en 2002 par la mairie de Lyon pour promouvoir le «bien vivre ensemble», en affirmant ne pouvoir «donner [sa] caution morale à des personnes qui, au lieu de promouvoir la paix dans la cité, vont bien au contraire attiser les tensions communautaires».
La semaine dernière, le maire de Lyon avait défendu dans les colonnes du journal Le Progrès l'organisation de ce «focus sur le territoire palestinien» et sa décision d'inviter l'avocat franco-palestinien qui vit en France depuis son expulsion d'Israël, jugée «contraire au droit» par Paris. «C'est un citoyen français qui a le droit de s'exprimer», a-t-il souligné.
«On va continuer à travailler pour trouver les bonnes formules qui nous permettront de mettre sur la table le sujet de la situation au Proche-Orient trente ans après les accords d'Oslo», a affirmé Gregory Doucet en rappelant qu'il était «aligné sur la position de la France sur une solution à deux Etats».