Citoyens russes comparés à des «cafards» et des «rats» sur LCI : un journaliste assume puis nuance
Eric Brunet a assuré qu'il souscrivait à l'intervention d'une invitée de son émission qui venait de comparer des citoyens russes à des «cafards». Il a ensuite rétropédalé, tout en expliquant qu'il comprenait parfaitement le discours de son invitée.
Durant la diffusion en direct de l'émission Brunet, Hammett & Cie du 29 novembre, une confusion s'est installée sur le plateau de LCI face à une succession d'appels à la haine contre la société russe, émanant de l'intervenante Alla Poedie, Ukrainienne arrivée en France dans les années 1990. Fondatrice d'une société de conseil, elle est habituée des plateaux télévisés français depuis le conflit russo-ukrainien.
On ne va pas parler des Russes qui souffrent en France, qu’ils rentrent en Russie
A l'antenne de la chaîne télévisée (à partir de 1h48), les propos d'Alla Poedie ont gagné en intensité peu après une intervention de Samantha de Bendern (chercheuse associée à l'Institut royal des affaires internationales) au cours de laquelle celle-ci s'inquiétait de l'existence d'un phénomène de discrimination antirusse au sein de certaines sociétés occidentales.
«C’est une de vos marottes [mais] on n’a peu d’informations [qui] nous disent que des Russes ont été pris à partie. [...] Qui attaque des Russes en Italie ? Qui casse la gueule à des Russes en Allemagne, personne ! Personne ! Donc ça va !», a d'abord sèchement répondu à son interlocutrice le journaliste Eric Brunet, animateur de l'émission.
Et Alla Poedie d'abonder en ce sens : «On ne va pas parler des Russes qui souffrent en France, qu’ils rentrent en Russie […]. Ce sont les Ukrainiens qui souffrent», a-t-elle commencé, avant de s'exprimer sur la société russe de façon plus globale, estimant qu'il ne fallait pas attendre qu'elle «renaisse».
«Leurs cerveaux sont tellement décomposés, ils sont tellement travaillés par le régime pour certains […]. Il faut que la Russie porte ses responsabilités, avec ses citoyens qui sont partout dans le monde et qui sont parfois très nuisibles», a-t-elle en effet poursuivi, faisant notamment référence à la thématique de l'espionnage entre différents pays. Thématique qui a d'ailleurs amené Alla Poedie à plaider en faveur de la destruction du centre culturel russe situé dans le VIIe arrondissement de la capitale française.
Ils quittent le pays comme des cafards, ils peuvent pas se battre !
«Ce centre culturel russe est honteusement planté en plein cœur de Paris, [quand] on passe à travers c’est infesté par les espions russes, on les voit partout. Il faut complètement détruire ce centre, il n’a pas le droit d’exister», a-t-elle en effet estimé, provoquant les remontrances d’un de ses interlocuteurs, Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, qui lui demande alors son avis sur les Russes qui ont quitté leur pays en raison de la mobilisation.
«Ils quittent le pays comme des cafards, ils peuvent pas se battre !», lui a répondu Alla Poedie, alors soutenue par l'animateur de l'émission. «J'assume sur ce point être en accord avec Alla», a en effet déclaré le journaliste Eric Brunet, en comparant d'un côté ce qu’il a décrit comme l’inaction de la société russe face à son gouvernement, et de l'autre, les sociétés chinoise et iranienne, qui font actuellement l’objet d'importants mouvements de contestation sur des sujets de politique intérieure.
«Chuuut !» : Alla Poedie discrètement priée de se taire ?
Face aux remontrances du haut responsable du Figaro Magazine concernant la comparaison avec des «cafards», Alla Poedie a ensuite proposé d'utiliser le terme de «rats», avant un retentissant «chuuut !» témoignant de la gêne grandissante sur le plateau.
Quelques instants plus tard, Eric Brunet assurera être opposé à la comparaison des cafards, tout en expliquant qu'il la comprenait parfaitement dans la bouche de son invitée... Cette dernière ne manquera pas de revendiquer, avant la fin de l'émission, le droit de diaboliser la société russe dans son ensemble, affichant d'ailleurs sa volonté de voir la Russie «disparaître de la planète».
Face aux remontrances suscitées par certaines de ses comparaisons, Alla Poedie a réagi sur les réseaux sociaux en feignant l'ignorance sur les relents nauséabonds d'une telle comparaison au sein de la société française. Elle n'a en revanche pas manqué de dénoncer ce qu'elle considère être un «totalitarisme» l'empêchant d'utiliser librement certains termes.
#Totalitarisme#linguistique#abrutissementpic.twitter.com/RG4DH3G9V0
— Alla Poedie 🇺🇦🇫🇷 (@AllaPoedie) November 30, 2022
Le gendarme de l'audiovisuel, l'Arcom, n'a pour le moment pas réagi à la séquence.