Le ministère de la Santé a dépensé 28,8 millions d'euros en cabinets de conseil pendant le Covid-19
Un rapport de la Commission des finances note que 28,8 millions d'euros ont été dépensés auprès des cabinets de conseil par le ministère de la Santé entre 2020 et 2022 pour la gestion de la crise du Covid-19.
La Lettre A a repéré dans le rapport «santé» du budget de l'Etat de la députée LR et membre de la Commission des finances Véronique Louwagie, enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 6 octobre, que le ministère de la Santé avait déboursé des dizaines de millions d'euros auprès de 6 cabinets de conseil, McKinsey en tête entre 2020 et 2022 dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Les prestations commandées portaient essentiellement sur les systèmes d'information, la modélisation, la logistique et l’accompagnement stratégique
Selon le rapport, ce sont 28,8 millions d'euros qui ont été dépensés auprès de ces cabinets, dont 17,4 millions d'euros pendant la deuxième phase de la crise (entre mars 2021 et mai 2022).
Les six cabinets qui se sont partagé cette somme sont Accenture, Citwell Consulting, CGI France, McKinsey & Orphoz et Urbilog.
«Les prestations commandées portaient essentiellement sur les systèmes d'information, la modélisation, la logistique et l’accompagnement stratégique», précise le rapport.
Un tableau montre le détail des 33 prestations payées sur la période allant de mars 2021 à mai 2022 pour un total de 17,431 millions d'euros. On y lit par exemple que McKinsey s'est fait rémunérer 3 prestations pour environ 6,7 millions d'euros entre mars et août 2021 pour la mise en place de la politique de vaccination.
La deuxième société qui a engrangé le plus d'argent public est Accenture pour 19 prestations et 5,3 millions d'euros. L'intitulé des prestations accomplies détaille notamment des missions d'accompagnement «dans la mise en place du "PASS SANITAIRE"».
Addiction d'Etat
La sur-utilisation de cabinets de conseil par l'Etat pendant le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, révélée par un rapport du Sénat en mars 2022, a été vivement reprochée à l'exécutif. Certains y ont vu une révélation de la perte de savoir-faire de l'Etat que ces commandes révélaient, d'autres ont pointé du doigt la porosité entre ces sociétés et le personnel politique ou encore le fait que ces cabinets sont des sociétés souvent étrangères, ce qui pose un problème de sécurité des données confidentielles.
Mais surtout, c'est le montant faramineux des dépenses de conseil des ministres et des opérateurs publics (plus d'un milliard d'euros en 2021), qui a soulevé un tollé.
Après la publication de ce rapport, le cabinet McKinsey a été visé par une enquête du Parquet national financier pour blanchiment aggravé de fraude fiscale à la suite de révélations du rapport selon lesquelles l'entreprises pratiquerait allègrement depuis 10 ans l'optimisation fiscale en se mettant en situation de déficit pour ne pas payer l'impôt sur les sociétés.